Mireille Montminy dans l’enfer de l’Ultra Défi

Du 22 au 24 août 2014, a eu lieu au départ du Saguenay la plus longue course cycliste au Canada. Un défi cycliste sportif de longue distance qui consistait à faire une boucle de 1000km (7000m de dénivelé positif), en moins de 65h !!

Inspiré des plus grandes épreuves d’ultra-cycling et de brevet randonneur d’à travers le monde, tel que la RAAM (4800km), Paris-Brest-Paris (1200km) ou la Rocky Moutain (1200km), l’Ultra Défi est un événement sportif de grande envergure, mais également une compétition amicale.

Mireille Montminy, directrice des TI chez Lambert, qui depuis des temps immémoriaux court les événements d’endurance partout sur la planète, a participé et surpris tout le monde avec une première place chez les femmes et une troisième place au général. Elle nous a proposé le récit de son aventure, lisez ça, c’est passionnant.


Un jour, Brigitte me montre un petit vidéo sur un site web d’un original qui décide de faire le repérage pour une éventuelle course de 1000 km .. Je dois avoir des atomes crochus avec les hurluberlus puisque tout de suite l’idée me plait et que je décide d’en faire un de mes objectifs de ma saison de vélo 2014! Voici comment j’ai vécu cette fin de semaine un peu irréelle…

Jeudi:
Brigitte et moi sommes arrivées à Saguenay vers 16h00, le GPS nous conduisant dans un vieux et magnifique presbytère, juste à côté de la petite maison qui pisse de l’eau par la porte avant. Je l’avais déjà vue en photos, mais jamais en vrai.

Dès notre arrivée, il était facile de repérer Sylvain Grenier avec son style grand jeune homme à la bouille sympathique qui porte le cheveu long. Dès les premières minutes, nous échangeons sur le déroulement de la course et sur nos expériences passées. Rapidement je réalise que je ne suis pas de taille avec mes longues distances de vélo de montagne…genre 160km par jour, alors que lui a fait des Montréal-Saguenay plutôt souvent!

Ensuite débute l’analyse des autres participants, tout le monde est sympatique, mais semble s’étudier un peu. À ma gauche, une grande pièce d’homme me lance soudain que je suis courageuse de faire ce genre d’épreuve. Je lui demande pourquoi je suis plus courageuse que lui? Il me répond parce que je suis une femme! Ah bon?… à suivre. Je ne connais pas encore le nom de ce grand bonhomme et j’ignore encore que la fin de semaine me donnera amplement l’occasion de le connaître.

Une présentation du parcours suit, avec explications détaillées….shit, 1000km d’explications c’est vraiment LONG, surtout quand l’organisateur essaie de faire vivre les sensations qui viennent avec chacune des côtes, les moments de solitude et la longue ligne droite pénible (à ce sujet j’ai cherché durant la dernière journée la grande section découragante, et je suis certaine qu’il y en avait plus qu’une.) Tout ça, sans oublier que les explications comportaient des mentions sur le « attention » virer à gauche et ensuite à droite suivi de … on est rendu ici au 956km …ben là, y’à aucune chance que je me souvienne de tout ça, espérons que ce sera sur les fiches qui nous accompagneront 🙂

Après un très bon souper concocté par une nutritioniste (qui est, en ce qui me concerne, une légende urbaine, puisqu’on ne l’a jamais vue) nous sommes retournés dehors pour l’inspection du vélo. On a eu droit au toucher du pouce sur les pneus pour valider la pression, l’inspection de la lumière au travers le ziploc qui le contenait, essayage du kit réfléchissant pour la nuit et un magnifique sourire de la commissaire comme quoi je passais tous ces tests. Yé!

