En France avec Pierre Gendron, part 4: Folies cyclistes

Suite et fin du récit de Pierre. Un gros merci!


Châteaux de la Loire

Notre dernière semaine était divisée en deux: quelques jours à visiter des Châteaux de la Loire en circulant sur un beau réseau cyclable qui longe ce fleuve (pour nous c’est une tite-rivière) et en prenant le train pour combler des manques d’énergies occasionnés par le vent ou les distances (vous aurez compris que c’étaient des sorties de grand groupe!!)

Visiter la maison (Le Clos-Lucé) où a habité et est mort Leonard de Vinci et voir sur les murs ses dessins de vélos; attacher nos vélos à la porte des jardins de Villandry; arriver par une route royale en face du château de Chambord; voilà des expériences fortes, car à vélo la vision de ces monuments au loin se concrétise lentement, on a le temps de s’imprégner des lieux, de la grandeur des œuvres qu’on découvre et ce, à mesure d’humain.

Paris

Trois rêves à réaliser dans les trois jours qu’il nous reste.

Il faut dire tout d’abord que Paris offre une toile d’araignée de pistes cyclables qu’il est presque gênant de prendre aux heures de pointe tant les rues sont congestionnées; mais comme nous les partageons avec les bus, on se sent moins privilégiés, plus altruistes. D’autant plus que des scooters viennent de temps en temps nous frôler, tout frustrés qu’ils sont de devoir attendre dans le tas d’autos; il est vrai que les pizzas qu’ils transportent souvent risquent de se refroidir.

Premier rêve:

Voir les deux Statues de la Liberté de Paris: celle du parc en face de la télévision française et celle dans les Jardins du Luxembourg. Nous avons tellement de plaisir à rouler en malade sur les quais de la Seine, sur les voies cyclables -même en face de la Tour Eiffel— que nous n’allons qu’à la première des deux statues. Photos d’usage sont prises.

Deuxième rêve:

De là, comme nous sommes un vendredi à l’heure de pointe de fin de journée, nous allons à la Place Charles De Gaulle. Le trip c’est de faire le tour de la Place à vélo… sans mourir. Il faut préciser que ça circule vite à au moins 10 de large et ça arrive (et évidemment ça retourne) de 12 rues différentes placées tout autour. Je pars le premier pendant que Georges tente de filmer le tout du bord du trottoir. C’est bruyant, effrayant mais rendu à mi-chemin on réalise que le conducteur parisien respecte les vélos, il te donne une chance… mais prends-la vite! C’est quasiment aussi trippant qu’une descente au Mont Ste Anne.

Après mon tour complet, c’est le tour de Georges de faire de même, mais il m’avoue que rien n’a été filmé… troubles de caméra. Je dois tout recommencer.

Le deuxième tour me semble plus «platte», on dirait qu’il y a moins d’autos.

Georges fait le même parcours mais comme pour mon premier essai, il se confronte au buzz du gros trafic. Il survit et nous rions comme deux ti-culs qui viennent de faire un mauvais coup sans être pris.

Une fois le tout fait, on explique, à des touristes qui regardaient, le pourquoi de cette «niaiserie»; nous descendons les Champs Élysées (comme Lance et les autres) vers notre petit apart.

Gros souper, échanges d’expériences de la journée, digestifs… Vers les 23:00 heures, ne pouvant me résigner à aller me coucher j’offre à Georges -qui ne se fait pas prier-de faire un petit Paris by Night… à vélo.

Troisième rêve:

Munis de clignotants MEC, ayant encore un excellent cognac dans le système sanguin, nous roulons comme des malades dans les rues, somme toute, assez désertiques de notre quartier.

Destinations: les Halles, Beaubourg et Place Pigalle.

Nous passons notre temps à nous perdre et à nous retrouver, à faire quelques fois la course amicale avec des autos, à placoter avec des jeunes en auto qui attendent eux aussi que le feu passe au vert. Ils trouvent nos clignotants très rigolos.

À Place Pigalle, en face du Moulin Rouge, nous prenons doucement une bière en contemplant la carte postale dans laquelle nous sommes plongés Puis soudain un homme nous aborde poliment et nous demande si les vélos appuyés sur un poteau indicateur en face de nous nous appartiennent. Une petite hésitation avant de répondre (ce qui est parfaitement inutile, car il n’est pas dans les coutumes des gens assis à un café vers 2 heures du mat, à Place Pigalle, d’avoir deux casques de vélo sur une chaise devant eux); notre hésitation vient du fait que nous savons très bien que nos vélos représentent pour un junkie et ses amis costauds une bonne semaine de libre service de poudre à nez.

Mais l’homme se fait rassurant en nous disant être amateur de vélo (il s’entraîne «au bois» à tous les matins), cela nous sécurise, mais ce qui nous convainc totalement c’est le fait qu’il nous dit être le batteur de l’orchestre du Moulin Rouge juste en face et qu’il est entre deux sets…cela sera confirmé par le serveur un peu plus tard.

Après des histoires de vélo, des comparatifs de machines, il s’excuse de devoir nous quitter: » les filles m’attendent » nous dit-il, mais avant de traverser la rue il nous invite pour le lendemain à rouler avec ses potes » au bois « . Nous ne pouvons dire oui, le lendemain étant jour de retour vers Québec.

Puis nous enfourchons nos vélos pour le retour vers l’apart, nous nous trompons souvent, l’éthylisme décroissant nous donne hâte de rejoindre nos lits. Nous prenons par contre, quelques photos à des endroits mythiques de Paris, le tout sous les regards amusés de fêtards qui eux aussi retournent à la maison ou devant des japonais qui évidemment prennent en photo ces deux fous qui eux-mêmes se prennent en photo. Que vont-ils dire rendus chez eux de ces… cyclistes parisiens?

Le lendemain matin, c’est la démonte des vélos, leur empaquetage dans les gros sacs et l’odyssée via métro et trains vers l’aéroport.

Tout le monde est patient avec nous et nous aide avec nos gros sacs.

Dire que pendant ce temps je manquais les Coupe Canada de Tremblant et de Bromont…mais je n’en étais pas si triste.