Lance et la rancune

On parle pas souvent de route ici, mais là, ça en vaut la peine…

Même retraité, Lance Armstong continue d’attirer l’attention. L’UCI vient d’ordonner une enquête sur l’histoire des échantillons testés par le Journal l’Équipe, qui a fait scandale en août. Selon la rumeur, la fuite aurait été provoquée par Dick Pound lui-même. Tout cela fait que Lance est pas content et se débat pour sauvegarder son image. Selon les avocats de Gilberto Simeoni, il aurait tenté en quelque sorte d’acheter le silence de celui-ci face aux pratiques du Dr Ferreri, en proposant une entente hors-cours, mais anyway, je ne vous apprends rien et c’est pas là que je veux en venir.

Je me demandais ce qui arriverait si Lance décidait comme Éric Tourville de pousser de la fonte comme hobby après sa carrière. Éric est rendu piesté comme une pièce d’homme, imaginez Lance.

Non, sans blague, je veux vous parler de Paris-Tours, qui se tenait la semaine dernière. Lance n’y était pas, mais… un parfum de malaise régnait à l’arrivée. En effet, la course s’est terminée par un sprint de masse, alors qu’elle aurait dû se décider entre deux échappés qui se sont fait rattraper in extremis. Le belge Philippe Gilbert, qui court pour la Française des Jeux, roulait avec Stijn Devolder de la Discovery Channel. Dans le final, celui-ci a soudainement refusé complètement de collaborer, soulevant la colère de Gilbert. Celui-ci l’a gratifié d’un magnifique bras d’honneur à l’arrivée et a déclaré très sérieusement qu’il se demandait si Devolder avait obéi à des consignes venues d’en haut chez Discovery Channel. On dit que Gilbert incarne une nouvelle génération sans complexe, qui entend bien se démarquer du passé cycliste trop associé au dopage, décidée à crever l’abcès, briser la loi du silence, etc.

Gilbert a déclaré sans se gêner : « S’il suivait la course, comme il en a l’habitude, Armstrong est bien capable d’avoir téléphoné à Demol pour lui dire d’interdire à Stijn de passer dans la finale. » Un peu fort, vous pensez pas? Hmm…N’oubliez pas que Lance est capable d’être méchant, très méchant. Simeoni y a goûté par le passé, tout comme Floyd Landis, Ludovic Turpin, qui l’avait fait tomber dans une descente, Patrice Halgand, qui s’était échappé suite à une chute du «Boss»… bref, faut pas l’écoeurer, Lance, sinon y se fâche. Il aurait dit à Simeoni, la fois où celui-ci a osé partir en échappée dans le Tour de France: « Je te détruirai, j’ai cent fois plus d’argent que toi, tu ne pourras pas te défendre judiciairement ». Il faut savoir aussi que Gilbert, lors de la dernière étape du TDF, a osé s’échapper sous la pluie, provoquant la chute de deux équipiers de la Disco machine. Assez pour tomber dans les mauvaises grâces de Lance. Pour le mettre en boîte, dis-je.

Tout ce préambule pour en venir à vous présenter ce texte que j’ai repiqué sur la toile, signé d’un dénommé Guido Speier, qui est devenu mon idole sur le champ. Prenez deux minutes, c’est du bonbon…

Il est 7h45 du matin à Hollywood. Dehors il pleut des cordes. Jean-René, le caniche de Sheryl Crow, lui mordille gaiement le bas de son pyjama. Lance Armstrong lui envoie un grand coup de pied dans les miches, faisant voler Jean-René à l’autre bout de la pièce. Puis il s’installe devant la télé, zappe sans conviction. Il tombe sur Paris-Tours, et voit que Devolder de la Discovery est dans la bonne échappée. Il zappe à nouveau. Franchement il s’en bat les c….

