En France avec Pierre Gendron, partie 1 : Youppi

Pierre Gendron nous raconte ses voyages en France, en quatre parties. Voici la première.


Les pages du site de l’Asso sont pleines de récits d’aventures cyclistes vécues aux 4 coins du monde: Patagonie, Costa Rica, Afrique, Asie, Olympiades, St-Émile. En ces temps de fin de saison de sports d’hiver divers, je vous propose, non pas de grandes aventures mais des atmosphères de voyage à vélo. Rien d’excitant, juste du « bon temps », de la joie de vivre.

Youppi on va pédaler en France (1)

«Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 365 variétés de fromage ?» (Charles de Gaulle)

Le Français est réputé pour être individualiste; c’est ce à quoi il faut attribuer le fait que la France soit truffée de petits villages farouchement indépendants. On le sait, César n’a jamais réussi à fusionner Petitbonum, Babaorum, Laudanum et Aquarium.

Et le vélo dans tout ça?

Comme il faut permettre à ces villages de communiquer entre eux et comme il y en a tellement et qu’ils sont souvent petits, le réseau de routes secondaires est très dense et …peu achalandé en France. Il y a plein de petites routes où on peut rouler des quarts d’heure sans entendre le bruit d’un piston, ni humer des effluves de gasoil (comme ils disent). Et souvent le pavage est comme une table de billard. Ici, au Québec il convient mieux de dire: table de pool (à cause des 6 trous par mètre carré).

Ma compagne et moi avons donc décidé de réaliser un rêve et d’aller pédaler la «sphate» française . Face à notre enthousiasme, des amis , mon petit-fils et ma fille ont manifesté le désir d’en être et finalement une petite tribu s’est formée.

Passeports (il ne faut plus sourire et enlever ses lunettes sur la photo-c’est une mauvaise indication pour le douanier français qui va faire la comparaison entre la photo d’un air-bête myope avec le visage souriant lunetté du vacancier devant lui ); recherches pour savoir s’il est mieux de transporter son vélo avec soi ou louer là bas (nous avons transporté 2 vélos-gratuit Air Transat–et loué 2 autres pour les randonnées dites de grand-groupe-lire ici : avec les filles!); locations de maisons situées à des endroits où vélo et culture s’offrent à nous (en France c’est partout!) (nous avons opté pour des maisons dans des vignobles-ça fait tout proche pour les provisions essentielles et c’est loin de la grande ville.)

Un voyage d’avion sans histoires dont le seul bémol est causé par l’absence totale de place pour mettre nos jambes, il faut constamment chercher à les placer quelque part. Mais à tout malheur il y a un bon côté: il n’y a aucun danger qu’une thrombose ne s’installe dans nos jambes à cause de leur inactivité prolongée… peut-être qu’en première classe ils ont ce danger mais pas en classe économique – la nature a de ces manières de corriger une certaine forme d’injustice!!

Les modalités de douanes, de location d’autos derrière nous, c’est l’autoroute (où ça ne roule pas en bas de 120km/h, bravo!) vers notre destination. Avant l’arrivée à notre maison, pour ne pas causer de choc culturel trop brutal, il y a arrêt obligatoire chez Mc Do. Le choc culinaire n’est pas brutal mais la transition vers une autre culture est facilitée par le fait que Ronald McDo offre aussi de la bière avec ses repas. Ça aide à survivre au décalage horaire qui se fait sentir.

Puis nous arrivons à destination; la tribu s’installe et fait le tour des lieux . Comme nous n’avons rien dans le frigo, nous achetons deux extra-larges faites dans un genre de campeur où le cuisinier/camionneur a installé un vrai four à bois et …une télé pour faciliter l’attente. Je regarde une «game de foot» pendant que mes pizs cuisent tout en me souvenant que le dernier endroit où j’attendais de la nourriture à côté d’un véhicule c’était sur le chemin Royal, en attente d’une grosse frite full sel.

Les proprios de la maison louée (ils sont vignerons) nous offrent une trousse de premiers soins: deux bouteilles de leur rosé maison bien fraîches. Quelques heures plus tard, les tuiles rouges du toit vibrent aux sons des ronflements de gens heureux sans histoire qui vont s’en faire -des histoires- lors des trois semaines suivantes.