Selon notre source anonyme Lino Desbois, le porc non-castré contiendrait de la nandrolone.(voir chroniques plus bas, si vous ne suivez pas assidûment les Chroniques de Gilles, tks tks tks) Il serait donc logique que le porc encore pourvu de ses attributs reproductifs soit inscrit à la liste des produits dopants interdits. Sur recommandation de Michel LeBlanc, j’ai consulté les sites officiels mais n’ai rien trouvé sur cette viande-miracle.
J’ai donc décidé d’aller plus haut, d’aller direct au top de l’échelle, j’ai écrit tout de go à Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage de l’Institut Armand-Frappier .
Je lui ai expliqué que je faisais des recherches sur une méthode de dopage inusitée: Manger de la viande de porc non castré. Apparemment, ça contient de la nandrolone et en manger(en quelle quantité?) équivaut à s’en injecter, avec effets secondaires et résultats de tests en conséquence.
Bref, Mame Ayotte, avez-vous déjà entendu parler de ça?
Elle m’a répondu prestement et exhaustivement ce qui suit:
Monsieur Morneau,
Bien sûr je sais et il n’y a rien de nouveau. Ce n’est pas (du moins je l’espère) une méthode de dopage mais plutôt une excuse utilisée pour annuler un résultat positif.
Certains animaux ont de la nortestosterone comme nous avons de la testosterone. Soit de la 17 alpha nortestosterone ou de la 17 beta nortestosterone. Cette dernière étant de la nandrolone. Et bien sûr, dans certains organes de ces animaux, il y aura suffisamment de nortestosterone pour qu’une ingestion importante cause un résultat positif dans les heures suivantes. Certains abats de porc non-castré, principalement les reins pourraient être la cause THÉORIQUEMENT de résultats positifs. Mais en fait les risques sont à toute fin pratique, nuls. Il n’y a pas d’abats de porc non castré disponibles. Les porcs sont castrés car la viande est meilleure, plus maigre et les animaux grossissent plus rapidement. Les porcs non castrés servent uniquement à la reproduction. Lorsque le porc non castré arrive à l’abattoir, les abats sont rejetés. La viande semble se retrouver dans des charcuteries viandes sèches. Les taux sont indécelables.
Selon nos expériences (oui, nous avons travaillé à ce merveilleux projet) il est nécessaire d’ingérer une quantité importante et plutôt dégoûtante d’abats de porc, particulièrement du rein pour que des concentrations appréciables se retrouvent dans l’urine et ce seulement durant une douzaine d’heures maximum. Je ne connais pas d’athlètes qui se bourrent de 300 g de rein de porc non castré avant une compétition. Se procurer du porc non castré est également plutôt difficile. Les abats et la viande de porc que l’on achète au marché ne contiennent rien du tout.
Deux nageurs de longue distance, Meca-Medina et Majcen avaient invoqué l’ingestion de sarapatel (une spécialité portuguaise-brésilienne faite à partir d’abats de porc) pour expliquer leur résultat positif sans grand succès. En fait, ils et leurs experts soutenaient que dans les pays tiers-mondistes, on mange n’importe quoi comme du porc non-castré. Nous avions répondu par l’absence de statistiques supportant cette théorie. Il n’y a pas plus de positifs au Brésil, en Amérique centrale à la nandrolone qu’ailleurs.
Ce n’est donc pas tout d’invoquer un tel argument, il faut en fournir les preuves. Par ailleurs, nous pouvons utiliser la spectrométrie de masse de rapports isotopiques pour déterminer l’origine des métabolites urinaires détectés lorsque c’est possible et ainsi voir s’il s’agit d’une source « naturelle » ou d’une administration d’un comprimé ou injection.
Si ce n’est pas clair, n’hésitez pas à me contacter.
Bien cordialement,
Christiane Ayotte, Ph.D.
Professeur et
Directrice du laboratoire de contrôle du dopage
INRS-Institut Armand-Frappier