On vous avait promis la suite des aventures de Bruno Vachon au Tour de France. La voici!
L’horaire de la journée était simple; il était inscrit sur l’invitation que j’avais reçue de l’équipe Bouygues Telecom pour l’arrivée sur les Champs-Élysées du Tour de France. C’était l’étape ultime du Tour de France, mais avant tout l’étape finale d’une histoire qui marquera le Tour à tout jamais. Un lieu historique, une arrivée historique…
13h30 : C’était l’heure d’ouverture de la Tribune Concorde, la tribune sur laquelle nous étions invités Aurélia et moi. Bien sur, quand on a hâte, on ne tient pas en place et on ne fait pas confiance au service de transport en commun de Paris! Puis on avait tellement hâte que nous nous sommes placés dans la file pour l’entrée de la tribune à 12h35, nous n’allions pas avoir une place dans le fond de la tribune. Une petite note: pour nous rendre à la tribune, on a du franchir cinq postes de contrôle de la police et à chaque fois on a été fouillé (tout comme les journalistes…).
14h30 : Pour la troisième fois, j’ai pu voir la caravane publicitaire du Tour de France. La première fois que je les avais vu dans les Pyrénées, c’était la joie car ils amenaient l’ambiance avec eux. La deuxième fois dans la tribune de la ligne d’arrivée à Revel, ils étaient cheap et nous lançaient presque rien. Cette fois-ci, la caravane était longue… très longue. Je n’avais plus le goût de les voir. Je n’étais pas là pour eux. J’étais là pour le vrai spectacle. Cette fois-ci, les coureurs allaient passer 16 fois devant moi pendant une heure. Allez, circulez! Je veux voir les vrais!
J’ai hâte…
Je réalise à peine. Ce qu’il y a devant moi, c’est la plus belle avenue du monde. Je suis dans la première rangée d’une tribune pour voir arriver la plus belle course du monde. En face de moi, il y a l’écran géant et je vois la course en direct. Les gens qui m’entourent, ce sont les familles des coureurs. Allez… nuages… c’est le temps de faire place au soleil!
Je m’impatiente…
Sur l’écran géant, je reconnais certaines routes que j’ai vu la veille en visitant Paris. La pluie cesse… Ils sont proches. Ça y est, je vois les hélicoptères. Pourquoi suis-je stressé? Non, ce n’est pas du stress. C’est de l’électricité. Ambiance survoltée!
Le décompte… ils y sont…
Ils sont sur place de la Concorde. Plus que deux courbes à faire! L’escorte royale amène Lance Armstrong sur les Champs-Élysées. C’est un film? Non, le début d’un rêve.
Tour après tour, le rythme de la course augmente car le train royal a laissé place à la vraie course de la journée. La normale veut qu’un sprinteur l’emporte sur les Champs-Élysées. Je suis à 250m de l’arrivée. Ils passeront sûrement devant moi à 70km/h lors du sprint final.
Merci Vino!
Le grain de sel! C’est la victoire d’Alexandre Vinokourov. Un vrai guerrier. Le seul qui n’est pas intimidé par Armstrong (du moins, qui ne le démontre pas). Quand il attaque à 1km de l’arrivée, les gens réalisent ce qu’il fait. La foule, massée le long des Champs-Élysées réagis en voyant les images sur l’écran géant. Il sort du peloton à 70km/h et maintient un écart suffisant avec le peloton pour ridiculiser les sprinters. Ça, c’est avoir du panache! Pendant ce temps, toute l’électricité de Paris se retrouve sur les Champs-Élysées pour quelques secondes. Les cris, le bonheur, une fin unique et des réactions de victoire. Le courant est passé en moi.
Un après-midi comme ça, on s’en rappelle longtemps. J’ai vibré.
Note: Il a y eu plusieurs chutes pendant l’étape. Mais l’accident qui m’a marqué le plus, c’est celui du camion qui a emboutit le milieu des Champs-Élysées lors du premier passage du peloton. Deux minutes après, il n’y avait plus de traces lors du passage du peloton.
Après-course du Tour de France
Début de la soirée: 20h00. Une soirée dédiée à l’équipe Bouygues Telecom pour fêter la fin du Tour de France. A priori, je n’avais aucune idée de quoi la soirée allait avoir l’air et en plus, l’invitation était pour un endroit des plus chic de Paris, la cave St-Honorée. Aurélia peut-être pas, mais moi, je me sentais petit avant même d’y être.
Une soirée de fête comme les autres? Non, vraiment pas! C’était une fête plus intime que je le croyais. Seulement une soixantaine de personnes étaient invitées. Tout était offert et je peux confirmer une chose, les cyclistes qui terminent le Tour de France ne fonctionnent pas à l’eau claire; ils fonctionnent au champagne! Ils se sont éclatés, ils ont un besoin urgent de renouer avec la réalité et finir le Tour, ça se fête!
L’équipe Bouygues Telecom fonctionne comme une vraie petite famille. Les coureurs sont soudés les uns aux autres et c’est ce que l’on peut ressentir d’entrée de jeux lorsqu’on les voit. Et puis, leur accueil est unique. Quand on nous voit pour la première fois, on est un peu ignoré et c’est normal car tant de personnes rodent dans leur entourage. La deuxième fois, ils nous reconnaissent! Walter Benéteau, notre nouveau pote du Tour à Aurélia et moi en a profité pour fêter la fin de son Tour avec nous, son 6ème. Ce gars là, comme pleins d’autres cyclistes français, se rappelle du Québec pour y avoir fait des courses et unanimement, ils ont tous gardé un souvenir unique de notre coin de pays.
Lorsque je regardais le film de l’équipe qui a été projeté pendant la soirée, je réalisais enfin où j’étais. Je savais enfin dans quel monde j’étais. Je prenais enfin conscience de qui m’entourait. J’étais plus conscient que jamais de la chance unique que j’avais. Ce n’était pas mon monde… du moins pour l’instant.
Quand j’ai fermé les yeux après cette longue journée qui m’a paru si courte, je me rappelais les Champs-Élysées, la cave St-Honorée et je savais que j’avais de quoi me faire rêver encore longtemps. Parce qu’avoir un but plus clair que jamais à atteindre, c’est avoir un rêve à se remuer dans la tête pour longtemps.
Bruno