C’est pas tout ça, il faut penser à aller se coucher, le week-end risque d’être long….ok, ici le RV n’est pas tout a fait au niveau..on pourrait aller au fond du parking çà semble beaucoup mieux. Oups ici, on est sous un lampadaire, trop de lumières.. Ré-déplacement, enfin on est bien, on enfile nos pyj et soudainement le bruit commence BRRRRRRRRRRRRRR…RRRRRRRRRRR.RRRRRRR la génératrice d’un autre RV à l’autre bout du parking vient de partir. Impossible de passer la nuit là! Je capote et comme je me sens pas assez brave pour aller leur demander s’ils prévoient l’utiliser durant toute la nuit, en pyjama je me remets au volant pour traverser dans le parking en face de l’église. Là on est à côté d’un skate park, on va se croiser les doigts que ça se passe bien. Il est 21h30, il est temps de fermer les yeux.

Vendredi matin 5am :
Le Iphone se met à chanter sa petite musique numérique qui entamera la journée interminable qui débute. J’ouvre tous mes sacs, chacun contenant une spécialité vêtement de type : cuissards (qté 8, je sais pas à quoi m’attendre), maillots, sous-vêtements, bas/rallonges/tuques/gants. Je prépare mon kit pour la première sortie.

La stratégie de départ. Pour ce genre d’évènement c’est quand même important. Si tu ne veux pas te ramasser la dernière journée avec 400km à parcourir, avec une moyenne de 35km/h…ce qui est impossible, tu dois figurer ton plan de match. Typiquement je ne suis pas une fille de grande stratégie dans les évenements sportifs. J’ai toujours peur de me mettre de la pression. Primo, je dois tenir compte de mon besoin de dormir, contrairement à Sylvain Grenier qui peut oublier de dormir pendant 3 jours. Pour une première tentative de scénario, j’avais préparé un beau modèle excel avec une belle répartition égale de 4h de vélo et 4h de repos….pour réaliser bien vite que cette approche ne fonctionnait pas! Je terminais le lundi à midi. Ma seconde tentative me menait jusqu’à La Tuque la première journée et je devais y dormir un bon 6h….

Stratégie révisée. Le départ est donné et contrôlé a 10km/h sur la piste cyclable pour les 5 premiers kilomètres. Aussitôt que Sylvain donne le signal qu’on peut rouler à notre rythme, il y a un gars qui se met à grimper la première côte à un bon rythme, qui peut ressembler au mien quand je suis encore « fraîche » …alors je le suis. Je me retourne 1km plus loin et je suis maintenant seule en avant avec 2 gars. Je me mets à jaser avec mon géant qui me trouvait courageuse.. J’apprend qu’il se nomme Jacques Desmeules et… on manque notre premier embranchement ! Il va falloir se concentrer sur le parcours GPS et valider parfois avec les cartons dans la poche arrière qui énumère tous les virages étapes par étapes. Mes 2 partenaires n’ont possiblement pas une super accuité visuelle et un parcours sur un GPS avec un écran de 2pouces…c’est pas facile a déchiffrer quand tu roules. Là-dessus j’ai un avantage! J’ai le nez à 1 pied de mon GPS et je suis habituée à la lecture de tracé sur GPS. Je récolte donc le rôle de la « madame » qui donne les indications à voix haute pour les 40 prochains km. On est un derrière l’autre, et chaque fois qu’on tourne, je valide le GPS et je sors la carte de ma poche pour lire le nom de la prochaine rue à voix haute avec la distance approx. Je me sens vraiment comme la « madame » GPS de voiture 🙂

Tout en roulant, je me rapproche de Jacques pour lui demander quelle est sa stratégie pour aujourd’hui. Il me réponds : « Tant que je suis en forme, je pédale ».
Moi de répondre, » Heu, concrètement, quand tu es en forme tu peux pédaler combien de temps?
Jacques : « Jusqu’au Parc de la Mauricie c’est possible! »
Moi, dans ma tête: « Y’é malade! C’est à 400km !! »
Jacques: « La première journée, tu dois aller le plus loin possible, parce que la deuxième journée tu vas être moins bon et tu vas en faire moins ».
Moi, aussi malade que lui, mais comprenant bien sa logique, je réponds: «OK»! Je crois bien que je viens de flusher ma stratégie initiale et que je vais tenter la sienne. Il me reste juste à expliquer à Brigitte ma partenaire et support de course qu’elle ne va pas avoir droit tout à fait au repos promis lors de la vente de l’accompagnement comme une expérience reposante et relaxante 🙂

