18 juin 2008: Les videux de cendrier, par Charles B. Ostiguy Note de l'édimestre: Charles B. Ostiguy est un chic type, un gars intense qui s'était toujours investi dans le kayak, mais qui a pogné la piqûre du bike il y a une couple d'années et s'investit maintenant totalement dans le vélo, de route et de montagne. Il découvre notre petit monde, parfois beau, parfois décevant. Voici ses impressions sur un côté particulièrement honteux de notre sport, cette manie que les amateurs ont d'imiter les pros, même quand cela entraîne le plus aberrant manque de classe, que ce soit sur route ou en montagne. Bienvenue dans le monde de la compétition "sérieuse" à vélo, Charles! Je fais de la course parce que j'aime avoir des objectifs d'entraînement, parce que la nervosité qui accompagne les heures qui précèdent un départ me grise, parce que ça me donne un prétexte pour péter de la broue à mes chums et aussi parce que ça me permet de justifier le temps et l'argent que j'investis dans le cyclisme. Au-delà de la course, j'aime rouler. En route et en montagne, pas de différence. Qu'importe le flacon, c'est l'ivresse qui compte. Ce qui me plaît au moins autant, c'est de rouler avec des amis et mes enfants, pour le pur plaisir de la chose, pour surprendre l'un d'entre eux en train de sourire de fierté d'avoir franchis l'infranchissable, pour vérifier qu'effectivement les Serac sont les meilleurs pneus au monde, pour voir des faces rouges qui souffrent parce que l'effort est un peu plus grand qu'à l'habitude. Tout cela me comble infiniment. J'ai donc du mal, voire de l'intransigeance, à comprendre ce qui permet de justifier la trainée de vidanges que les coureurs laissent sur leurs traces; les classiques sachets de gel, emballages de barres, bidons, trippes et, une nouveauté cette année, les cannettes de Guru. Durant les 95 km du GP de Pont-Rouge qui s'est âprement disputé ce 14 juin - belle échapée les boys - j'ai reçu en pleine poire ou vu passer tous les objets dont je fais mention exception faite de la trippe remplacée pour l'occasion par une pelure de banane. Mince consolation. Note à moi-même : revoir ma stratégie de positionnement dans le peloton. J'ai signalé mon mécontentement par un T-A-B-A-R-N-A-K bien senti et juste assez fort pour qu'il soit clairement compris, pas tant fâché qu'on m'ait pris pour une poubelle que de voir la merde qu'on laisse derrière nous. J'ai chanté ma messe au moment de recevoir un énième emballage de gel. Pathétique. Mon choix d'exprimer mon opinion dans cette chronique plutôt qu'un post dans le forum n'est pas sans intention, je ne souhaite pas créer de débat, de va-et-vient entre plusieurs interlocuteurs, échange durant lequel personne ne serait contre la vertu et où personne, par définition, ne sortirait vainqueur. Faut savoir choisir ses combats semble t'il. Non, je désire seulement, puisque c'est le seul véritable pouvoir dont je dispose, vous dire, si c'est de vous dont je viens de parler, que lors de votre prochain délestage en ma compagnie, vous deviendrez pour moi un de ces videux de cendriers dans les stationnements de centre d'achat, pas pire mais surtout pas mieux. Cycliste qui vide ses poches, mononk Ti-Nel qui vide son cendrier; même combat.
Charles B. Ostiguy |