La nouvelle du scandale à Whistler relance toute la polémique de la légitimité d’une athlète trans-sexuelle dans le sport de haut niveau. Vous voulez mon opinion? Elle n’a pas d’affaire là. Libre à elle de changer de sexe, mais ça devrait l’exclure automatiquement de la compétition sérieuse, point. Mais dans notre société axée sur les droits de la personne, on charrie pas à peu près.
David Desjardins, éditorialiste au journal Voir, s’est exprimé sur le groupe de discussion et ça vaut la peine de le lire:
Cette situation est très compliquée. Et surtout, parfaitement injuste. D’un point de vue légal, ça ne l’est pas. Qu’on accorde, en société, les mêmes droits à tout le monde, peu importe l’orientation, ou la transformation, modification, upgrade, downgrade ou ce que vous voulez, c’est tout à fait normal. Sauf que concernant Michèle Dumaresq, je débarque.
On est là devant l’exemple parfait d’une rectitude politique qui empêche de constater une évidence: le respect des droits individuels poussés jusqu’à la limite du tolérable, et qui plus est, le respect de ce droit individuel constitue une entrave pour le reste de la société dont il est ici question, et donc de la très vaste majorité des coureuses de DH qui n’ont jamais connu l’incommensurable bonheur que constitue le port de l’appendice pénien et tout le bataclan génétique qui vient avec.
On est là dans un cas d’injustice flagrante, dans un cas de dopage, et même, j’oserais dire, d’usurpation d’identité, mais il est impossible de le dire.
Pourquoi?
Parce que cela sera considéré comme une forme d’intolérance.
Heille, c’est pas aux cartes qu’elles jouent les filles. Elles font un sport de malade mental qui, de surcroit, nécessite une charpente et une musculature qui peuvent faire toute la différence sur un parcours difficile.
Ce n’est pas d’hier que la présence de Dumaresq sur le circuit suscite la controverse, et il faudra bien, un jour, que les grandes instances du sport se penchent sérieusement sur la question au lieu de fermer les yeux de peur d’être taxé de bigoterie.
La tolérance de la majorité envers la minorité est une nécessité, même plus, c’est une condition sine qua non au « vivre ensemble » de notre société.
Mais la tolérance n’est pas une soumission.
Remarquez, je déplore le geste public qui a été commis à Whistler. Gros manque de classe.
Mais bon, c’est à se demander si L’IOC, l’ACC et l’UCI ne devraient pas récupérer les couilles qu’on a enlevé à la désormais célèbre coureuse transgenre pour se les faire greffer.
Emmanuel Moisan, ex-manager de l’équipe Balfa, en connaît pas mal sur la question et son opinion va plus loin que les droits de l’homme (ou de la femme):
- Est-ce que le t-shirt de Danika est pire que les wrist bands « Dopers Suck » que Kabush à déjà porté sur des podiums??Les deux dénoncent des injustices dont ils se croient victimes non?Alors on se vexe pourquoi?Les décorum souillé d’une cérémonie officielle? Peut-être un peu.Mais on est surement plus mal à l’aise que vexés parce que l’une dénonce une autre personne qui n’a rien fait d’illégal en plein dans sa face, alors que K-bomb dénonce un cancer, un fléau qui ronge notre sport, et ça c’est très beau comme geste. Surtout qu’il ne vise personne. Ahhh ça c’est bon, des accusations qui n’accusent pas, ça passe bien mieux, même que ça nous fait esquisser un sourire. Surtout qu’on sait que tout le monde ou presque est visé par ses accusations!!!
- Imaginons ceci : Le Kabush en question en a marre de sa bite et décide de se la faire couper. Ensuite, il décide d’aller sacrer des baffes à MHP sur les tourniquets de XC… Je pense, non je suis 150% certain que ça japperait pas mal plus fort du côté XC que ce que les descendeuses canadiennes ont fait depuis le premier championnat canadien de Michelle il y a environ 5 ans. Bon, surement que MH ne ferait pas une crise en public, car ses commandiatires la payent chèrement pour ses exploits et sa conduite; Alors ils prendraient le dossier en main et le fric dicterait la bataille ce que le DH ne peut se permettre, faute de ca$h…
- Alors on dit que le geste de Danika sera néfaste pour l’image des descendeurs? Surement qu’on passera encore pour des demeurés-barbares-sans-éthique. Et puis alors? C’est pas nouveau, on s’en fout royalement et ça n’a jamais empêché personne d’enfourcher un big bike s’il ou elle le désire (comme le skate board, le snow…) Mais qu’en est-il de l’impact de Michelle Dumaresq sur la relève en descente féminine? Les petites filles qui s’intéressent à cette discipline, et qui voient qu’une fois rendues Élite, elles devront affronter une fille de 180 livres avec des troncs d’arbres à la place des jambes, et avec un niveau de testostérone qui sera toujours beaucoup plus élevé que le leur? Et bien elles abandonnent en grand nombre. Il y a 5 ans, la classe JR Femme était compétitive, avec une belle petite relève, solide, déterminée. Maintenant? Elles étaient 2 au départ des Nationaux, et souvent aucunes sur les provinciales… Ironiquement, et par chance, l’une de ces juniors est parmi les meilleures du monde…Par contre, et même si je crois que l’impact que Michelle a est plus négatif que positif pour le DH, il faut aussi (et surtout) faire preuve de tolérance et de respect. Je la connais un peu Michelle Dumaresq et je peux dire que c’est une personne qui respecte tout le monde. Elle est courageuse et convaincue (!). Elle ne cherche pas la controverse. C’est juste une fille née dans un corps de garçon qui adore rouler en bike… Pouquoi elle ne court pas en classe Expert pour éviter la controverse (souvent liée aux bourses et aux places sur l’équipe canadienne)? Parce qu’elle est compétitive et surtout parce que entre ses deux oreilles, c’est une fille et l’a toujours été; Elle se croit donc dans son plein droit…Tu sais, ça ne date pas d’hier cette saga, ça fait plus de 5 ans que ça dure. C’était la même chose du temps ou je dirigais l’équipe Balfa. Dans le temps, Claire Buchar (4ème des Nationaux 2006) dénoncait l’injustice dans des entrevues. Résultat? le journaliste pondait un papier sur la bizarre histoire d’un gars-fille qui fait du bike et qui gagne des courses. Les filles du circuit n’ont jamais eu de tribune pour donner leur avis. Cassandra Boon, un des beaux talents canadiens en descente s’est même retirée en partie à cause de cela. Le geste de Danika n’est pas tombé du ciel. Il a été forcé par les instances cyclistes (Cycling BC, ACC, UCI) qui n’ont JAMAIS prêté oreille à un problème évident que les filles ont essayé de soulever à maintes reprises. S’ils le faisaient, c’est un véritable guêpier juridique qui les menace j’en conviens. Par contre, un jour ou l’autre, ça va arriver dans une discipline Olympique à grande visibilité et ils n’auront pas le choix…
En conclusion, David et Manu ont raison de dire que ce cas est « un bel exemple d’un droit individuel qui prime sur le droit collectif ». Un peu comme le port du Kirpan dans les écoles. La majorité doit se plier à quelque chose qui n’a pas de bon sens pour qu’une minorité puisse vivre sa différence.