18 juin 2008: Les chroniques de courses de Melou et Yelo: Le petit RPH

Fortement inspiré des "DSA report" d'il y a déjà quelques années, il m'est venu l'idée de créer les chroniques de nos courses de cette saison…


D'abord, qui sont donc Melou et Yelo, plus ou moins actifs sur le forum? Plusieurs d'entre vous ne nous connaissent pas en personne, la raison en est simple, nous ne sommes pas des coureurs assidus, loin de là…

Melou, c'est en réalité Mélanie ou Mel. Comme je l'appelle tout le temps. Elle est ma compagne de vie depuis près de 3 ans déjà et elle a commencé le vélo de montagne en même temps que notre relation. D'abord sur un Schwin Moab usagé, acheté «pour voir si elle aimerait» et qui avait deux défauts, le premier, il était vert, je déteste cette couleur et deuxièmement, il était tellement court que lorsqu'on tournait la roue avant, le bout du pied faisait contact avec le pneu. Quelques mois plus tard, elle faisait le saut vers un Devinci tout suspendu qu'on modifie au fil des ans selon ses besoins.

Yelo, ben, c'est moi, René. J'ai commencé le vélo de montagne en 2001 sur un Devinci 2000 hardtail acheté un point trop grand. Cette année là, j'ai fait le petit RPH et une ou deux régionales pour me rendre compte que la compétition de vélo n'est pas vraiment pour moi. S'en suivent quelques années sans trop rouler faute de temps et d'ami(e)s dans le sport. De retour au célibat, mon fidèle vélo, maintenant à ma taille (merci au rep. de Devinci et Pete chez Lessard), me revoilà en selle et pour de bon cette fois, d'autant plus que pas longtemps après Melou arrive (en fait revient… longue histoire…) dans ma vie. Pas longtemps après, je change mon hardtail pour un Devinci tout suspendu avec lequel j'ai encore bien du plaisir.

Ensembles, on roule pour le plaisir d'abord et avant tout, et quand on décide de s'inscrire à une course, c'est parce qu'on pense y avoir du plaisir et/ou découvrir des coins superbes. S'il ne fait pas beau, on roule pas, fait froid, on roule pas, ça pas l'air le fun, on se déplace pas… Les organisateurs pourrait presque se sentir choyés qu'on soit à l'une de leur course, encore plus qu'on y retourne… Nous sommes aussi impliqués avec l'ADSVMQ et le comité des sentiers de VMQCA dans le but d'avoir le plus de sentier à vous/nous offrir…

Et maintenant, la partie course….

Tout commence cette année lorsque la FQSC nous envoie nos formulaires de licence, ben oui, en reçoit ça nous aussi. Depuis déjà quelques années, on prenait nos licences récréatives afin de donner un coup de pouce à l'ADSVMQ et de se prévaloir d'un surplus d'assurance en cas d'accident. Après avoir regardé les différents événements de vélo, il nous apparaît que comme on veut faire le petit RPH, l'enduro freeride du MSA , le bras du bras du nord, les Hot August Night au nord de Toronto et peut être les 24H de Sherbrooke, il serait plus avantageux pour nous de prendre une licence de coureur. On est rendu dans gang, j'y crois presque pas… Gilles Morneau nous l'avait pourtant dit cet hiver qu'il finirait par nous convertir…

Le petit RPH

La journée commence pour nous à 5H00 quand le réveil sonne. On a beau être de la rive sud, on a quand même près de 1h30 de route à faire pour se rendre au Massif du Sud et comme on n'est pas inscrit, on veut arriver tôt. Tout est déjà dans l'auto depuis la veille, reste juste à poser les vélo sur le support, prendre un grand verre de jus d'orange (on déjeunera plus tard) et c'est le départ, il est 5h20. Mon commentaire à ce moment : «faut tu aimer ça le MTB pour se lever à une heure pareille»…

6h45, on est sur le site, y'a pas grand activité encore… Parfait, on passe direct à l'inscription. On dérange les commissaires qui sont encore au déjeuner pour qu'ils vérifient nos licences, remplit le formulaire et on reçoit nos plaques. À ce moment, la jeune femme à l'inscription nous souhaite bonne course, comme si elle avait fini avec nous. Elle est chanceuse d'être tombée sur du bon monde sinon il aurait manqué 140$ dans les caisses de l'organisation. Je parie qu'elle n'a plus oublié par la suite…