Le parcours est magnifique, les kilomètres défilent lentement mais sûrement. Le premier point de contrôle arrive très rapidement au Valinouet. Je me ramasse une poignée de noix et je suis repartie. Ensuite on roule jusqu’à St-Gédéon. Il est 12h18. 20min de pause pour faire le plein de crème solaire, bouchées d’ananas, 1 avocat, sandwich au végé pâté et hop on rembarque sur les vélos et repart encore tous les 3 (Jacques et Fred). Durant les prochains 50km, Fred se met à pousser fort sur les pédales et son rythme me convient moins. Ça ressemble plus à un tempo de cyclo sportive quand je pars pour un 160km, pas 400km. 😉

Je décide donc de le laisser aller et de plutôt suivre le rythme de mon gentil géant. Il fait chaud, et je dois faire attention pour boire davantage. Mes bidons restent pleins. Ah oui, je dis mes bidons, pcq je suis partie avec 3 bidons. Comme si je me prenais pour une micro brasserie et je transportais des saveurs différentes. Eau – First Endurance citron – Perpetuem au café. Quand je deviens fatiguée avec un p’ tit mal de cœur, alors c’est de l’eau avec un bidon de coke ! Fini le kiosque de dégustation après la première journée.

La route qui va nous mener à La Tuque est splendide ! Pour ce qui est de la civilisation, je me souviens avoir vue une pancarte Lac Bouchette et c’est pas mal tout comme souvenir. Sinon, c’est le up and down incessant sur une route en pleine forêt. Tu te retrouves dans ta tête, en pleine réflexion sur pleins de trucs pas très importants, mais tu fais du ménage dans tes pensées, surtout quand tu commences à en avoir du genre « merde que mon cou commence à être sensible… que j’ai hâte … » LA TU HURLES A TON ESPRIT DE REVENIR ICI DANS LE PRÉSENT, t’as pas le droit d’avoir ce genre de pensées. Avoir hâte à la fin, tu pourras y penser quand il te restera 3km avant le finish. Pour l’instant il ne faut que s’attarder à trouver le beau et le positif dans ce que tu es en train de faire en ce moment.

On arrive à La Tuque, il est 18h20. Il est bien trop tôt pour s’arrêter de pédaler. On est pas des chochottes! Pit stop: dans 20min on repart. Je dois me changer parqu’on va rouler de nuit, un nouveau cuissard sera un luxe bien mérité….je suis toute excitée d’embarquer dans un chamois bien sec…que je m’empresse de badigonner avec ma crème à fesse!

Un sandwich au poulet avec quelques carottes, chips au vinaigre, un avocat, un pouding au riz et…tout ce que je trouve…je mange en petite quantité mais il faut que ça goûte différent des barres sucrées ou gels que je mange en roulant.

C’est un départ en compagnie de Jacques et Fred. Fred a décidé de repartir avec nous vers Shawinigan. On roule 10km ensemble et Fred augmente le rythme à nouveau. Le voilà reparti seul en avant. Je le laisse aller et demeure avec mon compagnon. Le soleil se couche doucement à l’horizon et le paysage que ça donne avec la rivière St-Maurice en avant plan est à couper le souffle. Wow! On allume nos lumières 30 minutes plus tard et on passe nos vestes réfléchissantes. C’est dans le noir qu’on va parcourir la belle route qui sépare La Tuque de Shawinigan.

On arrive à l’hôtel des 10 à Shawinigan, pas très loin de l’entrée du Parc de la Mauricie, il est 23:49. Ma première journée est terminée! Ça donne 440km. J’ai besoin d’une douche et d’un repas chaud. À 1h30 am je suis sur FaceBook à lire les commentaires de mes amis, je suis incapable de dormir 🙁 mon corps transpire comme si je fesais de la fièvre. Je suis « high » ?! Et toute seule pour en jaser parce que Brigitte dort depuis qu’elle a mis le moteur à off dans le parking 🙂

Vers 2h30, je m’endors enfin et je me réveille à 5h. Départ à 6h avec Jacques.
Oucccchhhh les jambes ! J’ai les mollets super tights. Pas habituée de monter autant de côtes debout. (habituellement je monte assis, mais pour sauver mes cuisses ce wk, je monte presque toutes les côtes debout depuis le début du Défi).

