Paul Desjardins au raid des Conquérants

Qui est Paul desjardins, me direz-vous? Ben c’est un raideur comme vous et moi, qui a pris la peine de raconter son trip au dernier Raid des Conquérants. Comme ce Raid est moins connu de nous tous en raison de sa nature réréative (lire: non-compétitive) j’ai cru bon de vous en faire part.

Paul a 47 ans, il a switché de la route à la montagne il y a quatre ans. Il a fait la traversée du Lac Abitibi à skis, et c’est ce qui l’a amené à faire le Raid cette année. Il en a profité pour faire 3 jours de canot-camping avec son fils, en chemin pour La Sarre. Voilà donc tout ce qu’il faut savoir pour vous planifier de belles vacances pour l’été 2002!


RAID 2001 des Conquérants du Nord

Raid 2001, 31 juillet au 4 août 2001-08-12

Jour 0 : arrivé à La Sarre vers 16:00, Mais auparavant, nous avions Julien et moi passé trois magnifiques journées dans le parc Lavérendry en canot camping et pêche au doré et au brochet. Résultat peu reluisant en pêche soit un doré qui fut servit en entrée et un super brochet que Julien a réussi à hisser à bord à sa troisième tentative Wow 3 kilos et deux soupers mémorables. Y a des fois que les fils sont plus mardeux….. mais quelle fierté pour fiston. Il avait le soleil le jour et la lune qui se gonflait à chaque soir et les huards plongeurs qui chantaient toute la nuit. De notre plage de sable fin nous avions un coin de paradis sur terre juste pour nous deux. Y a pas plus beau moment pour un père et d’après Julien pour un fils itou.

Après 25 Km à pagayer nous revenions au point de départ du lac Grand. Après une courte nuitée au lac Portage car dès 4:30 les ouvriers forestiers faisaient déjà leur entrée. Donc, à 8:00 nous avions déjà déjeuné et plié bagages car il nous reste 3 heures de route pour Rouyn et pour voir la petite sœur avant de continuer vers La Sarre.Arrivé à La Sarre, une douche pour se rafraîchir alors qu’à l’extérieur le soleil a laissé la place à l’averse, mais quel déluge en moins de 10 minutes, je croyais que l’eau passerait le seuil de la porte tellement il y avait d’accumulation ….. et le retour du soleil comme si rien ne s’était passé. Vers 5 heures, l’inscription et contact avec certaines connaissances de la traversée 2001, dont aussi les bénévoles toujours aussi souriants et contents de nous voir. Souper traditionnel chez Mike’s avec 8 autres conquérants.

(faut voir départ de l’autre côté… évidemment)

Jour #1 (60 Km)
Nuit paisible et levé très tôt, je pense qu’il y avait un peu d’adrénaline dans le café ce jour là……car vers 8 hres nous étions déjà sur le site du départ prévu pour 9 hres. Coup de départ et tous (77) nous prenions le mors aux dents. Après quelques kilomètres de bitume nous voilà dans la boue que la pluie de la veille avait préparée pour nous, quelle soupe à cochon…. autant sur l’herbe glissante que sur les racines dégarnies que dans les flaques d’eau (non-substance brunâtre visqueuse) nous avions peine à tenir pieds aux pédales et ce pour 15 Km. Ensuite, chemin agricole à travers ballots de foin pour arriver au premier ravitaillement. Je ne sais pas pourquoi mais les bénévoles à moto avaient un air souriant en nous voyant arriver. Ensuite, ce fut des sentiers de forêt et quelle trouvaille, chemin faisant, je suis tombé dans une bleuetière, autant dire que je n’ai pas été capable d’y résister. Il y en avait tellement que dix minutes auraient suffit pour faire la garniture d’une énorme tarte comme grand-mère faisait……. Gavé, je continue vers le lac Turgeon que nous traversons en ponton. Pose de la journée à mi-trajet.

Vers 11:00, déjà 28 degrés, après le dîner….. la digestion me prit les deux jambes par surprise alors je dois mouliner pour continuer. Vers la fin …. un imprévu… du sable mou….quelle merveille sur une plage mais pas en vélo avec 32 degrés! Arrivé au campement vers 15:00, réquisition des bagages et choix du site pour la nuit… pas drôle, que de choix, il y a des bleuets partout. Après le lavage du vélo et l’inspection….la baignade dans un lac remplit de sansues ssss mais ça fait du bien quand même en ta…barouette. Premier souper, fricassé provençale, semoule de blé avec fines herbes et bleuets frais cueillis, évidemment.
Au menu des conquérants, une soupe, un riz au poulet et dessert. Dodo vers 9:30 ?????