On retourne ensuite à l'auto pour se préparer et déjeuner, tout en surveillant le camping Lessard du coin de l'œil… Alors que notre lunch est à cuire, on voit sortir DSA en personne de sa tente-roulotte, il nous a vu sans nous reconnaître, même après que Mel lui ait envoyée la main, il a dû se reprendre à deux fois pour nous reconnaître (Note du webmestre: DSA ne prend pas de café le matin d'une course, ce qui fait qu'il a le cerveau lent...). Après déjeuner, on traverse le parking pour un brin de jasette au camping Lessard et on se rend compte qu'on en connaît plus qu'on pensait, Pat et Marc qu'on a croisé au bras du nord l'an passé sont dans le motor home voisin. Parle parle, jase jase mais le temps file alors on retourne à nos préparatifs. Je vérifie les pressions des pneus et suspensions pendant que Mel prépare nos camelback. Comme le raid s'annonce plutôt roulant, j'opte pour des pression légèrement plus élevées qu'à l'habitude dans l'espoir de nous donner une chance, 35 lbs dans les pneus au lieu de 30, 20lbs de plus dans les amortisseurs arrière et je touche pas aux fourches car les deux peuvent être barrées au besoin. J'en dis rien à Mel pour ne pas qu'elle s'en fasse avec si peu. Faut croire que ça a bien été, rendu à lundi soir elle n'en a pas parlé encore, est-ce que ce fut vraiment efficace? Aucune idée, j'ose croire que oui…

On est prêt, reste juste a réchauffer un peu, on viraille dans le parking, je vois un beau Scott dont la suspension attire mon regard, je comprend juste pas comment ça marche jusqu'à ce que son propriétaire me montre, l'amortisseur travail en étirement plutôt qu'en compression. Vraiment bizarre, mais le propriétaire me dit que ça fonctionne très bien, je me coucherai donc plus intelligent… Ensuite on jase quelques mots avec le couple qui roule sur un tandem hardtail (pas Marc et Jacqueline). On regarde ça et on se dit que ce n'est pas pour nous, mais on aime bien le concept…

L'heure du départ approche, alors on se rend sur la ligne. Les homme et les femmes partant tous ensemble, on part dans le même box, on pourra jaser jusqu'au départ. Prise des présences, directives, blabla de circonstance et le départ est donné. Mel passe devant, le trafic l'avantage et je prends sa roue. Au pied de la première montée, à peine après le départ, je me porte à sa hauteur, notre conversation va comme suit :

Moi : T'as vu j't'ai draffter au départ (en riant)

Elle : Ouin! J'ai vu ça…

Ce fut la dernière parole qu'on échangeait pour le reste du raid, je continuais plus vite qu'elle… Mel vous décrira sa course plus bas.

On nous avait prévenu, le premier 10 km, ça monte. A 4,5km, moi, je marche. Mon vélo est lourd, près de 33 livres. Moi, j'suis pas en forme, pour toute sorte de raisons, j'ai pas beaucoup rouler encore. Dans ses conditions, je sais par expérience que je brûle beaucoup plus d'énergie sur mon vélo qu'à marcher pour une perte de temps minime, j'opte pour l'économie d'énergie. J'entends les gens autour qui parlent et/ou ont le souffle court. C'est alors que j'entends deux filles qui jasent, j'entends pas vraiment le début de la conversation mais à un certain point j'entends l'une d'elle dire: «pis on a juste 5 km de fait, ça va être tough», mon coté parano switch à «ON» sur le champ. J'me dis qu'elle parle de moi qui marche à 5km et qu'elle pense que je ne finirai pas… Je n'ai aucune idée si elles parlaient vraiment de moi ni même qui elles sont, trop occupé à me dire qu'elles verraient bien si je ne finirai pas, elle m'ont passé sans même que je m'en rendre compte.

Peu de temps après, elle fit sont apparition à mes cotés, je dit elle car je n'ai pas l'intention de la nommer ici, elle se reconnaîtra, je l'appellerai donc Mademoiselle. Elle deviendra avec le temps, ma source de motivation, mon but à atteindre car elle grimpe plus que moi… Alors comme je disais, Mademoiselle se porte à ma hauteur et ouvre la discussion la première:

Elle: Pourquoi tu marches?

Moi, j'y vais de quelques explications

Elle: Ouin mais ça va plus vite en roulant me dit-elle en se sauvant.

J'me dis qu'on verra bien si c'est vraiment plus vite, je sais que je peux compenser dans les descentes, j'aime ça quand ça va vite, comme de fait, je la rattrape peu de temps après, alors que ça descend.