Sheryl entre dans la pièce : « Ca va mon Lançounet d’amour? Tu sais, il faut que je passe les trois prochaines heures dans la salle de bains pour mon ravalement de façade quotidien, alors est-ce que tu peux t’habiller et sortir Jean René pour son petit besoin du matin? »

Lance n’est pas emballé par l’idée, c’est le moins qu’on puisse dire. Il cherche une parade, et se rappelle de Paris-Tours…

  • Sheryl, je peux pas y aller. Un de mes boys est devant dans Paris-Tours, faut que je suive ça…
  • Oh come on Lance… Kes-t’en a à foutre de cette coursette de frogs ?
  • Tu sais quand j’étais coureur, je ne la ratais jamais.
  • Hein ? Mais Lance, en octobre tu avais arrêté ta saison depuis longtemps…
  • Oui, mais tu comprends, avant Paris Tours se courait en juin
  • Eh dis-donc, les grenouilles elles surnomment pas ça »le grand prix d’automne » ?
  • Euh… tu n’as pas tort, Sheryl, mais en même temps à l’époque où j’étais pro, Paris-Tours se courait dans l’hémisphère sud, donc les saisons étaient inversées.
  • Aaah. OK, OK.
  • Dis-donc Sheryl, je crois que c’est le jour de ta cure de Botox, nan ?
  • C’est vrai. Oh la la, Lance, si tu savais comme j’en ai marre de prendre tous ces produits de toute ces piqûres…
  • Et c’est à moi que tu dis ça… N’oublie pas d’essayer aussi le baume raffermissant pour les hanches que Ferrari a apporté la dernière fois qu’il est passé à la maison. Bon, je regarde la fin de Paris-Tours et je te rejoins sur le chantier.
  • Eh bien alors, tu n’as qu’à sortir Jean-René à la fin de Paris-Tours…

Lance remet le direct de la course, contrarié, et là alors il voit que Philippe Gilbert est devant avec Devolder. Rognudediou, il va se le faire çui-là. Il appelle Devolder. Quand celui-ci entend la voix d’Armstrong dans son oreillette, il croit d’abord à un nouveau canular de l’imitateur Gerald Dahan : »Allo, Stijn ? C’est Lance Armstrong à l’appareil.

  • Hein ? Écoute, connard, je sais pas qui tu es mais c’est pas le moment de me les briser, j’arrive pour la gagne dans une classique du Pro-Tour.
  • Je te dis que c’est Lance…
  • Putain c’est pas vrai, j’aurais dû me mettre sur la messagerie… Écoute moi bien, troudballe, Lance Armstrong, je l’ai vu 36 heures dans ma vie en tout et pour tout dont 7 heures au Tour des Flandres et y m’a jamais adressé la parole…
  • Devolder, j’ai beaucoup d’argent, de bons avocats, je vais te détruire…

À ces mots, Stijn tréssaille. C’est bien LUI qui parle dans l’oreillette. »Kesk, keske ke voum voulez, bo…bosss… » il bégaie.

  • Relax kid, Lançounet répond. J’en ai pas après toi. Simplement tu sais qu’au dernier Tour de France, ce Gilbert a osé tenté de s’échapper provoquant la chute de deux membres de notre équipe sous la pluie…
  • Oui boss, je m’en souviens. J’étais furax devant ma télé…
  • Ouais… et à cause de ce blaireau, on a dû changer la guidoline à deux de nos vélos…
  • Aaah, l’empaffé…
  • Écoute Devolder, je ne veux plus que tu roules avec la grenouille de Madiot…
  • Euh Boss…il est pas français il est belge comme moi, je risque de me faire pourrir par la presse de mon pays…
  • Rien à foutre. D’abord c’est un belge francophone, une grenouille qui mange des frites… D’ailleurs tu connais la chanson »wallon zenfants de la patrie… »
  • Vraiment Boss ?
  • Vraiment. Pense à tout le travail que j’ai fait pour toi au dernier Tour des Flandres
  • Je m’en souviens pas.
  • Pense mieux. Ou alors le prochain Ronde, tu le regarderas à la télé, et si t’as pas d’bol tu devras garder le clebs de ta femme ensuite. Salut. Click.

Devolder, n’écoutant que sa raison, a cédé. Gilbert n’a pas gagné. Lançounet a sorti Jean-René, le caniche de Sheryl. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour la Discovery Channel. »

Guido Speier