Les crampes subies par Denis dans la récente chronique sur le Raid Trans-Gaspésien m’ont donné l’idée de vous faire une petite chronique-entraînement. Côme Desrochers, entraîneur, nous fait part des derniers développements scientifiques à ce sujet.
Les crampes musculaires
On associe souvent les crampes musculaires à un phénomène de déshydratation et à un déficit en sels minéraux (électrolytes). Cette hypothèse est plus ou moins appuyée par les spécialistes qui soutiennent que bien des sportifs ou compétiteurs n’auront jamais de crampes malgré une diététique déplorable. Plusieurs athlètes changent leur alimentation et leur plan d’entraînement, mais ont toujours une barrière physiologique à traverser lors de l’épreuve (ex: le 32e km lors du marathon, la 4e heure lors d’un raid MTB, la 2e demie en soccer, le 4e quart au football…).
Les crampes surviennent souvent lors d’un effort de longue durée à mouvement répétitif (vélo, course à pied…). Les plus récentes recherchent montrent que celles-ci proviendraient d’un dérèglement des réflexes sensoriels mettant en jeu les muscles et les tendons, en particulier les organes de Golgi, qui sont chargés de produire une contraction musculaire immédiate à chaque étirement de la structure (ex : contraction du quadriceps lors d’une montée abrupte en vélo). Des chercheurs émettent l’hypothèse que lors de l’exécution d’un exercice prolongé, les organes de Golgi deviendraient déficients. On assisterait alors à une augmentation de l’activité des nerfs moteurs donnant ordre au muscle de se contracter afin de recruter davantage de fibres et pallier à l’apparition de la fatigue musculaire. Pour simplifier cette théorie, il y aurait un dérèglement du système nerveux, ce qui provoquerait les crampes musculaires. Elles ne seraient donc pas seulement causées par la déshydratation et des carences en électrolytes.
Pour éviter cette anomalie physiologique, on conseille d’étirer régulièrement les muscles sollicités avant et après les entraînements, mais jamais à la fin d’un entraînement intense ou d’une compétition.. Dans ce dernier cas, il est préférable d’attendre quelques heures pour permettre aux muscles de se relâcher. Certains chercheurs avancent même qu’il serait bénéfique de s’étirer quelques secondes pendant la compétition afin de retarder ou d’empêcher l’apparition des crampes.
J’ai demandé à Côme d’être plus spécifique en ce qui concerne Denis Bouchard et ses crampes du Raid Trans-Gaspésien, survenues après avoir ingurgité une bonne somme de glucides. Côme a sollicité la participation d’une experte et voici la réponse:
Suite à une discussion avec ma collègue Vicky Drapeau, nutritionniste au Laboratoire des sciences de l’activité physique de l’Université Laval, voici ce que nous en pensons : Selon les calculs de Vicky, sans toutefois tenir compte de la masse musculaire du cycliste puisque cette donnée est manquante, ses crampes ont probablement été causées par une consommation trop élevée de glucides, ce qui a fort probablement amené un ralentissement de l’absorption au niveau de l’estomac et provoqué ainsi des crampes lors des séquences intenses du Raid.
Côme Desrochers, M.Sc.
Entraîneur niveau 4 PNCE
Synergie, consultant en entraînement
desrochers.c4@forces.gc.ca