Il a fait beau soleil toute la journée, trop même! Enfin une vraie journée de course, avec des CÔTES! Le parcours était le fun: une soixantaine de kilomètres sur une route asphaltée qui, croyez-le ou non, comportait de petites bosses et même quelques tournants, suivis de 60 autres sur des chemins forestiers, avec des côtes dignes de ce nom. Il y a eu quelques attaques sur le plat, ce qui a mis du piquant et nous a dégourdi les jambes.
Quand nous sommes arrivés à la gravelle, le peloton a explosé à la première grosse montée. Au train, je me suis ramassé en avant, avec un écart sur Walker et Roger. J’ai decidé de tester un peu celui-ci et monté mon avance à au plus une minute. Roger, qui a chassé seul, m’a rejoint alors que je quittais précipitamment le ravitaillement. Il m’a rejoint definitivement quelques kilomètres plus tard. Le pace a diminué, si bien que Walker nous a rejoints et on a fini ça à trois. La chaleur était accablante, on avait tous les trois pris le minimum d’eau au feed, et la route qui n’en finissait plus de monter et de monter!
Les derniers 16 km étaient pavés car la route mène au Temple maya de Caracol. He que ça montait, he que c’était tough. À un moment donné, Walker a dit, avec son ton posé habituel: « I’m starting to lose the humor in all this ». Ce qui veut dire que si lui trouve ca trop dur, imaginez ceux qui vont moins vite.
Nous sommes arrivés complètement détruits, avec un temps de 5h20.
Pas facile cette course, je vous dis. Plusieurs sont maintenant classés « tour » ce qui veut dire qu’ils ne font que des demi-journées.
Nous avons eu toute l’après-midi pour visiter le temple de Caracol, centre d’une cité qui regroupait plus de 150 000 habitants, (c’est plus que la population actuelle de la métropole Belize City) autour de 100 après J.C. C’est vraiment impressionnant. Un vaste complexe de bâtiments et de pyramides, des chambres, des tombes, des réservoirs, des aqueducs, le tout en plein milieu d’une jungle luxuriante, remplie de lianes, d’araignées, d’oiseaux, de jaguars et de singes hurleurs.
Michael, l’organisateur, a eu beaucoup de misère à obtenir l’autorisation pour coucher ici. Nous sommes le premier groupe à le faire. Il y a des toilettes, mais à part ca, aucun service. Nous devons aller chercher la bouffe à une heure et demie d’auto d’ici. La douche représente un prodigieux bond vers le passé: une chaudière qu’on remplit à un réservoir d’eau de pluie, avec une braoule pour se vider l’eau glacée sur le corps.
Après souper, nous allons faire notre yoga au pied de la pyramide, sous un ciel étoilé superbe. La grande ourse est pas à la même place que che nous. Ah oui, le yoga fait partie de notre routine, car nous avons une professeure professionnelle dans le groupe, Taj. C’est très IN, le yoga, vous savez, ça nous permet d’entrer en contact avec notre moi intérieur, de sentir le sang couler dans nos veines et les mauvaises pensées quitter notre esprit. Et par chance, c’est des très bons étirements.
Une fois étirés et en paix avec tout l’univers, nous avons rejoint le campement, ou les lucioles donnaient tout un show. Pendant la nuit, nous avons eu droit aussi à tout un show, hallucinant, épeurant, complètement fou. Imaginez un bruit lointain, comme le souffle d’une personne qui aurait du mal à respirer. Le bruit augmente, un bruit angoissant, guttural, rauque. Jusqu’à ce que ce cri soit si fort, qu’on dirait qu’il vient de la forêt qui nous entoure. Rappelez-vous qu’on est à des dizaines de kilomètres de toute civilisation, et que certains d’entre nous ont profané le temple en faisant pipi sur le bord du bois!
J’étais convaincu que c’étaient des dinosaures surgis du passé pour nous manger. Ben non, c’est des singes hurleurs. Ils hurlent tellement fort, ces singes, qu’on dirait qu’ils sont géants. On les a jamais vus mais ils ont hurlé et aboyé après nous toute la nuit, se déplaçant autour du campement. J’ai pas dormi pantoute, mais juste pour ça, ça valait le voyage. Inoubliable!