2 mars 2007: Le syndrome du mâle irritable ou l'envers de l'adolescence

Vous êtes un maître en vélo, ancien champion ou nouvel adepte vous constatez une augmentation de votre fatigue et tous ces jeunes loups qui vous dépassent vous irritent au plus haut point. Vous êtes peut être atteint d'un mal peu connu, le syndrome du mâle irritable.

Le syndrome du mâle irritable (SMI), communément appelé andropause, fait référence à un état hypoandrogénique. L'hormone principalement impliquée est la testostérone. Nous savons que le vieillissement conduit à la diminution du niveau d'androgène chez l'homme. Le SMI semble donc être le résultat du processus du vieillissement. Pourtant tous les hommes ne sont pas atteints au même degré. Environ 30 pourcent des hommes adultes en seraient atteints et ce dès l'âge de 30 ans. Le syndrome se traduit par une constellation de symptômes qui, selon certains auteurs, s'apparenteraient à ceux du syndrome prémenstruel. Une meilleure compréhension de cette problématique aidera les sportifs d'expérience à comprendre la diminution de leur niveau d'énergie et de performance.

Pathophysiologie

Au point de vue scientifique, le SMI est un état de nervosité, d'irritabilité, de léthargie et de dépression qui apparaît chez l'animal adulte masculin après le retrait de la testostérone (T).3 Il en va de même chez l'homme lorsque le niveau de T diminue dans le sang pour différentes raisons. C'est donc tout l'inverse de l'adolescence. Avec le vieillissement, les fonctions endocrines de l'homme diminuent. Ceci entraîne une insuffisance gonadique ainsi qu'hypothalamo-hypophysaire. L'hypogonadisme primaire implique une diminution du nombre de cellules de Leydig, une réduction de la production de la T et une diminution de la sécrétion de la T en réponse à la stimulation de l'hormone gonadotropine chorionique humaine (GnRH).

Signes et symptômes

La diminution de la T entraîne d'abord des symptômes transitoires, mais à long terme elle peut entraîner un état morbide important. Les symptômes transitoires sont notamment la perte d'énergie, les changements d'humeur et la perte de libido.3,4 Avec le temps, les hommes souffrant d'hypogonadisme pourront développer des problèmes d'ostéoporose, d'atrophie musculaire et de troubles cognitifs. Une étude portant sur 302 hommes (la plupart ayant plus de 60 ans), les symptômes dominants étaient la perte de libido et les dysfonctions érectiles (46%), la fatigue (41%), et les pertes de mémoires (36%).1 Il n'y a toutefois pas de corrélation directe entre le niveau de T sanguin et la gravité des symptômes.2 Ce fait pourrait s'expliquer par la diminution de la sensibilité des organes cibles à la T.

Le clinicien doit toutefois être prudent avant d'émettre le diagnostic de SMI. Bien que le niveau sanguin de T soit diminuée, plusieurs facteurs peuvent confondre le diagnostic. Le stress et les maladies chroniques peuvent diminuer le niveau de T tout comme l'utilisation de certains médicaments tels que la digoxine, la cimétidine et la spironolactone. Le diabète, la résistance à l'insuline et l'obésité ont tous été reliés à une chute du taux de T.5 De nombreuses autres maladies peuvent imiter la présentation clinique du SMI, il importe donc de faire un examen complet de l'état de santé du patient en portant une attention particulière à ses fonctions hypophysaires, à l'anémie et au diabète.

Traitements

Certains facteurs associés à l'andropause sont le résultat d'habitude de vie ou du stress. Par conséquent, les conseils du chiropraticien ou d'un professionnel de la santé de premier contact pourraient jouer un rôle important dans le traitement de ces patients. La perte de poids peut évidemment aider certains patients souffrant d'embonpoint sévère. L'exercice physique, en particulier avec les poids, pourrait élever le taux de T chez les hommes plus âgés.6

L'androthérapie est habituellement la première ligne de traitement pour cette condition. Toutefois, elle n'est pas sans effets secondaires importants et ne peut être prescrite à tous. La thérapie de remplacement de la T serait utile pour les patients démontrant une perte osseuse importante et ceux ayant des dysfonctions sexuelles ne pouvant être traitées par le Viagra ou d'autres thérapies. La contrepartie de ce traitement est qu'il augmente les risques de cancer de la prostate, d'infarctus, d'hépatotoxicité et de gynécomastie. Curieusement, l'injection de testostérone diminue la production de spermatozoïdes.

Plus naturellement, les hommes sont invités à cesser leur consommation de pamplemousse. Celui-ci active l'enzyme aromatase qui transforme la T en œstrogène. Cette même enzyme est activée par l'alcool. Les hommes hypogonadiques devraient donc se tenir loin de la bouteille.

RÉFÉRENCES

  1. Tan RS, Philip PS. Perceptions of and risk factors for andropause. Arch Androl 1999;43(2):97-103.
  2. Tan RS. Andropause: introducing the concept of 'relative hypogonadism' in aging males. (Letter) Int J Impot Res 2002;14(4):319
  3. Lincoln GA. The irritable male syndrome. Reprod Fertil Dev. 2001;13(7-8):567-76.
  4. Swerdloff RS, Wang C. Androgens and the ageing male Best Practice & Research Clinical Endocrinology & Metabolism 2004; 18(3):349-362
  5. Marin P, Holmang S, Jonsson L, et al. The effects of testosterone treatment on body composition and metabolism in middle-aged obese men. Int J Obes Relat Metab Disord 1992;16(12):991-7
  6. Zmuda JM, Thompson PD, Winters SJ. Exercise increases serum testosterone and sex hormone-binding globulin levels in older men. Metabolism 1996;45(8):935-9
  7. Wang C, Alexander G, Berman N, Salehian B, Davidson T, McDonald V, Steiner B, Hull L, Callegari C, Swerdloff RS. Testosterone Replacement Therapy Improves Mood in Hypogonadal Men-A Clinical Research Center Study. Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism 1996; 81(10): 3578-83.
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