Jour 2 (80 Km)
Départ devancé à 8:30. Soleil et degrés excessifs en vue. Nous roulons à train d’enfer sous les arbres sur des sentiers de sable dur et d’aiguilles de pin… Ça roule doux et vite pour environ 15 Km, ensuite nous avons droit à de la route de gravier jusqu’à Val Paradis. Madame la mairesse nous attend avec sa troupe pour nous servir des bouchées locales avec bleuets au menu, gâteaux, punch, framboises et plein de beaux sourires. Le temps d’échanger un peu et nous revoilà reparti. Au choix, une boucle de merde à cochon que je décline comme la plupart sauf quelques-uns, il y a tellement de boue que deux tout-terrains s’y enlisent aux essieux. L’autre choix, du bitume pour quelques km et sentiers herbeux, glissants avec évidemment des trous de belles boues que je visiterai non pas par plaisir mais par obligation car sans savoir ou voir pourquoi, je me retrouve sur le dos bien étampé au fond de l’une d’elles. C’est de la thalassothérapie à bon compte mais il ne faut pas penser à récupérer les bas et les bobettes!!!! Plus sale que ça tu fais peur!!!! Un peu plus tard une traverse de barrage de castor supposé ment profond mais la veille, ils avaient prévu le coup en le défonçant sinon nous en aurions eu jusqu’aux épaules. Donc pas de nettoyage en vue, par contre, Nath me reconnue au passage donc ça pouvait aller. Après le dîner nous avons roulé sur des chemins de graviers avec circulation de camions et chemins secondaires plus tranquilles mais cahoteux au max. Les trapèzes en ont pris un dur coup. Arrivé au campement vers 14:30 à la rivière Wawagosic pour une baignade rafraîchissante après 80 km et 33 degrés + humidité… assez pétant le soleil. Après la baignade, la lessive mais sans succès pour les bas….et les bobettes!!!!
Une bonne bière au bar improvisé avec parasol et chaise, quel confort pour les fesses!
Ce soir une gâterie… 30 minutes de massage pour ces trapèzes. Ça replace une carcasse en simonaque. Au souper, Paella au poulet et moules. Le souper des conquérants était un spaghetti très ordinaire avec carré aux dattes que je troque à Nathalie contre un bon expresso. Dodo 10:00 avec la lune qui se pointe et le vent chaud qui souffle un peu. Mauvaise nuit, chaud et bruyant.

Jour # 3 (64 Km+10 en option)
Levé du corps 5:45 car ça bouge autour et que le départ se fera en trois slaves. Donc, tous veulent être les premiers car aujourd’hui c’est la traversée par le câble du Viking à 18 km du départ, il y aura refoulement, c’est certain. Les trapèzes sont en forme pis le gars aussi.
Sur la ligne de départ, je passe à la première slave et ça roule. La veille, j’avais l’air d’un vieux cheval de trait qui rentre pour sa ration d’avoine et bien ce matin l’avoine a donné du piquant et j’ai plutôt l’apparence d’un poulain ou d’un veau lâché lousse au printemps. Arrivé au câble, les plus rapides m’ayant doublé, je suis environ le 20e.
Assez spécial la traversée par câble.. de l’autre côté, je vois Anne-France et Claude Bérubé qui sont venus pour l’événement et la supervision.

Ensuite, une tourbière sur 300 mètres, pas moyen de moyenner, il faut porter. Nous avons roulé sur d’anciens chemins forestiers presque refermés par la végétation..
Ensuite, nous roulons sous une arche de végétation superbe et quelle fraîcheur! Boucle optionnelle suggérée de 10 km que je prends avec Michel, Jean-Guy, Robert et Nath.
Un faux plat descendant, encore enveloppé par le feuillage et ça roule bien pour 8 km avant d’arriver à un vrai barrage de castors avec de l’eau jusqu’aux poignées… Certains essaient mais par prévention pour la suspension, il vaut mieux porter car dans l’eau jusqu’au nombril… plus ou moins selon la grandeur… Les deux derniers km sont un peu cahoteux sans compter une maman ours avec ses rejetons se promène dans les parages, alors, à intervalles de 10 minutes, une moto sillonne le tracé pour éloigner l’animal et sa progéniture. Dernier demi-km dans le banc de gravier comme si on était dans le Sahara avec une descente en final vers le campement et le lac devant pour la baignade.

