Essai du King Kikapu, par Marie-Hélène Laurendeau

Marie-Hélène (qu’on peut voir ici portant fièrement l’élégant costume de cuir galaxie fourni gracieusement avec le vélo), est l’heureuse propriétaire d’un Kona King Kikapu, et elle nous avait promis ce rapport depuis belle lurette. Avant de lui laisser la parole, je vous rappelle que cette mythique bécane peut-être vôtre en faisant une visite à la Boutique le Pédalier, au Village Huron. Le King Kikapu 2004 se détaille à 3299 $. Il y a aussi liquidation des King Kikapus 2003 full XTR, qui étaient vendus 5999$ l’an dernier, au bas prix de 4500$ (les quantités sont limitées). Une troisième option serait d’acheter en fin de saison celui que je viens tout juste de recevoir, à un prix jusse pour twé!

Le Kikapu cornu

Février 2004

Il fait froid ce matin, un froid de fréon… Ce froid me rend pantouflarde et je crois bien que je vais passer la journée à la maison. Armée de ma robe de chambre de ratine rose et de ma tasse de café expresso, j’en profite pour jeter un coup d’oeil à ma liste de « choses à faire quand j’aurai du temps« .

J’y avais noté que Gilles m’avait demandé, en mai 2003, de lui faire un petit compte rendu de mon expérience avec mon nouveau King Kikapu.

En fait, je l’ai toujours appelé le Kona Abracadabra, car il a fait partir en fumée les quelques rares dollars qu’il y avait dans mon compte et gonflé ma marge de crédit à bloc. Au diable la simplicité volontaire, vive la complexité… involontaire !

Les recommandations de Gilles m’ont été profitables et je veux » payer au suivant  » comme le dit si bien le film. Je suis assurée que plusieurs ont commencé à magasiner pour un nouveau vélo et que ces quelques commentaires pourraient les intéresser, même s’ils ne proviennent pas d’une experte.

Notez que ce texte n’est pas une analyse comparative et pas exhaustive pantoute. Il s’agit plutôt d’une description de l’expérience King Kikapu, tout simplement et sans prétention.

D’un extrême à l’autre

Comme Gilles le disait si bien dans son article, je suis vraiment passée d’un extrême à l’autre : du style Euro-racing-ça-cogne-dur-mais-maudit-que-ça-grimpe (le Cannondale F2000, super vélo, extrêmement léger, fourche avant qui tue la mort dans les montées lorsqu’on la bloque, mais qui ne pardonne pas de fausse manoeuvre dans les descentes) au style West coast-relax-amenez-en-des-bosses-y’a-rien-à-mon-épreuve, le Kona King Kikapu 2003.

La suspension double

D’entrée de jeu, je dois dire que j’ai pu récupérer une grande partie de ma confiance dans les descentes grâce à cette bécane à suspension double, confiance perdue il y a 3 ans dans une descente jonchée de longues herbes au Mont St-Castin. Un tout petit bâtonnet « limoneux » avait eu raison de ma fougue et j’avais dû arrêter de rouler en montagne pendant 3 semaines.

Il faudrait vraiment être difficile pour ne pas tripper avec une fourche Fox Float. J’oserais même qualifier cette fourche « d’intelligente », particulièrement lorsqu’on sait en tirer profit. À cet effet, il ne faut pas hésiter à essayer plusieurs réglages différents sur plusieurs types de terrains (ce que je n’ai jamais vraiment pris le temps de faire).

Comme bien des composantes » hi-tech « , cette suspension est probablement plus fragile. Il faut y faire attention ! Après 700 km de conduite relativement sage, la suspension ne barrait plus. On l’a renvoyée à Kona et ils m’en ont fait parvenir une nouvelle.

La suspension arrière fait le reste de la job qui n’a pu être faite lors du passage de la roue avant du vélo et ce, même en montée. Mon cadre étant de 2 pouces plus petit que mon Cannondale, j’ai un contrôle accru de la bête, mais sans toutefois m’y sentir à l’étroit. C’est ainsi que j’ai triomphé de plusieurs passes techniques qui me faisaient regimber l’an passé. Je me suis surprise moi-même et j’ai redécouvert le plaisir d’être en terrain très hostile.

Ma seule déception : le système de blocage de la suspension. La fiche technique du King Kikapu affirmait que la suspension se barrait, mais ne mentionnait pas que c’était pas très ergonomique lorsqu’on veut barrer et débarrer rapidement à l’intérieur d’un court laps de temps.

