13 mai 2013: L'échec du «ça passe ou ça casse» au Championnat du Monde XC 2012

Les cassés («drops») font partis du vélo de montagne de Descente depuis fort longtemps et sont maintenant une nouvelle réalité dans la discipline du Cross-country.

Voici une photo du Québécois Antoine Caron au Championnat du Monde 2012 qui s'est déroulé en Autriche l'automne dernier.

Est-ce que seuls les hommes téméraires peuvent réussir à passer sur cette roche efficacement? Bien sûr que non. Voici une Femme Junior qui s'exécute sur la drop.

Une lacune technique et/ou un manque de confiance en soi obligera l'athlète à s'arrêter, à débarquer du vélo et à marcher l'obstacle. Malgré les milliers d'heures d'entraînement cardiovasculaires, de musculation et une nutrition appropriée, de précieuses secondes en course seront perdues. Quel gâchis! Cependant, marcher l'obstacle est un comportement que je valorise. Pourquoi? Parce que cette athlète a su respecter ses capacités et elle a optée pour une alternative sécuritaire.

En effet, un cycliste qui est incapable de lever sa roue avant n'aura pas d'autres choix que d'accepter de débarquer du vélo ou de tenter de rouler l'obstacle. Il n'y a rien de pire que de rouler un obstacle «en se serrant les dents» et en se disant que «ça passera ou ça cassera». Simplement se reculer les fesses derrière la selle est une mauvaise habitude, une démonstration évidente d'un manque de technique et surtout, c'est une prise de risque inutile.

Est-ce grave? OUI!!! Regardez attentivement ce qui s'est produit sur le sol au fur et à mesure que les roues des cyclistes ont atterries de l'autre côté de la roche. L'érosion causée par le passage répétée des pneus a déterré une racine.

Le terrain a changé le cassé «descendant à plat» en «descendant à montant». En anglais, on dit «drop down-to-flat» en «drop down-to-up».

Qu'est-ce que ça changera? Le changement de la texture du terrain aura comme effet que la roue avant du cycliste qui roulera la drop restera maintenant coincée devant la racine. Une magnifique catapulte «over the bar» suivra. L'athlète atterrira douloureusement sur la tête ou sur le dos tout en ayant encore les pieds pris dans les pédales automatiques («clips»). Vous croyez que j'exagère? Et bien non et en voici la preuve.

Maintenant, observons le Trialiste qui a le rôle d'être la moto de tête et d'ouvrir le parcours devant les cyclistes. Est-ce qu'il plongera sa roue avant dans le trou en roulant la roche? Bien sûr que non. Il va se cabrer et aller poser sa roue avant le plus loin possible sur une surface appropriée. On appelle ça faire du «wheel placement». C'est lui le «boss»: il ne laisse pas la roche et la texture du sol décider pour lui!!! Cette technique lui permet d'être en contrôle de la situation, d'éviter les chutes et de gagner du temps.

Mais est-ce que ce motocycliste et Antoine sont devenus des pilotes talentueux naturellement? NON. Ils se sont exercés pour acquérir ces techniques et pour augmenter leur confiance! Voici une photo d'Antoine, prise durant l'été, lors d'un entraînement supervisé par VMPRO/Pierre-Luc Benoit (instructeur d'habiletés techniques reconnu FQSC). Avant d'aller réussir des «manual-drop» au Championnat du Monde 2012 à l'automne, Antoine s'est exercé à réaliser des «wheelies» classiques dans un environnement sécuritaire. Ensuite, nous avons pratiqué des techniques de cabrages et de cassés plus avancées.

Le pourquoi de cette chronique?

Vous pourriez penser que cette chronique est dédiée aux athlètes de haut-niveau afin qu'ils pratiquent davantage leurs techniques et/ou qu'ils m'engagent. Pas vraiment. Elle s'adresse surtout aux entraîneurs-cyclistes et aux personnes influentes du vélo de montagne au Québec. L'été dernier, j'ai entendu une «sommité» dire: «Ça ne sert à rien de pratiquer les wheelies. Ça fait 20 ans que je ne suis pas capable d'en faire pis j'ai quand même réussit à gagner plein de médailles!! Je n'ai jamais eu besoin de ça.»

En réalité, cette personne aurait plutôt dû dire: «À mon époque, on pouvait s'en tirer sans techniques appropriées, mais maintenant, les réalités ont changées. Tu ferais bien de te pratiquer à jouer avec les obstacles au lieu de de lutter contre, de perdre ta course et de te blesser

Quelques témoignages:

«La terre va se dérober sous vos pieds. N'ayez crainte et servez-vous de la vitesse pour passer. Indispensable en course, mais également lors des sorties sportives, passer une marche ou une cassure à allure soutenue vous permettra de conserver votre vitesse.» - extrait du livre: «VTT, s'initier et progresser» de Julien Absalon (Double Champion Olympique de vélo de Montagne cross-country et Quadruple Champion du Monde).

«Affronter un cassé est une situation que vous affronterez à chaque fois que vous faites du vélo de montagne.» - extrait du DVD «Skills for Thrills» de Fabien Barel (Deux fois Champion du Monde de descente).

«Si vous maîtrisez déjà bien le wheelie, vous n'avez pas une nouvelle technique à apprendre. Le wheeelie-drop est simplement un autre de ses utilisations.» - extrait du livre: «Mountain biking Tricks and Techniques» de Martyn Ashton's (Champion Mondial de vélo Trial, cycliste professionnel depuis 1993 et membre du «Mountain Biking Hall of Fame»).

En guise de conclusion, la photo de l'exécution d'une drop par une descendeuse.

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