Au menu, pâtes avec crevettes, huile d’olive, pesto, tomates séchées et ail, comme dessert, quelques gorgées de sirop d’érable, (pas piqué des vers ce souper). Je fais des envieux, même si leur bœuf bourguignon semble pourtant très bien avec de la tarte au sucre en prime. Ce soir, couché de soleil splendide du haut du banc de gravier que la plupart on gravit pour ne rien manquer et la lune qui se lève encore plus grosse et plus brillante. Au retour, en bas, un feu de camp scintille et quelques airs connus se font entendre avec, SVP, des guimauves fournies. L’autobus, du renfort arrive, avec les conquérants du forfait 2 jours. Ils seront les novices de demain. Bonne nuit!

Jour 4 (64 km)
Dur coup en partant, y faut remonter le tas de sable. « Ché » pas pourquoi, c’était plus le fun la veille pour le coucher de soleil. Les cuisses et les mollets en prennent une maudite mais enfin, ça pour effet de répartir le peloton tout comme l’épingle en formule 1. Dès le départ, on se retrouve dans la garnotte pis les bosses, ayoye les foufounes mais les massothérapeutes ont les mains douces. Encore une fois, obligé de s’arrêter y’a trop de bleuets sur le bord de la route! On peut en ramasser à grandes poignées tellement y en a et pis en manger à pleine gueule à même les plants (en bouquet).

Après 30km de route une option s’offre à nous, le mont Plamondon, en fait, c’est un butons abrupt garni de pierres.
Au départ, après s’être inscrit pour être certain que personne ne manquera à l’appel, j’en monte le tiers pour abandonner le vélo et continuer à pied. J’aurais dont dû persévérer encore 200 mètres car ça commence à avoir de l’allure. Rendu au sommet, on se rend compte qu’il n’y a que des arbres sur 360 degrés, pis on redescend jusqu’au vélo pour enfin l’enfourcher en pensant que le meilleur est à venir, erreur… ça brasse en ti-pépère tellement que le cul me passe par-dessus la tête. Heureusement, j’atterris dans les roches sans trop de blessures, sauf pour l’ego et le dérailleur.

Après m’être enregistré comme survivant, il reste 1 km pour le lunch. Je bouffe un peu trop et un peu trop vite puis je repars. Pendant une heure, je n’ai plus de muscles dans les cuisses. J’ai le flux sanguin concentré vers la digestion alors promesse sera faite pour manger moins demain. Ta… barouette que ça fait mal. En plus, lors de ma chute, je me suis fait mal à la cuisse et ça commence à bleuir c’ta’faire là, pis le chemin bardasse le body. À dix km de l’arrivée, un point de ravitaillement, je l’ignore, sinon je ne repars plus. Je rejoins un novice, Yves, un chef d’équipe de la traversée qui a changé d’emploi et ne peut se permettre que deux jours de vélo. Le pauvre, y en bave, il n’avait que 100 km d’entraînement. Nous marchons environ 300 mètres et je lui dis qu’il serait plus rapide de pédaler à bas régime que de marcher. Ce qui fut entériné, heureusement car 100 mètres plus loin, après une courbe, nous apercevons le campement. Je lui dis, qu’est qu’on aurait eu d’l’air à pied !!!!!!! Je ne sais pas pourquoi mais les jambes du matin qui nous avaient servi à gravir le tas de sable semblaient se remettre en fonction……
Comme j’ai amoché mon dérailleur dans ma chute, je roule directement à la mécanique et deux pas plus loin pour inscrire mon body à la massothérapie pour un massage de 60 minutes SVP. Aujourd’hui ce n’était que 64 km, mais à voir les gens, ça faisait dur, trop de routes caillouteuses avec une chaleur d’environ 32 degrés encore. Après avoir monté ma tente, je me dirige vers la plage à supposé ment 800 mètres. Sapristi, ça finit plus d’arriver! Après avoir abaissé la température interne de mon être, me revoilà fringuant en pensant à la bière froide pour l’heure de l’apéro en bonne compagnie. Ce soir, pas de toile au-dessus de la cafétéria car assurément il fera beau demain matin. Menu du soir pour les conquérants, une lasagne, moi, ce sera des pâtes avec saumon et l’huile au mille et un péchés de la veille, pas trop car dans la demi-heure qui suit ce sera le bien être total e massothérapie. Erreur, ça fait mal en Ta… y a le mollet gauche qui est noué. Après 60 minutes de douceurs et 10 minutes de martyres (ça dépend où) en prime, me revoilà pétant de santé, en même temps mon vélo a été retapé itou. Ça va ben aller demain, ça fait déjà peur juste à y penser…bon on se calme!!!! Ce soir la lune se dresse majestueusement orangée comme lors de la traversée. Au même moment, le feu de camp prend de l’ampleur. Les guitares et les chants retentissent dans cette nature qui s’assoupit avec un souffle chaud et la nuit qui s’installe. Vers 10:30, un mini feu d’artifice illumine le ciel pour signifier que c’est la dernière nuitée avant l’arrivée que l’on voudrait retarder inconsciemment. Heureusement, quelques volontaires enchaînent en chantant et la fête continue. Chanson découverte du raid 2001 ¨C’était une charrette »…., il faut l’entendre pour le croire!!!!
Un dernier regard avant de disparaître sous la toile, eh oui! la lune veillera sur nous et elle se prépare à être pleine pour demain soir. Bonne nuit!

