Raid Brun du Nord: tout un baptême pour Marie-Hélène Prémont

Deux jours avant le Raid Bras du Nord, Marie-Hélène Prémont songe à y participer, car elle est en période de « load » en prévision des olympiques. Elle me demande à quoi ça va ressembler, je la rassure: Ça va être un beau raid, bien planifié, beau parcours costaud mais sécuritaire et blah blah blah, etc.

Convaincue, elle décide même de le faire avec un Camelbak, pardon, un Hydrapak, pour faire comme les vrais raideurs. Sur place, elle a droit aux honneurs protocolaires, comme il se doit pour une athlète qui soulève ainsi notre fierté.

Le départ est donné et le peloton traverse les rues de Saint-Raymond en douceur, s’engage sur la piste cyclable en douceur et roule en douceur pour une dizaine de kilomètres. J’explique à Marie qu’elle est très respectée car personne n’a osé encore passer devant nous et s’énerver comme c’est souvent le cas avec certains coureurs lors des départs de Raids. Pierre Harvey n’a jamais réussi cet exploit, même dans un événement portant son nom!

Moins d’un kilomètre avant de quitter la piste cyclable et commencer avec les premières côtes, nous avons le malheur de laisser passer quelques coureurs et le pace augmente soudain. Par mesure de sécurité, je reste dans la roue des premiers, que je connais et qui savent rouler. Je ne pense pas à mettre en garde Marie contre les énervés dangereux, croyant qu’elle roule tout près derrière.

J’apprendrai après l’arrivée ce qui s’est passé derrière: des coureurs au trop-plein de testostérone, convaincus que l’issue du Raid se jouait à cet instant crucial, bataillèrent pour garder une bonne position, faisant des mouvements du genre qui ne se font pas dans un peloton et du genre qui ruinent la réputation des cyclistes de montagne et du genre pas prudents pantoute et du genre qui risquent de provoquer des chutes et Bingo, ce qui devait arriver arriva… accrochage, chute, carambolage, Marie-Hélène qui vole dans les airs et retombe durement sur la foufounne droite. Ayoyye! Bobo.

Elle se relève et continue, malgré la douleur. Elle capote un peu pas mal, une blessure, même mineure, à quelques semaines des jeux, c’est pas bon. Elle craint d’aggraver le cas en continuant de rouler. Elle consulte autour:

-Dominique, mon cuissard est-tu déchiré, j’ai-tu une bosse sur la fesse?
-Euh… hum, non, non, ton cuissard est normal.
Contre-expertise :
-Jocelyn, regarde bien mes deux fesses et dis-moi si elles sont pareilles ou si la droite est enflée?
-Attends un peu… Euh… non, non, elles sont bien pareilles…

Elle continue donc, mais elle est pas contente après les gars qui ont causé l’accident. Moi non plus je le serais pas. Surtout que sa patte de dérailleur a plié sous l’impact de la chute et que ça shifte tout croche depuis. Quand rien ne va, rien de tel qu’une bonne crevaison pour vous changer les idées. Marie-Hélène répare et continue… Une pluie fine tombe maintenant, mais rassure-toi Marie, cela ne durera que quelques heures. Les sentiers se transforment en lacs de boue glissante, mais l’eau est chaude un coup saucé.

Après 4 heures 40 de phytothérapie, Marie débouche sur l’asphalte et demande à un bénévole si ça va plus vite de revenir au Centre de ski par là. Oui? Parfait! C’est assez comme entraînement aujourd’hui! On rentre à la maison. Plus loin, un autre bénévole en pick-up lui offre un lift… Oui, pourquoi pas!

En soirée, au téléphone, elle me rassure: Elle ne semble pas blessée sérieusement et somme toute, elle est satisfaite de cet entraînement, mais elle a eu la frousse et elle avoue qu’elle n’avait pas le sourire au visage tout le long de la course. Elle a quand même bien apprécié le parcours et la qualité de l’organisation et regrette de n’avoir pu terminer dans les règles. Elle se reprendra peut-être, lors d’une année non-olympique!