Mon voisin Alain arrive chez lui à la brunante samedi soir, encore tout crotté. Il faut voir la scène.
Il déballe péniblement de l’auto son vélo et ses équipements encore plus crottés que lui. Trop fatigué pour manger, trop fatigué pour se laver, il pige dans sa boite de pinottes d’une main tremblotante et s’exprime avec un trémolo d’épuisement dans la voix. Dans ses pieds, sous d’authentique pantoufles en phentex probablement tricotées par sa tante Agathe, il porte les chaussettes du Vélirium, un cadeau qu’il a bien mérité et qu’il gardera sûrement longtemps, même si après deux rides elles seront trouées au gros orteil.
Voilà notre apprenti raideur de retour de la plusse pire initiation possible, un Raid qui va passer dans les anales (anals?) comme un des plus difficiles, un Raid qui a été rebaptisé par ses survivants « Raid Vélomarde ».
Alain attend une copine qui lui apporte un repas et lui fera couler un bon bain chaud. Le repos du guerrier. Dans ses yeux perce une lueur. Serait-ce une lueur de fierté?
Gilles: Alain!!! Je me suis inquiété!!! Toujours vivant ???
Alain: Euh, pas sûr !!!
Gilles: Quoiqu’il te soit arrivé, que tu aies terminé ou pas le parcours, tu peux être très fier de toi. Il n’y aurait aucune honte…
Alain: Gilles, je t’arrête tout de suite… j’ai complété le parcours, avec quelques petits problèmes, bien sûr, mais je suis allé jusqu’au bout et j’en suis très fier!
Gilles: Il y a de quoi être fier mon cher. Pour une 1ère expérience, c’était tout un baptême… la totale… et en plus, ils ont ajouté une partie difficile sur les derniers 10 km.
Alain: Ouais, j’ai su ça un peu tard. Après le dernier ravitaillement, je suis parti à fond la caisse car je croyais que la partie était jouée. Je me suis fait prendre et pas à peu près.
Gilles: Tu n’es pas seul dans ce cas. J’ai aussi eu des problèmes qui ont forcé une gestion de course délicate. Les derniers « nouveaux » kilomètres, gracieuseté de François Amyot, présentaient des obstacles vraiment difficiles.
Alain: Difficiles tu dis !!! Je suis certain que dans des conditions normales, j’aurais passé ce dernier bout de chemin sans trop d’encombres, mais là, j’en avais trop accumulé et ce dernier bout non prévu m’a joué un bien mauvais tour… j’ai bonké !!!
Gilles: Raconte-nous en détail chaque kilomètre et ton séjour à l’infirmerie en arrivant…
Alain: Non.
Gilles: Non ?
Alain: On va faire mieux que ça. Je vais inviter mes trois copains qui ont contribué à mon entraînement à se joindre à nous et on va « débriefer » ça tous les cinq ensembles devant une » ?%/)*&)* » de bonne bière belge hyper bien méritée. Je vous dois au moins ça à chacun qui m’avez soutenu chacun à votre façon dans cette aventure.
Gilles: Ouais, surtout que Guy et René ont aussi complété l’épreuve. Très bonne idée.
Alain: André apportera le coup d’œil extérieur du monsieur et madame tout le monde qui ont préféré ne pas s’embarquer là-dedans.
Gilles: OK, tu veux faire ça quand ?
Alain: Un soir de la semaine prochaine selon tes disponibilités et celles des copains.
Gilles: Ça me convient. J’attends ton invitation…
Alain: J’organise ça et je te reviens sous peu.