Jour #5 (80 km)
Départ à 9:00 hre après la photo de groupe. Ce départ semble avoir un ralenti ou bien se sont les cyclistes qui ont du mal à décoller sachant que le rêve s’achève. Chemins secondaires et sentiers étroits se succèdent, en prime, un barrage de castors et 800 mètres de portage convertit en une savane asséchée. Cette fois-ci, je tiens promesse, dîner léger et ça marche, mes jambes répondent au premier tour. Nous avons 25 km de route dont la majorité est asphaltée avec un vent de face. Nous formons alors un peloton, à tour de rôle nous passons en tête. Après dix km, deux manquent à l’appel, après quelques minutes ils arrivent, Nath avait fait une crevaison et son genou lui donne du fil à retordre. Donc, on se regroupe à huit, on lui fait une barrière au vent et elle se laisse traîner par le vacuum, mais pouffe, une autre crevaison pour Nath.
En deux temps trois mouvements ( à trois) nous réparons en se rendant compte que le mâle précédent, volontaire et plein de bonne intention, lui avait laissé le clou de 25 mm dans son pneu. Plus que quatre et 20 km à faire, on reprend la route. À 15 km de l’arrivée, le dernier point de ravitaillement, comme tout au long de la journée nous ne manquons pas de remercier le personnel bénévole et nous reprenons ce fameux sentier boueux du départ. Heureusement le soleil des 5 derniers jours a asséché un peu le terrain. Je dis bien un peu!!!! Chemin faisant, prise de photos par le journaliste participant au raid de la revue vélo mag. Si la prise est bonne, il se peut que je figure dans le prochain tirage! Disons que le boyau de pompier à l’arrivée n’a pas été en mesure d’enlever tous les résidus aqueux, visqueux et merdiques de la séance de photo et ce autant sur le vélo que sur le coureur des bois. Arrivé vers 13:45, avec arrosage au mousseux par France avec en prime une bonne gorgée, étant donné qu’il n’en restait plus beaucoup à arriver des 77 participants (faut bien savoir faire durer le plaisir après tout).

(Là c’est dans le bon sens)

Après une bonne douche au Motel du Bon Repos, un souper nous attendait à la salle communautaire. Il y a remise du certificat et la danse commença vers le milieu de la soirée. Contrairement à la traversée, la disco n’a pas fait le poids au chansonnier que nous avions eu le plaisir de découvrir. À ce moment, nous avons décidé d’aller combler un petit creux au resto Mike’s, par hasard, au retour la salle se vidait déjà. Juste le temps de dire au revoir aux quelques résistants et la fête se termina ainsi que le raid 2001 avec une lune entière et magnifique venue nous dire à l’an prochain avec un soufflet chaud de l’est!!!!!!!!!

À l’an prochain nous disions-nous.