La chronique à PL: Différences et ressemblances XC/DH

Pierre-Luc Benoît est de retour, cette fois-ci avec une intéressante comparaison XC vs DH.

Cette chronique portera donc sur les ressemblances et différences entre les deux disciplines. Voici mes impressions, en tant qu’ex-coureur de cross-country (XC), de ce que j’ai découvert en descente (DH).


LES RESSEMBLANCES :

1- Un excellent coureur XC est généralement un très bon descendeur. La principale révélation que j’ai eue cet été est que, si on est capable de contrôler à sa guise un vélo simple suspension de XC, on est capable d’aller vraiment vite avec un vélo de descente. Un vélo de descente peut utiliser une mauvaise ligne sans conséquence pour le cycliste. Avec un vélo de XC, c’est une chute assurée. J’ai longtemps cru que les descendeurs descendaient en fou n’importe comment, je m’étais vraiment trompé… En fait, la plupart sont plutôt de fins techniciens tout comme les gens de XC. Ainsi, sur la photo, le coureur a le choix de passer à gauche ou à droite de l’arbre.

2- Certains visages me sont familiers ! La plupart des descendeurs ont débuté en XC et se sont dirigés vers le DH par la suite. J’ai donc vu cet été de mes anciens adversaires de XC avec des vélos de DH.

3- La mécanique. Un week-end de descente se compare vraiment à un raid de vélo de montagne. Le soir, il faut refaire une beauté à sa monture pour le lendemain. Dû aux nombreuses descentes d’entraînement à effectuer, les vélos brisent souvent et le samedi soir, après les pratiques, le stationnement se transforme en véritable atelier de mécanique. Étant donné que les vélos de DH utilisent la haute technologie (suspension progressive, freins à disque hydrauliques, etc.), il est impressionnant de voir le nombre d’outils et de pièces de rechange que les descendeurs peuvent apporter avec eux !

4- L’endurance physique. Seul ceux qui ont tenté l’expérience de la descente peuvent comprendre la douleur ressentie dans les avant-bras après une dizaine de descentes. Autant XC qu’en DH, la forme physique joue un rôle très important. Mon surnom au début de l’été a été le «crosseux» étant donné mon expérience en XC et certains coureurs me faisaient part de leur déception de ne pas être capable de supporter comme moi les 5 ou 6 minutes de course des longs parcours pendant une dizaine de descentes de pratique. Se cramponner à son vélo lors des secousses à haute vitesse, porter l’équipement de protection quand il fait 30 degrés, pédaler aussi vite que possible sans arrêt et faire des transferts de poids fréquemment demandent un effort physique à ne pas négliger. Honnêtement, je ne croyais pas que la descente était aussi physique.

5- Les gens sont tout aussi sympathiques. J’ai rencontré des gens passionnés et vraiment gentils. Étant donné qu’il n’y a pas vraiment de clubs de descente, la plupart des coureurs courent indépendants et s’entraident beaucoup puisqu’ils n’ont pas une équipe derrière eux. De plus, compte tenu du nombre restreint de descendeurs, il n’est pas trop difficile de connaître tout le monde… Également, la plupart font du camping puisque la pratique de la descente coûte tellement cher qu’ajouter à cela des frais d’hôtel serait insensé. Une occasion de plus de fraterniser.

LES DIFFÉRENCES :

1- La concentration. Une course de DH nécessite une mémorisation hors pair du parcours. Il est très fréquent que des centièmes de secondes séparent les coureurs. Ainsi, les descendeurs n’ont pas le droit à l’erreur. Lorsqu’on est au portillon de départ, seul face à la piste, c’est vraiment une situation stressante. Quand on fait une course de deux heures en XC, on a le temps de penser à comment gérer sa course et ses énergies par exemple. En descente, nous n’avons que 3 ou 4 minutes pour réaliser notre course. Nous devons donc nous concentrer au maximum et il n’y a que la piste dans notre tête.

2- Le culte du beau vélo et du bazou ! Lorsqu’on porte attention à la valeur des vélos de DH, on s’aperçoit que ça oscille entre 3 000 et 12 000$. La majorité des coureurs possèdent une monture de 7 000 à 8 000$. Sachant que les descendeurs sont surtout des jeunes hommes, ils doivent donc faire des sacrifices et ça se voit dans le stationnement. Le dimanche après-midi, lorsque les coureurs doivent quitter le lieu de la compétition, il est fréquent qu’ils s’attendent afin de s’assurer que toutes les voitures démarrent…

3- Les paysages à couper le souffle. En prenant le remonte-pente, les descendeurs ont la chance de se rendre jusqu’au sommet de la montagne et de voir des paysages à couper le souffle. De plus, en prenant le télésiège à deux coureurs, cela devient un moment qui permet de se connaître et de parler du parcours.

4- Le courage et la confiance en soi. Je dois vous avouer que faire de la descente nécessite une confiance en ses capacités et un courage hors pair. Même si les descendeurs ont un vélo de 7 à 10 pouces de suspension, des freins à disque de 8 pouces, des pneus de 2,2 à 3 pouces, il en demeure tout de même que c’est le coureur qui doit diriger son vélo dans une descente verticale ou le propulser dans les airs… À fur et à mesure que l’on acquière de la confiance, on essaie des lignes ou des sauts toujours un peu plus dangereux. C’est comme ça que l’on s’améliore. C’est incroyable la part que le mental a dans une course… Ça permet au coureur de lâcher les freins, de pédaler et de foncer dans ces roches mouillées comme le témoigne cette photo lors de la Coupe du Québec de Hull.

5- Les «after-race» party. Après la course, certains coureurs se réunissent pour essayer d’effectuer les manœuvres d’agilité les plus incroyables que l’on puisse imaginer. Voici un exemple après la course au Centre d’Aventures Le Relais.

Ma prochaine chronique portera sur quelques trucs et astuces afin de bien débuter en descente. Je ne dévoilerai pas le «punch» aujourd’hui, mais j’ai reçu un appel téléphonique chez moi, il y a quelques semaines, d’un coureur de XC de Québec bien connu pour me demander comment s’équiper et quel vélo de DH s’acheter puisqu’il allait joindre les camps des descendeurs…. Deviner qui !! Ce sera la devinette de la semaine.
D’ici là, si vous êtes parents et que vous vous demandez si votre enfant risque un jour de pratiquer la descente, dites-vous bien que s’il s’amuse déjà à 8-9 ans en BMX comme moi à cet âge, il y a de très fortes chances que oui…