En lavant son bike après une course, on se remémore les meilleurs ou les pires moments. C’est ce que je faisais ce matin, au lendemain du Tour du Mont-Valin. Pour une fois, j’ai eu juste des bons moments. Enfin presque. Je vous raconte. Ça montait pour 10km en partant et ce sont les deux Boily, Luc et Éric, qui ont donné le ton. Incapable de suivre, je suis resté décalé derrière, dans la roue de Luc Proulx. Mes jambes semblaient pas pires, mais j’osais pas trop leur en demander si tôt dans la course. Luc m’a largué de belle façon dans la descente, que j’ai abordé prudemment pour pas crever.
Arrivé sur le plat, je me regroupe avec mes plus proches poursuivants. On doit être 6 ou 7. À part Pierre Harvey, Christian Lalancette et JF Larouche, que j’ai connu au R21, pas de visages connus. Inquiétant, car quand tu te fais rattraper par du monde que tu connais pas, c’est signe que t’avances moins vite qu’à l’habitude. Et ça se confirme quand tu passes le relais et que c’est un gars en maillot avec une grosse tomate rouge sur fond vert qui passe à l’avant! Hissh! Ça va pas ben! Tiens, un mollet avec un D+ comme moi, pis je le connais pas non plus. Avec Christian et Pierre, nous voilà 4 maîtres 40-49 dans le groupe. Va falloir faire du ménage. Mais à la vitesse que ça roule, je crains que ce soit moi qui soit lessivé. Taboire, les gars prennent les relais tellement fort que moi et Pierre on fait le flag en arrière!
On rattrape Luc, qui en remet une coche dans ses relais, conscient que notre TGV doit rouler plus vite que l’Express Boily devant. En tête du peloton, Luc et l’anglais Neale Hicks jouent à celui qui a le plus gros bat pour une bonne secousse. C’est faux-plat descendant, alors on file vraiment à toute allure, c’est grisant.
On tombe ensuite dans du sentier plus vallonné et Pierre, Luc et moi, on se ramasse à l’avant. Tranquillement, on perd les amis derrière, victimes de crevaisons (Christian en tout cas) ou peut-être fatigués d’avoir tiré trop fort tantôt. Anyway, nous apercevons bientôt un maillot VW à l’avant, puis un maillot SOS Vélo-Ski. Ah AH! Les voili ces Boila! On roule ensemble. C’est drôle, car ça joue à s’attaquer entre Éric, Luc et Luc. Pierre et moi, on garde notre beat. Luc et Luc disparaissent sans avertir. (Luc Proulx a été pas chanceux, il a chuté sur la tête, puis cassé un rayon, puis eu mal à la tête, puis a slacké). Éric voyant cet état de choses, nous a sacré une mine mémorable dans une montée, à la Rasmussen, que dis-je, à la Vinokourov, non à la Pantani! « Ayoyye, ça doit faire mal, se dévisser de même », que nous nous sommes dit Pierre et moi en le voyant décoller.
Quelques kilomètres plus loin, kicékonvwétupalabadevant? Un maillot VW. On rejoint Éric, qui ne reste pas longtemps avec nous (Il m’a confié avoir eu tellement mal au dos qu’il s’est couché dans l’herbe une dizaine de minutes pour relaxer).
Faque c’est ça, on a terminé ces 88 km en jasant, en gardant notre petit rythme égal, genre pas trop moumoune, mais sans jamais donner de coup. Nos chaînes étaient très sèches, alors ça voulait faire des chain sucks à tout bout de champ. Fallait être très doux. Sur l’asphalte, j’ai dû rester sur le gros plateau, car ça accrochait trop sur le moyen. La vue du Mont-Valin était superbe. On est rentré main dans la main.
Pierre a insisté pour me laisser passer en premier, quel gentleman.
Et quelle belle organisation. Et quel beau parcours. Et quelle belle journée. Et qu’est-ce c’est ça? (rappelez-vous, je nettoie mon vélo). Je me penche et je regarde ma chaîne…
Taboire! Un maillon ouvert, et pas à peu près! Il tient juste par la peur. Je pourrais l’ouvrir avec mes mains! Comment ça se fait qu’il n’ait pas lâché? J’en reviens pas! Et je vous ai pas dit, mais quand j’ai sorti mon vélo ce matin pour son lavage ce matin, le pneu arrière était à plat. Hé oui, doublement chanceux, le gars!
J’inspecte ma chambre à air pour comprendre comment j’ai pu crever dans le char en revenant de HRRRSCSHicoutimi. Devinez quoi? Un gros trou, du côté de la jante. Impossible, c’est une jante tubeless, parfaitement lisse et douce comme les joues de peau de pêche de ma petite Léa. Là, çà dépasse les bornes! Voilà trop de raisons potentielles de scraper une course qui auraient dû scrapé ma course mais ne l’ont pas fait! C’est inouï, comme dirait Jess Tremblay. On nage en plein mystère. Quoi penser? Je lève les yeux au ciel, parfaitement dégagé en cette belle journée d’automne. J’entends comme un coup de tonnerre. C’est bien ce que je pensais! Dieu m’envoie un message, moi le plus sceptique des athées de la rue.
Pour en avoir le cœur net, j’appelle Marc Durand, qui est bien ploggué et connaît tout le monde. Comme à l’habitude, il me donne le numéro de téléphone demandé en me faisant promettre de pas dire que c’est lui qui l’a donné. J’appelle donc au ciel pour parler à Dieu et savoir si c’est bien lui qui m’a envoyé ce message mystique. Vous l’aurez deviné, je tombe sur une boîte vocale. « Pour le service en anglais, faites le carré, pour le service en latin, faites le 1, pour le service funéraire, faites le 2, etc… » Pas moyen de Lui parler. Je laisse un message en insistant que c’est très important que je sache à quoi m’en tenir, j’ai un lectorat qui est très influençable et patati et patata.
Son attaché de presse me rappelle dans les minutes qui suivent (quel service!) et m’explique que oui, en effet, on a examiné mon dossier: pas de victoires en raid depuis une bonne secousse, presque juste des 2e places cette saison, etc. On a pris aussi en considération le fait que j’aie retardé ma course deux semaines avant au Raid des 21 pour faire le bon samaritain auprès de Claude l’éclopé (à qui on souhaite un bon retour à la maison). Le flat et la chaîne cassée qui étaient prévus pour le Tour du Mont-Valin ont donc été retardés d’une journée.
Voilà qui prouve que Dieu existe et que si vous aidez votre prochain, il vous sera remis au centuple.