Un brin de causette avec Charles Dionne

Vendredi dernier, Charles Dionne essayait de reprendre l’entraînement au Club Entrain, à Sainte-Foy. Je dis « essayait » parce qu’il passait le plus clair de son temps à répondre aux gens qui prenaient des nouvelles ou le félicitaient ou l’encourageaient.

Deux semaines après sa violente chute au Tour de Langkawi, sa main gauche va bien mais sa jambe ne guérit pas tout à fait aussi vite que prévu. Un bout de la plaie n’est pas encore ressoudé. Cela ne l’a pas empêché de donner ses premiers tours de pédale la veille, 15 minutes.

Il est vraiment pressé de revenir au jeu. La seule chose qu’il a demandée à son directeur sportif suite à son accident, c’est de ne pas le retrancher sur aucune course. Le 14 février, il se donnait deux semaines pour se remettre en forme à Québec, suite à quoi il prévoit retrouver son équipe, pour faire son retour en course le 15 mars. À voir ses blessures, je trouve ça vraiment hâtif. Mais Charles est impatient de reprendre le temps perdu. Son objectif étant toujours de se faire remarquer par une équipe européenne, il était vraiment frustré de cette chute, survenue au moment où il allait marquer un autre bon coup. En effet, il avait cette étape dans sa poche au moment du sprint, s’il ne s’était pas fait tasser sur la barrière. Cette victoire d’étape eut été bien importante pour lui, mais au lieu de cela, tout est à recommencer.

Charles explique que cette course a donné lieu à des coups de salaud comme il n’en avait jamais vu. Poussage, coups de coude, coups de casque… de nombreux gestes qui normalement auraient mérité des sanctions passaient inaperçus. Méchant sport de fou, le vélo de route! Le sprint lui-même fut un autre exemple. Charles s’est fait tasser le long d’une barrière recouverte de plastique. Sa jambe gauche a frotté, frotté, jusqu’à ce que la peau atteigne sa limite et déchire. Un énorme lambeau de peau s’est détaché. « Toi qui aimes les détails croustillants, tu peux écrire qu’en me relevant suite à la chute, je soulevais la tranche de peau pis on voyait tout le muscle. J’ai refermé ça au plus vite. Plus tard, à l’hôpital, ils l’ont soulevé de nouveau pour gratter la-dedans pour désinfecter! Ayoyye, mon homme!! » « pis imagine les 40 heures d’avion pour revenir… »

Charles s’estime chanceux d’avoir été épargné par les blessures l’an passé et espère que ce sera tout pour cette année. Il dit qu’il sortira de cette épreuve encore plus fort mentalement. Il sait que sa saison ne se déroulera pas comme prévu, mais demeure confiant et très déterminé. « on en reparlera à la fin de la saison, mais crois-moi, je vais revenir fort… regarde-moi bien aller! »

Je lui souhaite de guérir au plus vite et de nous épater cette année comme il l’a fait l’an passé. Et d’épater une grosse équipe européenne afin de réaliser son rêve : faire le Tour de France.