Médias et sport amateur

La lecture de mon journal m’a poussé à la réflexion suivante, que j’ai adressé au Soleil et que je vous fais partager, pour sonder votre opinion sur le sujet:

Récemment dans le journal Le Soleil, Normand Provencher déplorait à raison le fait que les jeunes soient de moins en moins actifs et de plus en plus adipeux. Il faisait l’éloge d’un de ses professeurs qui avait su guider ses élèves vers la pratique du sport. De tels gestes méritent en effet d’être soulignés, qu’ils soient posés par des professeurs, des professionnels ou des bénévoles. Cependant, le sort de la santé de nos jeunes ne repose pas uniquement sur les épaules de ces gens.

Nous avons tous une part de responsabilité face à ce problème. Je vous épargne le discours sur les valeurs que nous devons inculquer à nos jeunes, soyons concrets : Le salut pour la santé des jeunes, c’est le sport amateur, peu importe quelle forme il prend.

Les parents doivent non seulement encourager leurs enfants à participer à des activités sportives, mais souvent s’impliquer bénévolement, car les structures d’organisation du sport amateur ne sont pas riches. Si elles fonctionnent correctement, c’est avant tout grâce à la bonne vieille huile de bras de bénévole.

Le Gouvernement aussi doit comprendre que les sous investis dans le sport amateur sont des sous épargnés au budget de la santé. Pour pouvoir financer le secteur de la santé, l’état doit couper les subventions aux organisateurs d’événements sportifs de masse. Quand comprendra-t-on qu’il vaut mieux (et coûte bien moins cher) prévenir que guérir?

Les médias aussi doivent faire leur examen de conscience. Faisons le tour : À la télévision, le sport n’est plus à la mode. Les bulletins sportifs qui accompagnaient les nouvelles ont à toute fin pratique disparu. Hebdosports, la seule émission qui parlait de sport amateur à Québec, a été retirée de l’horaire l’an dernier par TQS, au profit d’une infopub. Évidemment, les émissions sportives qui subsistent, tout comme les chaînes spécialisées, couvrent bien peu le sport local et n’ont de place que pour les sports professionnels « classiques » : hockey, baseball, football, F1, etc.

À la radio, le sport est au contraire à la mode! Sauf qu’encore une fois, il se limite au cercle vicieux des sports professionnels, servis ad nauseam par de risibles gérants d’estrade.

Le Soleil tombe malheureusement dans le même panneau. Prenons un cahier des sports au hasard : le 9 novembre, Nicolas Gill était le seul représentant des sports « marginaux » Tout le reste du cahier des sports fut consacré au hockey-football-baseball-etc. L’habituelle colonne des communiqués sur le sport local, qui a maigri depuis un certain temps, était carrément absente.

L’ironie a atteint son comble ce lundi matin d’octobre, où on titrait en première page que des représentants du Tour de France en visite étaient étonnés de l’engouement du public canadien pour le cyclisme. Un coup d’¦il au cahier des sports du Soleil les aurait fait déchanter : la veille avait eu lieu l’événement par excellence en cyclisme après le tour de France, soit la course sur route du Championnat du monde. Ça se passait tout près d’ici, à Hamilton, en Ontario. À part une minuscule colonne de résultats perdue au milieu des pages de statistiques, à coté de la liste exhaustive des blessés des 24 équipes de la NFL, rien! Pas même un tout petit communiqué pour nous dire qui était le nouveau champion du monde ou comment nos canadiens s’étaient débrouillé, absolument rien! Avant de parler d’engouement, on repassera!

La couverture du cahier des sports de ce matin rajoute de l’eau à mon moulin : une photo de nos « glorieux » en action, coiffée du titre « spectacle désolant ». Que dire de plus? Donnez-nous un peu moins de ce désolant sport professionnel et un peu plus de sport amateur! Parlez-nous de ce qui se passe chez nous, à Québec. Des petits exploits comme des grands. Des ligues étudiantes, des ligues de garage! À la télévision, ramenez-nous les héros du samedi! C’est là que le sport se vit dans la vraie vie, c’est là que nos jeunes doivent se diriger pour se prendre en main et acquérir les bases physiques et mentales qui guideront leur vie d’adulte. En leur donnant comme modèles des professionnels gâtés, nous sommes en train de les dégoûter et d’en faire des générations de sportifs de salon, d’« amateurs de sports » affalés dans leurs fauteuils.

Le message est simple : Valorisons le sport amateur, les jeunes vont embarquer et tout le monde s’en portera mieux.