Moi : re-bonjour

Elle en riant : tient, te revoilà…

S'en suit une multitude de dépassements et de commentaires du genre «tiens, un bout pour toi, ça descend» ou «me semblait que tu devais être à veille de me rattraper»… Mais ce qui devait arriver arriva, ça s'est mis à monter sans arrêt et je l'ai perdue de vue pour un bout, tellement que je ne pensais plus la revoir avant l'arrivée. Pendant tout ce temps, les mêmes gens gravitaient sans arrêt autour de nous, on devait être 6 ou 7, on ne se parlait pas vraiment mais on se reconnaissait…

Finalement, arrivé en haut le commissaire sur place me dit de garder la droite dans la descente, que le grand raid est en montant. Je n'y comprends pas grand-chose, à mon avis ça n'a pas de sens mais je réponds OK en continuant. J'avais raison, ça n'a pas de sens, c'est bien trop étroit, la belle ligne passe d'un coté à l'autre à plusieurs reprises, c'est rough pas mal en plus mais, heureusement, j'y croise personne et dépasse Mademoiselle au 2/3 de la descente environ et le reste du petit groupe de visage connu un peu plus loin.

Au bas de la descente, j'entends deux gars derrière moi qui parlent de grand raid et qui se disent qu'ils espèrent ne pas s'être trompés comme ils me dépassent. Je suis tellement plus sûr de rien et ne voulant pas les induire en erreur, que je dit rien, si seulement j'avais su… Disons qu'il y en a un qui me doit une partie de sa victoire sans le savoir.

Mademoiselle me rattrape encore, ben évident, ça monte, encore… Au fil des km, j'apprends qu'elle a pris une pause à un des ravitos et que ça ne lui a pas fait, qu'elle avançait plus après. Elle me dit aussi avoir un peu de misère dans le technique, qu'elle n'aime pas le rough. Mais pour le reste, elle va bien… Moi je m'accroche tant bien que mal, je sais qu'on va bien finir par re-descendre. Les trous de bouettes et le rivières sont passé de plus en plus vite, moi qui aime pas trop à l'habitude, j'y prend goût on dirait, en plus, ça rafraîchit.

A l'approche du «Y» grand raid à gauche, petit à droite, je suis retombé seul depuis un bout, vraiment seul. Personne en vue ni devant, ni derrière. Je regarde les panneaux une fois et pars à droite, j'aurai du regarder une deuxième fois… Comme ça part en descente, je me dit que les autres seront en vue bientôt, mais comme je donne tout ce que je peux et que personne n'apparaît devant, j'en viens à me demander si j'ai pris le bon bord, j'en suis presque sûr mais plus ça va et moins je le suis… Soudain devant moi, des gens :

Eux : Eau? Gatorade?

Moi S'tu le p'tit raid icitte?

Eux : Oui!

Moi : Fiou!

Eux : Melon? Banane?

Moi : Non merci, j'ai tout ce qu'il me faut…

Tout ça en quelques secondes…

S'en suit la plus belle descente du parcours, le fond est un peu mou mais ça va vite, j'y ai atteint 44 km/h entre deux switch back, ben assez pour moi vu la fatigue. Entre deux switch back, un maillot connu, je passe à gauche, que je lui dis avant de le dépasser. La même chose avec les autres par la suite d'une courbe a l'autre, on dirait qu'à chaque fois que j'en passe un avant une courbe, à la sortie de cette dernière, un autre est devant moi, ça me motive plus que tout. Mais après un temps, la déception s'installe, je les ai tous passés sans voir Mademoiselle, et je ne vois plus personne devant… Une courbe, puis deux, puis trois puis je sais plus combien mais elle est là devant moi, elle roule vite la démone, ça me prend encore deux trois courbes pour la rattraper, pire je suis incapable de la passer comme les autres, j'ai plus assez de jus. Elle fait une erreur, passe droit dans une courbe, j'en profite pour passer. Pendant un temps, on s'amuse comme de fou à se passer et se re-passer, elle a toujours l'avantage dans les montées tandis que moi, je profite d'une autre erreur et des descentes.

C'est alors que je vois du coin de l'œil un panneau qui dit «sentier de la vallée» ou quelque chose du genre, la crainte qu'on soit descendu dans la vallée et qu'on devra en sortir en montant s'empare de moi, j'avais raison d'avoir peur, ça remonte. Je savais qu'on étais proche de l'arrivée, elle me le disait : «y'en reste 4» plus tard «y'en reste 3», j'étais sur le point de lui demander si on finissait ça ensemble quand elle a attaquer la dernière montée, moi, plus de jambes, j'ai eu beau prendre sa roue, en moins de deux elle était partie, sans moi…

