J’avais bien dit à Alain de se garder des énergies pour les 10 derniers kilomètres car les faux-plats dans les champs étaient plus difficiles qu’ils n’en avaient l’air. C’était sans compter le nouveau détour dans la bouette qu’on nous avait réservé. Malgré mes recommandations, Alain, se sentant bien, a « ouvert la machine » après le dernier ravitaillement. Sans remplir son Hydrapak.
Il s’est retrouvé à rouler en compagnie de Ginette Plante, de Forestville. Ce qui devait arriver arriva: défaillance et manque de liquide. Ça lui apprendra à essayer de suivre une raideuse accomplie. Alain s’est senti mal, la tête lui tournait un peu, le cerveau se sentait à l’étroit sous le casque. Il a donc demandé à Ginette de l’attendre, qu’il ne savait pas trop s’il allait perdre la carte. Ginette, en bonne mère-poule, a veillé sur notre poulain jusqu’au bout, le ramenant au bercail sain et sauf. Il faut dire que Ginette et surtout son chum sont de grands amateurs de télé-réalité et ont suivi avidement sur le Web notre série « En route pour Sainte-Anne ». Elle savait qui était son protégé et quel défi personnel il avait entrepris.
Quelques jours plus tard, elle a pris la peine d’y apporter sa contribution. En passant, si vous êtes un Alain vous aussi, écrivez-nous votre expérience. Il y avait beaucoup de recrues cette année et Gestev peut dire « mission accomplie », nous avons recruté pas mal de Monsieurs-Madames-tout-le-mondes.
Merci à Ginette. Voici son texte. Je suis sûr qu’il va tirer une larme à Alain.
Dimanche 19 juin, au Mont Ste-Anne:
«Voici mon nouvel ami, Alain, celui que j’ai adopté comme mon p’tit frère du Raid Vélo Mag». J’ai déjà un frère du même prénom, que j’ai toujours protégé depuis notre enfance, alors je peux bien en avoir un deuxième pour une journée… Alors qu’on se croise et que l’on se reconnaît même si le visage n’est plus recouvert de boue. Je peux enfin le présenter à mon chum, lui qui nous avait raté hier à l’arrivée du Raid Vélo Mag, comme bien d’autres personnes d’ailleurs!
Samedi 18 juin, au 2e ravitaillement:
Les genoux en sang, la boue dans le visage et l’air un peu dépassé par ce surprenant parcours couvert de boue, de ruisseaux, de ponts dangereusement abimés par les dernières pluies. Un peu plus de 400 cyclistes ont pris le départ ce matin au carré d’Youville et il a fallu que je tombe sur lui…mon chum m’avait pourtant prévenu qu’il y aurait un imposteur parmi les participants, un faux cycliste de vélo de montagne (mon chum est un inconditionnel des chroniques de Gilles Morneau)
Méchant défi que lui ont lancé ses copains…au fait ils étaient où ses copains, dans le peloton de tête sans se soucier de leur ami inexpérimenté, seul (ou presque) dans les bois profonds de la banlieue de Québec. Et à l’arrivée, après 7 heures 14 minutes d’efforts; personne pour l’accueillir sauf l’annonceur-maison et le bénévole à l’accueil qui commençait à trouver la journée bien longue avec ces retardataires bien décidés à terminer leur raid malgré les obstacles . Et pour comble de malheur, on lui offre un lait au chocolat pour le réconforter au lieu de sabrer le champagne pour fêter sa réussite! Je proteste…Alain méritait mieux comme accueil. Mais je suis là … mince consolation, depuis quelques bonnes heures, nous avons poursuivi ce chemin de croix du haut de la Basilique de Ste-Anne de Beaupré, sirotant notre boisson énergisante réduite avec de l’eau pour ne pas en manquer, dégustant le petit sachet de potion magique pour que nos jambes ne nous lâchent pas, pédalant de temps en temps, plus souvent qu’autrement en marchant , poussant nos vélos ensevelis sous la boue. Mais on y est parvenu et «Bravo Alain» , tu as réussi à relever le défi.
Si tu poursuis ta carrière de cycliste de vélo de montagne extrême, n’oublie pas ton «Gatorade», c’est tout ce qu’il te manquait. Je ne te dis pas à l’an prochain, on attendra sagement de voir la température les jours précédents le Raid. Garde la forme et amuse-toi autant que moi à vélo