Samedi:
Dans la lumière de l’aube, on entame le Parc de la Mauricie. Jacques n’arrête pas de me jaser, moi je feel pas trop volubile dans cette première heure de vélo.
Jacques : Qu’est-ce que tu fais dans la vie? As-tu des enfants? et combien de kilomètres as-tu roulés cette année? font partie des questions auxquelles je réponds vaguement mais pour lesquelles je vais recevoir des explications détaillées de son côté ! Ici, ce n’est pas une plainte, puisque la première chose que je sais c’est que le Parc est traversé et j’ai vu 2 renards et un autre fabuleux lever de soleil.

On arrive à St-Gérard il est 10h. Business as usual , un 20 minutes de break et c’est reparti. La route est plutôt ordinaire jusqu’à Trois-Rivière. Voilà enfin la 138 et on met le cap sur Québec. Là, c’est poute, poute, poute, le vent de face. Moi je veux bien prendre mon relais, mais je me fais dire que ça ne change pas grand chose pour un grand gaillard de 6 pieds derrière… surtout quand je suis couchée sur mes aéro bars. Ah oui, parlant de mes clip-on bars, j’avais jamais roulé avec ça, mais c’est vraiment génial pour changer de position et gagner 1km/h gratuitement… !

Nous voilà enfin dans le coin de Donnaconna, où mon coach Sylvain Potvin vient me dire un beau bonjour et me remonter le moral pour la suite de la course. Il prend bien soin de rester derrière moi ou à coté. On jase un bon 30 minutes avant de se laisser à la hauteur de Saint-Augustin, où j’ai la chance d’avoir une dizaine d’amis qui se sont donné rendez-vous pour venir m’encourager. Wow, un moment de pur bonheur!

Vient ensuite l’interminable section du Boul. Hamel jusqu’aux chutes Montmorency, avec les 50 lumières rouges et l’asphate détruite. Les chutes nous réservent en prime la montée de la côte de l’église de Boischatel pour… la redescendre aussitôt. On est comme des singes. Si l’un d’entre nous a fait la côte….tout le monde doit la faire 🙂

En direction de la basilique de Saint-Anne qui sera notre dernier arrêt avant Baie St-Paul mon partenaire est frappé d’une bulle au cerveau et il se met à pédaler à 40-45km/h. À toutes les 30 secondes il regarde derrière et me demande si ça va? Of course ça va ! Ça va vite! Mais ça va !

J’ai les jambes en feu et j’espère que ça fera pas de moi un escargot dans les buttes vers Baie St-Paul!
On arrive à la Basilique tellement vite que nos accompagnateurs n’y sont même pas encore 🙂
Finalement, Brigitte arrive avec ma livraison de McDo! Yé! Là je rêvais d’un petit hamburger et un coke!
Miam Miam Miam…avec quelques frites, je suis au ciel pour un instant.

On installe les lumières sur les vélos + un nouveau cuissard + chamois butter.
Est-ce que je vous ai dit que Jacques est représentant pour la marque de produits de Nutrition Maxim? Ben c’est facinant de voir la quantité de produits Maxim qu’il a engloutis depuis vendredi matin. Habituellement, il se contente de la barre sucré-salée qui est le sommet de la gastronomie à vélo selon lui, mais à l’instant où on s’apprête à partir pour St-Ferréol, il vient me confier avec beaucoup de sérieux une petite fiole de la marque Maxim. Il m’explique de garder précieusement cette petite fiole avec moi et de la consommer uniquement quand je vais sentir que je suis sur le point d’entrer en transe et me mettre à spasmer. Je prends avec précaution cette mini fiole orange et je vais la trimbaler avec moi jusqu’à dimanche. Me voilà qui me prends pour Gollum dans le seigneur des anneaux…je vais trimbaler une mini fiole et ça m’amuse….le manque de sommeil se fait sentir 🙂