Elle finira en 3h25m29, moi, 3 minutes plus tard en 3h28m05. Mais je ne serai pas seul à l'arrivée, un de ceux avec qui j'ai roulé une bonne partie de la journée m'a rattrapé, juste avant la ligne il me dit tiens vas-y comme pour me laisser passer devant. Dans ma tête, on finissait ensemble. Je dérape un peu dans la gravelle et malgré qu'il ait ralenti, on passe la ligne ensemble en se serrant la main. Si je me trompe pas, ce gars là c'est David Roy, il a fait le petit raid sur un hardtail en V-Brake qui me donne pas l'impression d'être de la dernière génération, je lui lève mon chapeau, je sais bien trop que je n'aurai pas fini sur un vélo comme le sien, mon dos aurait pas été d'accord…

Près de l'arrivée, elle est là, toute seule. Je m'approche et on se met à jaser, on se présente, je me rends compte qu'on s'est parlé avant le départ, je ne l'avais pas reconnue. Ça sent les burgers, c'est mal, j'ai faim. 30 secondes après, un gars passe avec un burger à la main, s'en est assez. Je dit à Mademoiselle : «on vas se changer et je te paye un burger». Elle part à rire…

J'en suis à me changer quand Mel arrive, elle aura fait la course en 4H flat, elle a l'air contente, on échange nos anecdotes respectives, Mademoiselle vient nous rejoindre au moment où je me prends de quoi à boire.

Tu veux un Pepsi?

Son visage s'illumine après quelques secondes, j'en sors un de plus, je n'ai pas besoin de plus comme réponse. Je lui présente Mel et on part pour les burgers. Ils étaient bons j'vous jure… On a tous nos petites satisfactions alors que la remise des médailles commence…

La course, version Melou maintenant…

Tout d'abord, il faut savoir que je ne suis pas du type départ canon, mais plutôt du genre ti-train va loin! Alors fidèle à mon habitude, je pars à mon rythme, c'est la meilleure façon pour moi si je veux finir. Les premiers 10 ou 12 km vont assez bien et se font presque tous sur mon vélo… comme tout le reste du parcours finalement! Je n'ai marché que quelques côtes qui étaient un peu plus techniques. Dans la descente où on croisait le grand raid, j'ai une amie qui me rattrape et reste avec moi un certain temps. Malheureusement pour elle, une chute l'a ralentie pour la peine. Évidemment, je m'assure qu'elle va bien avant de lui souhaiter bonne chance et de repartir. Ces mots d'encouragement seront mes seules paroles (à par quelques mots échangés avec les gens des ravitos) car pour la majorité de la course, aussi loin que je pouvais voir en avant ou en arrière lors de mes 2 ou 3 petites pauses, il n'y avait personne. J'en viens même à me dire que je suis comme un troll: je n'ai que quelques mouches comme compagnes de route (pour ceux que j'ai perdu ici, je fais référence à la BD Lanfeust de Troy).

Rendu au dernier ravito, les gens me rassurent en me disant que le reste descend! Yé! Et quelle descente en plus! Dommage qu'elle soit passée si vite! Finalement, j'aperçois le toit du chalet (point de départ, donc d'arrivée), mais je ne suis pas certaine que ce soit la bonne bâtisse… jusqu'à ce que je vois tentes et campeurs à travers les arbres. Yé, la fin est proche, on pousse un peu plus… du moins on essaie, mais y reste plus de jus!

Bref, comme René l'a déjà dit, je termine en 4h ben juste, assez satisfaite de moi-même vu mon niveau de forme qui n'est vraiment pas à son meilleur! On se reprendra une prochaine fois pour la performance, mais de toute façon, je fais des «courses» pour le plaisir de la chose et me dépasser moi-même, pas pour gagner! Objectif atteint car du plaisir, j'en ai eu!

Après les médailles, Mel et moi sommes allés discuter avec des amis, ils ont ajouté à notre bonheur. Je ne peux pas vous en dire plus pour le moment sauf pour vous dire qu'un projet à long terme est devenu à court terme, si tout va bien, l'an prochain, un nouveau défi nous attend….

Comme vous pouvez le voir, je suis juste un coureur ben ordinaire qui, comme plusieurs autres, trippe à vélo. Ça ne prend pas grand-chose pour me rendre heureux, un bike, du bon monde autour de moi et de la bouffe de temps à autre, je n'en demande pas plus.

Notre prochaine course est prévu pour la semaine prochaine, le 13 juillet au MSA pour l'enduro freeride, 5H de descente sur des parcours plus ou moins abruptes, celui qui a le plus de kilométrage gagne. Qui gagnera cette année? Un gars de DH ou un gars de XC?

A la prochaine, René

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