Mireille et la Ruta, Jour 2

Voici la suite des aventures de Mireille au Costa Rica.


Encore ce matin, je me lève à 4h00am, je déjeune avec des toasts dorées que j’ai commandées la veille à la chambre… Sinon les déjeuners commencent à 6h00. La navette qui nous mène en banlieue de San Jose pour le départ est à la porte de l’hôtel vers 5h30. On est environ 30 coureurs qui doivent embarquer dans un mini-bus de 10 passagers…avec notre sac…et les odeurs de la veille…pffff! Finalement on devra attendre un second bus pour réussir a se corder.

Arrivée au départ, je m’empresse de retrouver mon vélo que j’avais confié au gars du service de mécanique, il ne parlait pas un mot d’anglais, seulement espagnol et j’ai dû lui mimer mes troubles mécaniques… hisshhh, pas facile! Heureusement je le retrouve propre et fonctionnel. GRACIAS! Le départ qui doit avoir lieu à 6h30 a finalement lieu à 7h00.

Aujourd’hui, je me sens confiante, après avoir survécu aux 15000 pieds d’ascension, 115km et 10h10 de vélo de la veille, j’envisage cette journée de 78km avec bonheur. Erreur! J’oubliais que c’était tout de même 9000 pieds d’ascension sur peu de kilomètres, donc des pentes très très abruptes.

Je débute ma journée assez forte, les 30 premiers kilos se déroulent comme suit: On roule environ 5km en ville et immédiatement après, ça commence à monter…très à pic. Je force pas trop et je reste sur ma p’tite gear…. Rendu en haut de cette première section on redescend pour remonter ou plutot grimper à l’aide de nos mains, au travers des vaches grimpeuses (comment elles ont fait, elles, pour se retrouver là?) avec le vélo sur le dos, une section impraticable à vélo, étant donné les trous…on dirait un champ de mines, dans une côte de type ti-oui.

Les routes qu’on emprunte sont sommes toutes très variées, allant de sentier rocailleux, sablonneux, vaseux, vieille asphalte et roches lousses.

Mais de tout, le plus terrible reste les paysages qu’on peut admirer en tout temps. Le moment le plus difficile du Raid est celui qui va me mener au PC-2 à 3000 mètres d’altitude. La distance à parcourir est de 12km. J’ai commençé à me sentir sans force et j’avais peine à avancer à 4km/h.

J’avais mal au coeur, des étourdissements, etc… Après la course j’ai supposé que c`était peut-être l’altitude ?

Je m’encouragais en voyant certains coureurs marcher quelques centaines de mètres avant de rembarquer sur leur vélo. Moi je voulais pas arrêter, de peur de ne pas avoir la force de repartir. C’est aussi dans cette pénible heure que j’ai fait la connaissance de Jim. (Ça fait du bien de se changer les idés…sinon on devient trop focussée sur nos tits malaises…) Donc, Jim est originaire d’Edmonton, il a fait le TransRockies 2 fois, il adore les descentes, il a 44 ans et il trouve la Ruta vraiment TUFF avec ses interminables montées…Et Hop j’arrive au PC-2 (le plus haut point de la journée). J’engloutis tout ce que je trouve de pas sucré sur la table de ravito (je commence à faire un écoeurantite du stock sucré…)

Il fait un peu plus froid, donc j’enfile mes rallonges et ma veste et je suis repartie pour un downhill de 10km… Vivent les gros pneus de 2.10 avec une tite fille de 125 lbs… Ça fait pas beaucoup de pinch flat (seulement des pinch ploune…) Non mais sans blague, c’est le festival de la crevaison ! Moi je descends en me faisant sécher les dents (après avoir souffert pendant 2h dans la montée)…

Une dernière remontée dans la campagne (très reculée et inaccessible en 4×4, seulement en cheval ?…) À l’occasion je lance aux enfants du coin les barres énergétiques qu’on nous remet généreusement au ravito. Ça semble vraiment leur faire plaisir.

Ici, le paysage est irréel… La route est en terre rouge, la mousse est partout sur les arbres et tout est vert, vert…Wow, je trippe!

Une fois arrivés au PC-3, le dernier de la journée, je sais que ça va descendre pendant 12km. Je pars de 2700 mètres et je descends à 900 mètres! Vivent les freins à disques et le truc du freinage avec le majeur, sinon je suis certaine que mes index auraient flanchés. Si je laissais les freins 3 secondes, je prenais 20km/h…je trouvais que 60km/h dans la roche lousse c’était un peu freakant. 40km/h était ma vitesse de croisière, avec des virages à 90 voire 45° à tous les 500 mètres… J’ai finalement traversé l’arrivée en 6h49, 8ième femme, en 169ième position overall.

Le village d’Aquiares où nous sommes arrivées est vraiment au milieu de nulle part… Pour réussir à héberger tous les coureurs, ils ont dû nous disperser un peu partout. Après vérification, je suis logée à l’hotel Turrialba Lodge qui se trouve à être en fait le Volcan Turrialba Lodge… Nous nous sommes arrêtées au moins 5 fois pour demander le chemin pour s’y rendre, jamais tout à fait sûres d’être dans la bonne direction… Imaginez, après près de 7h de vélo, la fatigue, la faim, la pluie qui tombe, le brouillard qui s’en mêle, on s’éloigne de plus en plus du lieu du départ de la 3e journée, on monte de plus en plus et pour couronner le tout, on est même pas certaines de l’endroit où nous allons!! Après s’être informé une Xème fois, nous empruntons une dernière montée de 12km où la route devient tellement impratiquable qu’on se dit prêtes à crucifier quelqu’un si jamais on nous dit en arrivant en haut que non, il n’y a pas de réservation à mon nom (le lendemain matin, la consultation du guide Lonely Planet nous apprendra que cet hôtel n’est accessible qu’en 4×4… Pour l’avoir fait, c’est le moins que l’on puisse dire!!)… Le paysage semble totalement irréel,comme le fait qu’il puisse y avoir un maudit hôtel au bout de cette route! Et finalement, oh miracle, voilà que des bâtiments ressemblant à un genre de complexe hotelier de haute montagne se profilent à l’horizon…..nous y voilà , j’envoie mon équipe technique valider la réservation, croisant tout ce qui est possible pour qu’on nous ait bien envoyé à la bonne place…..Et oui, nous voilà pour la nuit dans une coquette petite chambre style « Heidi dans la montagne »… Comble du désespoir après une pareille journée, il faudra attendre 19h pour manger!!… Plusieurs autres cyclistes sales, fatigués et affamés et très abasourdis de se retrouver là après cette route inimaginable, apparaîtront au long de la soirée… Le paysage s’offrant à nous le lendemain matin nous fera dire que tout cela aura quand même valu la peine!!!