Malgré quelques difficultés à positionner nos accompagnateurs derrière nous (Brigitte nous cherchait sur la 138 alors qu’on était rendu St-Ferréol:)), on finit par atteindre les antennes après Saint Tite des caps, ce qui signifie qu’on va commencer à descendre solide! On enfile quelques vêtements supplémentaires et on s’élançe à 60-70km dans la noirceur. C’est alors que mon guidon se met à swigner en malade? Que pasa? Ah ! Je vois ma lumière qui vibre, je crois qu’elle est sur le point de tomber…Shit…pffffff….c’est la noirceur TOTALE !!! Ma lumière s’est fait décapiter dans ma roue avant! Le fil est choppé! Et j’ai Jacques qui continue d’avancer à vive allure alors que moi j’ai dû arrêter pour figurer l’étendue des dégâts.

On ramasse le corps mort de la lumière et on va remonter la cote jusqu’à petite Rivière Saint-François. Shit !!! Fait vraiment noir! Une chance que l’accotement est gigantesque et que j’ai une mini lumière arrière rouge qui clignote.

Arrivée dans le haut de la côte, Jacques m’attend et me dit que je vais être bonne pour le suivre jusqu’à Baie St-Paul. Alors, il s’élance à 70km/h, moi dans sa roue (genre 2-3pieds en arrière)…et terrorisée… s’il chute, ils ne pourront même pas faire la différence entre lui et moi…on va être un oeuf brouillé!

Je le suis donc en me disant, si lui passe là, moi aussi je peux passer, il n’y a pas d’obstacle! ENFIN!! Après 10 minutes de descente de malade, on arrive à l’hôtel Baie St-Paul. Il est minuit tapant. C’est ici que ma course avec Jacques prend fin. Lui veut continuer dans 2-3 heures dans le Parc des Grands Jardins. Moi je veux aller me coucher quelques heures. Merci Jacques pour cette camaraderie et cette alliance aussi bénéfique. Tu auras été un parfait partenaire de course et d’une très grande générosité à me faire bénéficier de ton expérience!

Dimanche:
Après m’être mise au lit à 1h45, parce que je me suis concocté un repas gastronomique Thai (crevettes et lait de coco), chips au ketchup, avocat, réglisses, carottes?!… en regardant Facebook…
Je m’offre le luxe de dormir jusqu’à 5:30 pour un départ à 6:30.
Je quitte Baie St-Paul seule en direction du Parc des Grands Jardins en me disant que c’est ici que le réchauffement se termine. (Ici je répète la phrase que Jacques m’a dit au moins 30 fois durant notre périple jusqu’à BSP ;).

Je pédale les 20 premières minutes à 15km/h…je m’autorise un réchauffement « zen ». Le soleil se pointe par dessus les montagnes avoisinantes. Je peux dire que je trip!
Je croise Brigitte à l’entrée du Parc. Je lui remet mon manteau et ma tuque et elle m’apprend que Laurent est parti quelques minutes après moi de BSP et qu’il ne doit pas être très loin derrière. Ben là! j’ai pas le goût de me faire dépasser! Finie la promenade zen. Je repars le couteau entre les dents…? Euh…disons le « canif » de Barbie …chu pu trop en mesure de tenir un couteau…et je me mets à pédaler un peu plus sérieusement. S’il veut me dépasser, va toujours ben falloir qu’il pèse sur ses pédales!

J’avais jamais fait le Parc des grands jardins. Je dois avouer qu’il y a quelques montées surprenantes. À deux reprises, j’entends Sylvain Grenier parler dans ma tête et il dit « moi j’ai pas de problème à marcher une fois de temps en temps quand ça devient vraiment abrupt ». Ben fudge! Si lui le fait, moi aussi je vais marcher un ti 25 pieds pour changer le mal de place 🙂 Le diaporama est sensationnel, les couleurs sont vives et le fond de l’air est juste parfait! La journée est jeune!

