Courrier des lecteurs: Question de guidon

L’autre jour, les amis, il m’est arrivé un coup fumant.

Pour la deuxième fois en deux ans, je rencontre un(e) lecteur(trice) en faisant mon marché biologique chez Aliments de Santé Laurier et pour la deuxième fois en deux ans, on me dit: « Je roule sur un Kona King Kikapu pareil comme le tien ».

L’an passé, il s’appelait Charles. Cette année, c’est notre camarade (et collaboratrice à ces chroniques à l’occasion) bien connue sous le sobriquet Indy, qui m’apprend timidement la nouvelle. Pour elle, ça représente tout un changement, car elle passe d’un Cannondale rigide à un double-suspension Kona. Elle passe d’un extrême à l’autre, du style Euro-racing-ça cogne-dur-mais-maudit-que-ça-grimpe au style West coast-relax-amenez-en-des-bosses-y’a-rien-à-mon-épreuve. Cette transition ne se fait pas sans une part de questionnement et d’incertitudes. Ce qui explique un courriel que j’ai reçu par la suite de Indy, et qui va comme suit:

Zélu Zil,

Dis-moi, le King KiKapu m’a été livré avec un guidon surélevé (Easton EA 50 Riser). J’hésite encore à le garder malgré les conseils avisés que j’ai reçus lors de la vente.

En fait, mon but est d’avoir l’avis de quelqu’un qui a roulé quelques 100aines de km sur le bike en question.

Est-ce moins « performant » quand on monte presque toujours les côtes debout (debout sur les pédales je veux dire… 😉 ) ? Est-ce que ça aide à un meilleur positionnement du centre de masse en descente ?

Toi, l’as-tu conservé ? Quels sont les éléments qui t’ont aidé pour ce choix ?

Merci 100 fois, ton » éclairage » me sera utile.

Ce à quoi je réponds:

Le King Kikapu vient avec le guidon « riser » et ce serait un sacrilège de le remplacer par un guidon plat. Tout comme ce serait un sacrilège de mettre un riser sur un Cannondale. Tout comme il serait très mal vu de rajouter des extensions de guidon sur un guidon surélevé. Tu me suis?

Le « Look and feel », comme on dit en jargon web, du King Kikapu passe selon moi par le guidon large et surélevé. Je le conserve donc sur mes Konas depuis l’époque Explosif. Je ne te cache pas que la transition fut surprenante. Moi qui ai toujours grimpé en danseuse les mains sur les extensions de guidon, je trouvais bizarre de me retrouver dans une côte abrupte avec les poignets qui viennent me frôler la poitrine. Par contre, les avantages en descente sont assez appréciables pour faire oublier cet inconvénient. Comme tu l’as deviné, cela aide beaucoup à « un meilleur positionnement du centre de masse ». La position plus relevée permet un meilleur contrôle et diminue les chances de passer par-dessus le guidon, phénomène que tu as dû expérimenter avec ton Cannondale. En bref, je réponds « oui » à tes deux questions. Oui c’est un peu moins performant en montée et oui, c’est vraiment beaucoup plus performant en descente. Personnellement, j’ai beaucoup plus à gagner en descendant que le peu que je peux perdre en montant, tant pour les performances en course que pour le plaisir de rider. Le guidon riser présente donc un très net avantage et je le recommande.

Je te suggère donc le statu quo. Essaie le riser pendant au moins une saison, tu m’en diras des nouvelles. Ah oui, une dernière chose, le guidon riser « stock » qui vient avec ton Kikapu est conçu pour une largeur d’épaule de solide ailier droit. Tu devras couper ton guidon pour le ramener à la dimension de tes frêles épaules. Tu peux aussi commander un guidon Easton plus étroit, mais attention, la courbe est différente et il « rise » un petit peu moins haut.

Depuis cet échange, la neige a fondu, Indy a gardé son guidon riser, l’a coupé à la bonne largeur et, horreur! elle a installé des extentions de guidon au bout. » Pas question que je m’en passe pour le moment : mon plus grand plaisir à vélo est de monter debout. Pis ça change le mal de place ! Et, pour le moment, c’est clair dans ma tête que lorsque les poignets me frôleront la poitrine dans une montée, il y aura probablement des années que je ne ferai plus de vélo… » explique-t-elle.

Voilà, j’aurai quand même essayé de lui faire comprendre, mais en vain. Pourquoi vis-je? À quoi sers-je? Quelle est la raison de ma présence ici-bas, si mes lecteurs n’écoutent même pas mes conseils? Sans blague, Indy nous promet de nous faire ses commentaires cet été sur son nouveau vélo et guidon.

J’ai trouvé par hasard cette photo, qui va bien avec le sujet: Guidon riser, gants Kona, extensions de guidon « old school » et… un timide sourire.