En janvier dernier, le Centre national de cyclisme de Québec déposait devant le comité des fêtes du 400e anniversaire de la ville de Québec un ambitieux projet de vélodrome intérieur pour célébrer dignement l’année 2008. Estimé à 20 millions $, ce complexe sportif viendrait effacer le fiasco du démantèlement du vélodrome olympique de Montréal. Comme on n’a pas les sous pour le construire nous-même, pourquoi ne pas se le faire payer par les français? Bien que j’aie beaucoup de difficulté avec le concept de « suggérer » un cadeau de fête aux amis, je comprends que l’occasion est trop belle et qu’on serait fou de ne pas s’essayer. Le problème c’est que le comité des fêtes a dû recevoir des centaines de projets aussi grandioses et porteurs de fierté renouvelée pour la Ville et de retombées économiques pharamineuses.
Une fois ce constat effectué, que c’est qu’on fait? On reste optimistes quand aux chances de succès de ce projet, ou on envisage les choses objectivement? Comme je suis un gars naturellement sceptique mais foncièrement constructif, j’ai trouvé la solution!
20 millions de $$$$ que coûterait cette bâtisse. Ça vous rappelle rien, 20 millions$? Cette semaine, partout dans les journaux, on peut admirer l’oeuvre de Christo à Central Park, The Gates. (Ayant étudié l’histoire de l’art au Cegep et ayant travaillé huit ans comme emballeur chez Provigo, je suis en mesure d’apprécier toute la beauté des emballages farfelus de Christo).
The Gates est une oeuvre d’art en plein air qui restera là deux semaines, qui aura coûté 20 millions$ et qui apportera des retombées de 80 millions$. Le plus beau dans l’affaire, c’est que c’est Christo lui-même qui paye la traite, et la ville qui empoche les retombées. Ceux qui se demandent si le père de Christo est riche, eh bien même pas, il fait ses millions en vendant des esquisses et des photos de ses oeuvres aux amateurs d’art.
Vous me voyez venir? Pourquoi ne ferait-on pas affaire avec Christo plutôt qu’avec les français ou la Ville de Québec? Nos chances de réussite sont pas mal meilleures. Voici le projet qu’on devrait lui présenter:
- On retape la vieille piste avec quelques panneaux de plywood commandités par Rona sur le budget de feu l’équipe de vélo.
- On achète des échafaudages de seconde main et on se monte une structure de quatre ou cinq étages, pour en mettre plein la vue.
- On approche Christo pour qu’il nous emballe le tout dans du tissus ignifugé et imperméabilisé, comme il l’a fait pour le Reichstag à Berlin ou le Pont Neuf à Paris.
- On lui suggère d’acheter l’étoffe d’emballage ici, des restants de stock de tissu imitation peau de vache qui était hot il y a 10 ans et qui moisissent dans un entrepôt à Saint-Augustin, en lui disant qu’on peut lui faire un deal à 10 millions$ pour le lot.
- Une fois le tout terminé, on met une grosse pancarte pour bien identifier le nouveau complexe.
Voici une esquisse du projet: Cool, hein?
Alex Cloutier et Martin Gilbert pourraient dorénavant s’entraîner à l’abri et torcher en Coupe du Monde. Québec aurait son monument à l’art moderne, une oeuvre majeure qui contribuerait à son rayonnement sur la scène internationale. Quelques spots bien placés viendraient le mettre en lumière de façon spectaculaire et l’Unesco declarerait subito-presto ce monument comme faisant partie du patrimoine mondial. Christo aurait sûrement un fond de tiroir pour financer le déneigement l’hiver. Pour ce faire, on pourrait engager les employés de Wal-Mart qui ont perdu leur job.
Non, franchement, l’occasion est trop belle, je peux pas croire que Louis y a pas pensé encore!