Le canot à glace, « Peril on the ice »

Cette superbe photographie nous a été envoyée par Joanne Johnston, qui l’a remarquée dans le Quebec Chronicle-Telegraph » (petit journal local anglophone de la ville de Québec). On y stipule que le canot à glace est un sport excitant mais dangereux. Y’en a tu qui doutaient encore de tsa? La course en canot est un sport bien plus dangereux que le vélo de montagne. Ça n’empêche pas les canotiers de recruter leur matière première (bras et jambes) dans les rangs des cyclistes. Quels cyclistes ne connaissent pas un ou des amis qui pratiquent ce sport de fous?

J’ai personnellement l’honneur de connaître l’équipage de l’esquif portant les couleurs d’un commanditaire commun, Bagel Tradition’L. Mario, Guillaume, Benoît, Boubou, Phil sont tous des montagniers convertis au canotage de plaisance hivernal. Il ya deux ans, j’ai pu expérimenter comme invité cette traversée du fleuve sur le SS Bagel, et c’est un souvenir inoubliable.

Quelque temps avant la parution de cette superbe photo, j’interrogeais l’ineffable Benoît Simard, fier porte-couleur de l’équipe Bagel Tradition’L / Azul sur les péripéties de la course du Carnaval. Cette année, la course fut très serrée et il faut retenir que les bagelistes terminent au sein du deuxième peloton, à seulement cinq minutes des gagnants.

Gilles:Benoît, pour meubler tes derniers moments de travail chez Louis Garneau, en attendant ta promotion comme Product Manager chez Cycles Lambert, peux-tu nous parler de votre course?

Benito: Bon, une autre chronique que tu vas faire écrire?

Y’a pas grand chose à ajouter sur notre prestation 2003 au carnaval de québec.

Pour débuter, nous avons eu nos pires qualifications en trois ans, et ce, malgré le fait que nous ayons soustrait 60 livres du canot en enlevant les bancs, les tollets et tout le reste! En fait, une règle stipule que les canots dans la catégorie hommes se doivent de peser un minimum de 265 livres, le notre est à 330. Malgré cela, nous avons toujours su nous démarquer en qualif en terminant allègrement parmis les trois première équipes. à Baie St Paul nous avions d’ailleurs terminé à 1 seconde de l’équipe Chateau frontenac «A». Le week end commençait donc sur une fausse note, n’ayant réussi qu’à terminer 5 ième sur les plaines.

Le résultat de la course du dimanche n’est pas si exécrable : Chateau «A» termine la course en 44 minutes quelque chose, et nous en 48 quelques… nous sommes 6 ou 7 ième, et les 2ième «AZUL» ont un temps de 46 minutes environ (malgré le fait qu’ils partaient dernier sur la ligne de départ). Donc, la course fut dans l’ensemble très serrée, 5 équipes étant arrivée en 2 minutes : c’est du jamais vu au carnnaval (je pense…je sais pas en fait, je me suis fait dire que, en tout cas).

Gilles: Mais qui a dit que ce résultat était exécrable???

Benito: mettons qu’on était pas content de la position, et malgré notre position exécrable, notre course ne l’était pas tant….euh… je veux dire la veille, notre résultat était exécrable, pas de podium pour des qualifications, pour moi c’est exécrable. Donc la course en tant que telle, n’était pas si exécrable..bon… mettons genre que je voulais exprimer ma déception et que je signifiais que notre position n’était pas représentative du résultat final…bon…j’espère que j’ai été clair!

Gilles: En effet, voilà qui clarifie tout.

Benito: Anyway, y faisait beau, y’avais du monde pis c’était une belle balade.

Gilles: Que s’est-il passé avec la touche à Lévis, où Guillaume s’est retrouvé sous le canot?

Benito: …je dois avouer que la passe à Guipinch est un événement de ma vie qui est très nébuleux dans mémoire pas très vive…

Guipinch est un cowboy dans l’âme, j’imagine qu’il a voulu faire du rodéo, mais comme il ne pouvait pas s’assoire sur le canot sans que ça parraisse trop, (les autres gars auraient été choqués), je crois qu’il à choisit de s’assoire sous le canot! mal lui en pris : c’était plein de glace en dessous! il a été quitte pour quelque ecchymoses de plus… hop!