Faudra que je m’y habitue. Je barre maintenant la suspension lorsque le moment est propice bien sûr, mais surtout lorsque la distance à parcourir est plus que de quelques mètres seulement. Je dois toutefois avouer que j’ai encore en tête la fabuleuse énergie qui m’habitait quand je grimpais avec le Cannondale.

Je n’ai pu tester le confort sur les longues distances car je n’avais pas le goût des raids cette année (je me rappelle toutefois à quel point l’ajout d’une suspension de tige de selle sur le Cannon avait amélioré mon confort pendant un raid). Je dois toutefois mentionner que le Kona m’évite d’avoir l’iris des yeux qui se mélange avec le blanc pendant les descentes très accidentées.

Les manettes

Les manettes XTR ont bien fait la job. Belle découverte, je ne me suis servi que de leur partie supérieure, ce qui laissait mon pouce disponible pour maintenir le guidon encore plus solidement. Résultat : un peu plus de vigueur dans les passages techniques et un peu plus de vitesse dans les descentes.

Cette façon d’opérer les manettes fonctionne comme un charme, sauf lorsqu’on arrive en bas d’une côte et qu’il faut à la fois freiner et changer de vitesse. Bien que j’ignore absolument tout de leur solidité, je n’ose pas vraiment imaginer ce qui arriverait si ces manettes subissaient un choc lors d’une chute.

La pellicule 3M, le guidon riser et les cornes

J’ai utilisé de la pellicule 3M pour protéger les autocollants apposés sur le vélo. Ça a demandé du temps de tout coller ça, mais j’ai bon espoir que ça conservera une allure de jeune premier à mon bike. Ça tient encore très bien malgré les nombreuses heures passées dans les marécages de Tewkesbury.

Je suis enchantée d’avoir conservé le guidon riser. J’ai ajouté des cornes. Je sais ben, je n’ai pas suivi le conseil de Gilles cette fois-ci car c’était, selon moi, un conseil de nature plutôt esthétique (Re :Tout comme il serait très mal vu de rajouter des extensions de guidon sur un guidon surélevé). Surprenant pour un gars, hein ? D’autant plus surprenant que j’avais lu un commentaire d’El Benito sur le site de Durand et qui allait dans le même sens que Gilles. Faudra que je révise ma liste de préjugés !

Comme je le disais, je n’ai pas suivi ce conseil parce que lorsque j’ai commencé le vélo de montagne, je m’étais toujours juré de ne pas me laisser mener par des considérations esthétiques et de privilégier le côté technique ou pratique. Pas facile j’vous dis !

Pour en revenir aux cornes, je dois avouer que je ne m’en suis finalement presque pas servi cet été. D’abord parce que j’ai fait des courses provinciales seulement (les courses régionales comme on les appelait en 2002, qu’on a ensuite appelées courses provinciales en 2003) qui durent seulement un peu plus d’une heure. L’intensité de ces courses ne donne pas vraiment le temps de « zigonner » après sa suspension. Remarquez que c’est peut-être signe aussi que je suis en train de m’adapter au style West coast-relax-amenez-en-des-bosses-y’a-rien-à-mon-épreuve !

En résumé

Je suis fort aise d’avoir expérimenté le Cannondale F2000. C’était une excellente machine et c’est un plus pour mon expérience des bécanes.

Mais ce fut le bonheur dans le pré avec ma nouvelle bécane Kona 2003. C’est un vélo mieux adapté à mes besoins. La quarantaine sera là dans quelques mois et tiens ! Voilà qu’on a le goût d’un peu plus de « douceur ».

J’ai constaté que les commentaires de Gilles se sont avérés judicieux. Je relis son texte et batèche, je pense la même chose ! Sauf pour les cornes…  ;-

Bref, en 2003, j’ai tout simplement redécouvert le plaisir de rouler dans la dèche la plus complète, en harmonie avec les racines, les roches et les Robot-Swumps (1). Non, je ne porte plus le p’tit costume de cuir Galaxie rouge qui était inclus avec le vélo. C’est vraiment trop inconfortable et vous savez, les manches sont obligatoires dans les courses.

Alors en 2004, je « riderai » à nouveau sur le Kikapu cornu, simplement et sans souci.

Prenez garde, c’est un vélo diablement cool !


(1). Robot-Swumps: monstres fabuleux qui se cachent dans les passages marécageux et relativement profonds. Ils profitent de votre passage pour saisir, d’une main putréfiée, dégoûtante et puante, votre pneu avant et tenter de vous faire enfoncer vers les fonds boueux pour aller rejoindre Marilyn, Elvis, Guy Sanche et Rita Bibeau.