Vélo-Tir, le Gendron Report

2004 restera une année charnière dans les annales du sport. Elle marque la naissance d’un nouveau sport, le Vélo-Tir ou Biathlon d’été. Une première mondiale, rien de moins.

L’idée a jailli un jour dans le cerveau de Pierre Gendron et elle s’est concrétisée avec des démarches auprès de l’Unité Régionale de Loisirs et Sports et du Club Courcelette. Les premiers ont fourni la subvention permettant d’acheter des fusils et les deuxièmes ont fourni l’expertise, le terrain de jeu et les bénévoles et gardé les fusils. Canon a commandité le tout. Tout le monde est content. Pierre le premier. Je me doute qu’il aurait aimé voir les participants en plus grand nombre, mais le calendrier est assez bien rempli et les habitudes dures à changer. Si l’activité se répète l’an prochain, je suis sûr qu’on aura plus d’adeptes.

Pierre nous a pondu un texte sur le sujet:


«Pousse tire pousse tire pousse tire pousse tire pousse tire pousse tire pousse tire pousse tire pousse tire» (Anonyme)

Myriam Bédard a déjà eu une carrière sportive (pour les plus jeunes, cette dame nous a électrisé avec ses deux médailles d’or olympiques en biathlon , avec son beau costume de la GRC sur le podium et les paroles de la chanson de Calixa Lavallée qui s’envolaient en fumée de sa bouche—un présage pour les temps futurs?) donc une carrière digne de respect avant de faire de la politique et de se tromper de fart devant une commission parlementaire. La région de Québec préfère se souvenir de la première occurrence que de la deuxième.

Marie-Hélène Prémont , médaillée d’argent à Athènes, n’est pas que beau sourire et yeux rieurs. Elle a une force de caractère inouïe (c’est une scorpion) et des aptitudes au dessus de la moyenne. Elle a tenu une bonne partie de la région de Québec éveillée (décalage horaire oblige) et de même qu’une bonne partie de Château Richer (party oblige).

Il ne faudrait pas non plus passer sous silence le résident de Québec d’adoption Éric Tourville, deux fois champion du Canada en vélo de montagne tout en étant étudiant à plein temps en médecine.

Que dire de l’actuelle équipe de biathlon de la cohorte 2010 (les frères Leboeuf, M.A. Bédard, Maxime Poulin et J.F. Leguellec) qui rafle tout sur son passage et qui, pour ce faire, chaque jour, s’entraîne au centre national ici à Québec.

Excusez cette trop longue intro, mais quand la région de Québec ne fait, ces temps ci, les manchettes nationales que parce qu’elle écoute un radio-épandeur ou qu’elle sort dans la rue pour réclamer son droit à sa ration matinale de pipi-caca, on se sent obligé de rectifier le tir.

Parlant de tir, c’est le but de cet article: faire connaître cette nouveauté sportive: le biathlon estival ou le vélo/tir.

Cet été, grâce à l’appui de l’URLS Québec et de la compagnie Canon (monsieur Charest aimerait cette initiative PPP) l’Association régionale de vélo de montagne, le club de biathlon Courcelette et l’ACBQ ont mis sur pied une série de trois courses amicales offertes aux athlètes de 10 ans et plus.

Pourquoi ce mariage sportif?

Parce que le biathlon et le vélo de montagne ont du succès dans la région de Québec et ont produit les athlètes de calibre ci-haut mentionnés. Les boisés tout près du centre-ville ne sont évidemment pas étrangers à cette vocation; de là à dire que Québec est une petite ville il n’y a qu’un coup de pédale à faire et je ne le ferai pas.

Caractéristiques du sport:

  1. Un parcours forestier, adapté aux âges des athlètes, répété trois ou quatre fois, à la manière d’un critérium.
  2. Après chaque circuit, l’athlète arrive sur le «pas de tir», y prend la carabine à air comprimé qui s’y trouve et tire sur 5 cibles placées à 10 mètres
  3. Pour chaque cible manquée c’est une boucle de pénalité de 250 mètres à réaliser avant de repartir pour le circuit
  4. Le tout est chronométré et c’est le premier qui arrive qui gagne

C’est tout simple.

En images:

Mais dans la vraie vie ce n’est pas si simple:

  1. Tirer sur une si petite cible avec des pulsations en «overdrive», ça fait bouger la carabine et rapetisser encore plus la cible.
  2. Le petit plomb-parachute à placer dans la culasse , alors qu’il contribuait volontiers à son insertion lors des pratiques de tir, décide soudainement qu’il ne veut plus y aller dans cette foutue culasse et même que quelques fois il décide de se jeter sur le tapis gaufré sur lequel le cycliste se couche pour tirer. Un petit plomb dans un trou de tapis risque de faire sauter ceux du tireur.
  3. Il y a aussi toute la dimension mathématique moderne. Vous qui avez fait des critériums savez comment on se sent quand on ne sait plus s’il nous RESTE 4 tours à faire ou si nous SOMMES dans le quatrième tour. En vélo/tir, le problème se complique. Illustrons. Après mon deuxième passage au «pas de tir» j’ai raté 2 cibles. Je dois donc faire 2 boucles de pénalité et ensuite aller faire mon troisième circuit forestier ou est-ce l’inverse. Oui je sais, assis à lire dans VéloMag cet énoncé dans une salle d’attente d’un médecin ou dans votre salon avec un bon café, ça ne semble pas trop compliqué mais quand on roule «gros gaz» dans le bois, les synapses manquent de courant . Euclide, Pythagore et Gauss ne feraient pas mieux.
  4. Mais il y a plus: la boucle de pénalité, qui se fait tout près du «pas de tir», donc à la vue des spectateurs, a un côté peut-être pas humiliant mais qui conduit à l’humilité. En effet, en plus d’avoir mal tiré devant une bonne foule qui vous regarde, il faut faire le petit poney en virant en rond devant ces mêmes spectateurs dans une boucle de 250 mètres.

Une épreuve se déroule typiquement de cette façon:

  • inscription
  • période de tirs de pratique
  • reconnaissance du terrain et échauffement
  • directives aux athlètes et course
  • remises des médailles

En guise de conclusion:

Un sport qui, après des recherches intensives, n’a jamais été pratiqué tel quel dans le monde, est donc né dans la région de Québec (quel chauvinisme!)

Une épreuve sportive structurée qui, pour les gens pressés et celles et ceux qui n’ont pas une banque inépuisable de «air lousses», se fait en une demi-journée. Pur bonheur pour les «week-end warriors»

Un sport pour lequel l’absence de force physique nécessaire (pour ce qui est du tir) gomme les différences entre sexe et âge, ce qui est très apprécié chez les plus jeunes où le développement physique ne se fait pas au même rythme pour tous dans une même catégorie.

Un sport qui, parce qu’il se fait avec une arme (si inoffensive soit-elle), force à une certaine discipline, ce qui n’est pas à dédaigner.

Tout porte à croire que l’expérience va se répéter… Il y avait des gens de la fédé présents à la dernière épreuve.