Voici un autre classique diaporama:
Il était une fois un petit garçon nommé Zac qui aimait beaucoup faire du vélo dans la rue, accoutré de ses protections de «donnilleur»
Il pédalait donc joyeusement dans la rue, en compagnie de son amie Christina et de sa petite sœur Léa. Derrière eux se cachait le méchant SUV polluant de la maman de Zac, jaloux de tous ces vélo écologiques.
Un jour, Zac prêta son vélo à Jean-Michel, qui le laissa sur le bord de la rue, devant l’entrée chez Zac.
Un sourire machiavélique se dessina dans la calandre étoilée du méchant SUV. Il ricana toute la nuit, fomentant sa revanche. Le pauvre petit vélo rouge comprit les intentions malveillantes du méchant véhicule, mais personne ne vint à sa défense. Ses petits cris se perdirent dans le silence de la banlieue endormie.
Le lendemain, au petit matin, la maman monta dans sa voiture. Le cruel SUV fit marche arrière comme si de rien n’était. Le petit vélo rouge cria de toutes ses forces : «NON! NON! Pitié!» mais rien n’y fit… Dans un sinistre craquement doublé d’un éclat de rire démoniaque, le méchant SUV écrasa le petit vélo rouge!
Pauvre petit vélo rouge, il se retrouva fort mal en point. Sa moelle épinière fut épargnée, mais sa colonne resta toute tordue, tant et si bien que même le meilleur chiropraticien n’aurait pu le soulager. Il gisait sur le pavé, inconscient. Sa manivelle droite fut atrocement écrasée, au point de ne plus pouvoir tourner.
Le papa et la maman de Zac lui expliquèrent que son vélo ne s’en sortirait pas et qu’il faudrait en acheter un nouveau.
Zac fut d’abord très très fâché. Puis, il eut beaucoup de peine. Il ne voulait pas d’un nouveau vélo, il voulait garder son petit vélo rouge. Papa lui montra le beau vélo qu’il voulait lui acheter en remplacement, mais rien n’y fit, le petit garçon était inconsolable. Il passa le restant de la journée couché dans le garage au chevet de son petit vélo rouge et attrapa une grosse grippe. Après que le bambin fiévreux ait passé trois ou quatre nuits en petit pyjama sur la dalle glaciale de cette pièce inhospitalière, le papa trouva que ça avait assez duré, et qu’il était temps de le soigner (le vélo).
Zac et son papa se pointèrent donc sans rendez-vous à la clinique d’urgence, sur l’Avenue Royale à Beauport, un endroit mystérieux appelé Cycles Royale ou Général Golem, personne n’est trop certain.
Dans cet antre de la néo-technologie-post-moderne-d’avant-guerre, ce dernier bastion du gros bon sens et de la pensée rationnelle au service de l’efficacité vélocipédique, ils rencontrèrent le grand gourou en chef Nicolas.
«Mais quel est cet étrange prototype entre vos mains, Nicolas ?» demanda le papa. «C’est l’alternative idéale pour M. et Mme Tout-le monde qui recherche un vélo avant tout confortable. Il offre une position relaxe et permet de mettre les pieds par terre facilement, sans risque de déséquilibre».
«Nous vous amenons ce pauvre petit vélo amoché, pensez-vous pouvoir le ressusciter?»
«Hisssh, il est passablement amoché, mais nous devrions pouvoir le ramener à la vie. Dès que nous aurons terminé nos activités de classement, nous nous occuperons de lui».
«Oh! Je vois que vous avez du pain sur le plancher. Votre inventaire recèle certains items assez particuliers».
«En effet, nous sommes particulièrement fiers de garder ici des pièces exclusives, tel que ce dérailleur Ofmega».
«Particulièrement cool, indeed. Mais dites-moi, pendant que nous sommes là, pouvez-vous nous dévoiler les mystères de votre arrière-boutique, là où vous fabriquez les vélos Golem et Général?»
«Mais z’avec plaisir, veuillez me suivre».
«Voici tout d’abord un outil dont je suis passablement fier. Il s’agit d’une table de montage permettant de souder des cadres. Vous savez que la pratique courante consiste à souder les tubes du vélo à partir du pédalier en allant vers l’extérieur, pour aboutir aux fourches supportant les roues. Or, une infime déviation dans le positionnement des tubes à l’origine peut se trouver aggravée à mesure qu’on s’écarte vers l’extérieur du vélo. Le cadre résultant souffrira souvent d’un mauvais alignement et n’aura pas un comportement agréable sur la route ou le sentier et sera plus difficile à conduire. J’ai choisi l’approche opposée, en construisant mes cadres à partir des roues. De l’extérieur vers l’intérieur. De cette façon, ceux-ci sont parfaitement alignés».
«Bon sang, mais c’est bien sûr! Il suffisait d’y penser, comme on dit».
Nicolas entraîna par la suite ses visiteurs dans le soubassement de sa boutique, qui rappela au papa un passage savoureux de son film préféré, Pulp Fiction. «Bring out the gimp!» lança-t-il dans une autre envolée de son humour débridé. Dans un coin, ils découvrirent la chambre à peinture. La minuscule pièce était aseptisée, éclairée de toutes parts par des néons. Nicolas revêtit son équipement de peintre. Le papa fut frappé par la boucle de ceinture de son système respiratoire, arborant un superbe logo nacré vert et blanc Labatt 50.
Il fut aussi ému par l’étonnante simplicité du support bizouné sur mesure pour soutenir les cadres dans cette antichambre.
Et que dire de l’ingénieux four où les cadres fraîchement peints subissent le traitement thermique approprié.
Les visiteurs remarquèrent la finition impeccable d’un cadre single speed et d’un autre de montagne, affichant tous deux le prestigieux logo Golem. Les visiteurs prirent congé de leur hôte, non sans s’enquérir de ses prochains objectifs sportifs, qui à leur grande surprise, débordaient du cadre cycliste. S’attaquer au record mondial de vitesse à voile sur un frêle esquif fabriqué de toutes pièces dans un coin de cette boutique avec du styrofoam rose, c’est tout de même peu banal.
Ils retournèrent à la boutique quelques jours plus tard et ce fut Guillaume Golem en personne qui les accueillit avec un immense sourire. Le petit vélo rouge avait retrouvé sa forme d’antan! Miracle! Allélouya! Praise the lord!
Zac retrouva avec une joie non-dissimulée son vélo miraculé. Il était revenu comme avant, droit comme un i. Quelle joie dans les yeux du petit garçon!
«Merci, Guillaume! Merci beaucoup Nicolas!».
«Nous n’avons malheureusement pas pu remettre à l’endroit le collant Félix et William sur le tube du haut.» précisa l’humble travailleur.
«Non, c’est très bien comme cela», répondit le papa. «C’est précisément la raison qui a motivé cet achat. Imaginez, c’est une pièce unique, sûrement le seul vélo ayant échappé aux rigoureux processus de vérification de la qualité caractérisant cette illustre marque».