Quand on arrive à Lévis, on tourne le canot à l’avance sur les glaces afin de repartir plus vite, c’est comme ça. En pivotant le canot, il est tombé et le canot lui est passé sur le corps.

Là, la joke, c’est qu’on est en train de manquer la touche à Lévis : la pagaie de Louis est trop courte et il n’arrive pas à la toucher d’où il est. Je me rend compte de ça, et je saute dans le canot pour prendre ma rame, qui est pas mal plus longue, et tenter la touche. Le pauvre Pinch est encore sous le bateau et moi j’ai tout mon poids en dedans et j’essaie de sortir ma rame! apparemment, Gui me frappait dessus à grand coup de poings pour que je me tasse de là, mais ça je ne m’en suis jamais aperçu. Je l’ai su juste quand Pinch est venu s’excuser de m’avoir frappé, après la course!

Je dirais que Guillaume a dû passer au moins un vintaine de secondes coincé sous le bateau. peut être un peu moins, mais 300 livres sur le corps pendant plus qu’une seconde, c’est long!!!

La même chose m’était arrivée l’an passé à l’ile d’Orléan, sauf que moi, j’étais tombé dans une crevasse: ça fait que j’avais de l’eau jusqu’à la taille, pis le bateau était par dessus moi comme un couvert sur un pot de biscuit…sauf que j’aurais préféré être un biscuit à ce moment là…

Gilles: Avec la vague de froid que nous avons connue, les glaces étaient-elles différentes des autres années?

Benito: Étrangement, les glaces n’étaient pas telle que l’on aurait pu s’attendre suite à une période de grand froid. les conditions des dernières semaine étaient de loin beaucoup plus difficile et les glaces y étaient pas mal plus hautes. Non, je n’ai pas eu l’impression que les glaces étaient différentes. La seule chose que l’on peu réaliser est que les glaces sont plus dure en surface et que l’on doit avoir les crampons bien aiguisés…

Gilles: Revenons à la touche à Lévis. Vous étiez tout excités comme ça parce que plusieurs canots dans un gros tapon?

Benito: Je pense que les spectateurs ont eu droit à un bon show! Je te raconte en détails … Faut se remettre dans le contexte que pendant notre trajet quai de la reine (traverse de québec) vers la touche de Lévis, nous avons rattrapé avec style l’équipe Desgagnés sur les glaces. Pang bing bang! en plein milieu du fleuve et à vive allure, nos route se croisent. On frappe un peu les canots, et les deux équipes continuent leur route vers la touche! On se pointe légèrement avant leur bateau Bleu et Jaune, et quelle n’est pas notre surprise de voir l’équipe Chateau «B», toujours à Lévis, tentant de toucher la cible qui leur permettra de reprendre la route pour le Bassin Louise!

Là, c’est l’épisode «Guillaume fait une ballade sous le bateau» qui se déroule…

Petite vue d’ensemble rapide, Le Chateau «B» bataille pour faire la touche qu’ils ont manquée quelques minutes plus tôt, Bagel Tradition’L retourne son bateau avec leur collègue qui fait la crèpe en dessous, Desgagnés qui se bagare maintenant avec le barreur du Chateau «B» qui sacre comme un curé après les équipes qui lui bloquent l’accès à la touche. Rajoutez à cela que les équipes parties quelques minutes plus tard dans la catégorie «participation» se pointent à leur tour à la touche… O-A!!! Dans toute cette panique générale, je pouffe de rire réalisant l’absurde de cette situation et je croise le regard de Gilbert du Groupe Desgagnés qui semble réaliser lui aussi à quel point les spectateurs doivent se régaler!

Toute cette foire dure environs deux minutes et nous réussissons enfin à partir les premiers du groupe. La suite de l’histoire ne nous donnant malheureusement pas la même position à l’arrivée….

Gilles: Anyway, Benito, c’est pas le résultat qui compte, c’est le show que vous avez donné. Bravo à tous les audacieux canotiers (et canotières) qui ont participé à cette course. Vous perpétuez une tradition séculaire tout en repoussant les limites de la technologie et de la performance sportive. Vous méritez tout notre respect!