La veille, quand Jacques et moi nous sommes séparés, j’étais demeurée sous l’impression qu’il me restait un 160km pour compléter ma journée de dimanche. Alors le Parc des Grands Jardins devait être le highlight de la journée et ensuite que c’était une histoire d’enfant d’école de finir. En sortant du parc, Brigitte m’attend avec les cartons verts (du parcours) et elle m’annonce que j’ai à faire aujourd’hui un 220km! Merde! Le Parc c’est uniquement 80km !!! Ça te pête une balloune ça!

Comme de fait, quand on sort du Parc, le gentil organisateur de cette belle ride va nous faire virer dans ce que j’appelle le vrai « fond des concessions ». Ça n’en finit plus de finir!!!
Je commence à avoir besoin de motivation….ce sera de savoir Brigitte qui m’attend avec un seau d’eau pour me refroidir et des carottes nantaises pour me changer les idées à la fin du prochain 30km. À partir d’ici, c’est uniquement le prochain 30km qui compte. J’arrête de penser à plus loin que ça. Après 2 pit stop, les carottes ne me motivent plus assez, je passe au pouding au riz! Minoum que c’est bon…On dirait vraiment que je fais une fixation sur la bouffe 🙂

A quelque part dans un rang où il fait vraiment chaud, que j’ai le vent de face, que l’asphalte est vraiment vilaine (ça va bien comme vous voyez), je croise Pierre Lavoie sur son vélo de thriathlon. Yé! c’est amusant de voir que je ne suis pas complètement perdue et qu’il y a aussi un autre crinké qui roule ce rang.

Enfin, je m’arrête pour une dernière fois au RV, avant de foncer droit vers la ligne d’arrivée. Brigitte a enfin trouvé de la pizza en route!!! Je m’enfile une pointe de pizza et je saute sur mon bike, j’ai un méga vent de dos, je me couche sur mes barres aéro et je fly a 35-38km/h jusqu’en ville. Quelques virages interminables avant ENFIN de voir le pont qui enjambe la rivière qui me ramène au fil d’arrivée. J’ai un frisson et quelques larmes coulent sur mes joues. Drôle de feeling, j’arrête pas de me dire « tu l’as fais, tu as réussi » Quelle expérience! Je suis dépassée, j’ai voyagé interieurement pour plus de 1000km. J’ai appris à me connaître d’avantage. Et voilà, je vois maintenant la petite maison qui fait pipi par la porte avant. Je monte la dernière mini cote et VOILÀ je viens de traverser la ligne d’arrivée aux environs de 16h.

Me voilà maintenant une Ultra Crinkée! J’ai fait 1000km en 57h. Mon esprit a encore de la difficulté à réaliser l’ampleur de ce que je viens de compléter. Que je suis fière de moi!

Merci Sylvain Grenier pour ta belle folie et ton talent à la concrétiser. Si j’avais pas eu la conviction que si tu l’avais prévu ça devait bien se faire, pas certaine que j’aurais réussi. J’espère être de tes prochaines folies.

Merci Jacques Desmeules pour ton amitié, ta générosité, ton expérience et de façon générale toutes tes qualités de rouleur incroyable et d’être humain. Tu es un des plus beaux cadeaux que la vie m’a offert durant ce week-end!

Merci à Frédéric Perman et tous les ultra-crinqués! Vous m’avez tous tellement inspiré et c’est grâce a vous si j’ai réussi mon Ultra Défi. Je suis très honorée d’avoir vécu cette première édition avec vous.

Merci aux bénévoles, accompagnateurs, conjoints, etc.. Vous savoir toujours pas très loin me donnait un sentiment de sécurité.

Merci Brigitte Garant pour ton aide et ton soutien durant cette fin de semaine infernale. Sans toi, l’expérience n’aurait pas été la même. Tu as contribué +++ au succès de cette aventure. »


Merci Mireille pour ce récit, ça donne le goût de le faire! La seconde édition de l’Ultra Défi aura lieu le 21 août 2015 à 6h à partir du Valinouët (Saint-David-de-Falardeau). Si c’est trop pour vous, vous pouvez vous initier à l’ultra endurance en faisant le Défi des 21, le 11 juillet 2015, un petit 340km à boucler en moins de 16h, svp.