Randonnée du silence : Le Léa Report

C’était la Randonnée du silence avant-hier et pour une fois, j’ai pu me libérer pour y aller. J’ai invité les enfants à me suivre. Pour Zac, la perspective de rouler une heure sans parler était, je cite, «insupportable»; il est donc resté à la maison. Léa, par contre, était curieuse de voir ce rassemblement et elle a amené son appareil photo pour nous faire un petit reportage. Tirons-lui les vers du nez.

Gilles:Une dame t’a parlé avant le départ, qu’est-ce qu’elle t’a dit?
Léa:Elle m’a demandé si j’étais la plus jeune ici. J’étais gênée, j’ai répondu que je croyais que non, il y a des bébés dans des remorques. Elle m’a dit «je vais te faire une confidence: je crois que je suis la plus vieille».
Gilles:Et tu crois qu’elle disait vrai?
Léa:non, elle n’était pas si vieille.
Gilles:Qui était le plus vieux, tu crois?
Léa:Heu… toi?
Gilles:Grrr, non… quand même, Jean Charest, le monsieur frisé sur le stage, est plus vieux que moi (de au moins deux mois et 6 jours).Y’avait aussi JEAN-CHARLES OUELLET quand même. Sans oublier Pierre Gendron…Et tu oublies nos amies…hish, j’ai failli dire leurs noms, elles auraient pas été contentes.
Léa:Je crois que le plus vieux, c’était le monsieur qui nous a dit de garder la minute de silence.
Gilles:Louis? C’est vrai qu’il est pus jeune lui non plus.
Léa:Non, un curé, plus petit…
Gilles:Ah! Le père Boulay. Il est pas grand mais c’est un grand homme. As-tu trouvé qu’il y avait beaucoup de monde?
Léa:Oui, c’était full plein, des milliers, tout partout.
Gilles:La fédé dit 1500, le Soleil dit 1000, à l’œil, je dirais que ça tournait autour de 1876 approximativement. As-tu aimé ta randonnée?
Léa:Oui, j’aimais ça quand ça allait vite, mais moins quand on arrêtait et il fallait avancer très lentement.
Gilles:Par où on est passés?
Léa:Je sais pas, je suivais le groupe. Je sais qu’on est partis de l’Université Laval et j’ai reconnu quand on est passés devant le comptoir à crème glacée à côté du Pizzamag.
Gilles:T’as pas eu trop de misère à garder le silence?
Léa:Heu, non, on s’est quand même parlé tout bas. Toi tu parlais tout le temps.
Gilles:Ben, il faut bien saluer les amis, et on dirait qu’ils étaient tous là… On a rencontré Dean Bergeron, notre champion paralympique qui s’entraîne pour le triathlon de Montréal et attend sa nouvelle chaise de montagne pour pouvoir enfin goûter aux sensations du vélo de montagne.Au rayon des handicapés sportifs qui donnent l’exemple, y’avait aussi François Morin, dont on parlait dans le Vélo Mag y’a pas si longtemps, avec sa prothèse de mutant et son chandail de leader du Trans-Rockies, cadeau de Auclair et Amyot.Y’avait aussi ce monsieur avec une prothèse encore plus mutante, qui s’est fait amputer la jambe après qu’une auto l’ait frappé à vélo (si c’est bien lui dont on parle dans le Soleil d’aujourd’hui)Y’avait ce jeune qui voyage partout avec ses parents, qui avait l’air d’apprécier sa randonnée.Y’avait Denis Bouchard, mais y’est pas handicapé. Y’avait Paul-Aimé, Pierre-Étienne et Claude, avec leurs beaux maillots du Club cycliste Québec Métro (Boulododo) (anciennement Ste-Foy, mais Ste-Foy, ça existe pus, d’où le retour au nom original), y’avait qui donc? Ah oui, y’avait Florence, que j’ai même pas reconnu, y’avait Gabriel qui nous a dépassés comme une balle avec son gros Pugsley.
Léa:Y’avait un champion du monde, avec un maillot comme maman.
Gilles:C’était pas un vrai de vrai, je lui ai demandé. C’est une réplique achetée en solde chez Louis. Un jour, il en aura un vrai.
Léa:Y’avait un monsieur habillé en croque-mort sur un grand bi.
Gilles:Y’avait toute sorte de monde, finalement. Des jeunes, des vieux, des vites, des lents, des riches, des pauvres, mais tous des cyclistes qui réclamaient la même chose. Qu’est-ce qu’ils réclamaient, t’en souviens-tu?
Léa:Oui, plus de prudence pour les autos pour qu’il y ait moins d’accidents.
Gilles:Crois-tu que ça va fonctionner? Que les automobilistes vont maintenant nous respecter plus après ce défilé?
Léa:Je sais pas, le monsieur de St-Hubert, en tout cas, y’était pas content.
Gilles:C’était Rotisserie Benny, mais raconte.
Léa:C’était St-Hubert…
Gilles:Benny.
Léa:St-Hubert, je te dis. Il attendait devant notre file de vélos et a demandé au monsieur qui bloquait la rue, un monsieur du club pour la sécurité, tsé…
Gilles:Les sentinelles…
Léa:Oui! les Sentinelles de la route! Le livreur était fâché, il a demandé «Des biciks, y va en avoir pour combien de temps encore?» Le sentinelle a répondu «je dirais 4-5 minutes encore». Le livreur était découragé et y’a dit un gros mot: «Ah, Tabar…»