Pierre Gendron a participé au Défi Vélomag, dans le Parc de la Mauricie et nous a pondu ce savoureux rapport:
Ok c’est du vélo de route, mais comme j’y ai vu plusieurs «montagniers» ça ne me gêne pas d’en parler ici. Et dans l’édition 2007 du Parc de la Mauricie, le mot montagne s’appliquait amplement. Mon ami François m’a d’ailleurs dit que son ordinateur de bord avait calculé, en plus de ses fréquences cardiaques, de la pression barométrique, des calories dépensées et des paiements qui lui restaient à faire sur son vélo, plus de 1700 quelques mètres de dénivelé au total. Ce n’est pas tout à fait la piste du canal Lachine ou des Cheminots; si ce n’est pas de la montagne, c’est au moins de la côte!
C’était ma première vraie expérience dans une grande activité de route (quoique j’ai déjà fait des petites régionales de route ici dans la région) et je n’ai pas détesté.
Je m’étais inscrit très tôt, en fait dès l’annonce de l’événement. La pré-inscription ça te force à y aller, même si tu «branles dans le manche» la veille de l’événement. De plus le 72$ de frais d’inscription, en début de saison me faisait moins mal au budget qu’il l’aurait fait en septembre. Le spectre de devoir me prendre une run de PubliSac pour payer ce 72$ ne m’enchantait guère.
Faut dire par contre que c’est un bon investissement:
- L’événement te motive à t’entraîner sérieusement, même en fin de saison (les vieux se souviennent que le raid Pierre Harvey avait ce même effet).
- En plus d’une cyclosportive chronométrée (on a donc un temps à montrer ou pas à nos amis!), on reçoit un beau t-shirt noir très discret…devant, mais full commanditaires dans le dos. On a aussi des ravis sur la parcours (j’ai même eu droit à une poussée post-ravi comme on voit dans les films du Tour de France). Des prix de présence (j’ai gagné un beau maillot d’une cyclosportive en Suisse–maillot qui vaut en lui-même le prix d’inscription) sont tirés, puis lancés. Il y avait aussi un gros repas de dinde (ça prenait un certain décalage en temps avant que mon estomac puisse accepter le volume nutritif.. mais le tout a bien passé ensuite.)
- Il ne faut pas oublier qu’un abonnement d’un an à Géo Plein Air ou VéloMag s’ajoutait à cette liste de freebees. Ça aussi ça valait la ½ du prix d’inscription. Pouvoir lire «sur le bras» les élucubrations du Gibier de potence pour un autre douze mois, c’est un gros plus dans sa vie. Mon rack à revues de la salle de bain va se remplir pour un autre 12 mois.
- -Enfin l’ultime raison de s’inscrire c’est la chance de pouvoir rouler sur de l’asphalte impeccable, sur des parcours sans zigzaguants rollerskateux, ni mononcles en vélo Bionix qui écoutent des bruits provenant d’une boîte grise/jaune fixée sur un guidon trop haut; sans autos qui s’amusent à te coller hors de l’accotement. Rouler dans un parc plein de côtes, un parc dont on doit la naissance à un ti-gars de Shawinigan, voilà un gros plusssse (comme il le disait ).
Alors donc après une bonne nuit de sommeil dans un chalet (d’un ami) du Lac à la Tortue (vendredi dehors sur le bord du lac, en prenant notre tite bleue et nos Ms Vickies-nature, on se serait cru en fin d’après midi à l’aéroport Trudeau, version Venise, les hydravions bourdonnaient sur ce lac/ruche), samedi matin, nous nous pointons vers le parc.
À l’entrée, une fois la prise des présences faite, nous avons avancé vers le site de départ. Tout se passe bien malgré la fébrilité des cyclistes. Il y en a même qui se réchauffent. Me semble que les 3 ou 4 prochaines heures le permettront amplement… à moins qu’ils n’aient décidé de partir en sprint.
Le comité d’accueil, les préposés au stationnement font tous preuve d’efficacité et de calme. Même qu’à côté du grand chapiteau, la Sleeman Draught est déjà prête dans de grands bacs pleins de glace…tentant…après tout il est déjà 9:30 du matin et c’est samedi. Mais je résiste, elle sera meilleure et méritée tantôt.
La partie la plus plate et la plus stressante avant une course de route c’est de mettre un dossard à 4 épingles sur un maillot. Je le mets sur les poches arrière du maillot ou au dessus ? Combien de jeu dois-je lui donner pour qu’il ne déchire pas quand je vais enfiler le maillot? Les épingles vont-elles faire des mailles dans mon maillot ? À gauche ou à droite? (Dans ce cas-ci , par contre, on nous avait prévenu que c’était à gauche)
Après quelques longues minutes l’opération est réussie. Il me reste à sortir le vélo du vieux Windstar et gonfler les pneus.
Je mets mes souliers et m’avise de rouler un peu pour vérifier mes manettes de frein (j’oublie souvent de redescendre la petite came de resserrement des freins après avoir remis ma roue sur la fourche) et de changements de vitesse.
Oups! Une surprise de taille me frappe. Mes pédales Time se refusent d’épouser les cales SPD de mes souliers. Quelle mauvaise volonté de leur part. Je me souviens alors que les bons souliers sont à côté de la porte chez moi et m’attendent.
Outre la sympathie de tous les coureurs que j’ai sollicités je ne trouve pas de solution.
On fera .. sans.
L’annonceur demande aux cyclistes de se rendre à l’arche de départ; un commissaire nous avise que le système photo-finish de la FQSC ne peut lire les dossards que s’ils sont placés de côté. Du même souffle il nous avise sagement que le départ sera retardé pour permettre à tous de faire la rotation du dossard de 90 degrés . Encore pris pour jouer des épingles.
Le signal du départ est donné par une mairesse (elle annonce ainsi indirectement à tous que sa ville a probablement commandité le Défi).
Les 30 km/h et + partent avant nous et 60 secondes plus tard c’est notre tour.
Merci madame la mairesse, vous agitez très bien le drapeau à damier. Madame, le poste est ouvert à Québec le 2 décembre.
Une fois dépassé les petits groupes de spectateurs applaudissant des amis ou des quidams, le calme s’installe. Seul le bruit des mécaniques brise le silence.
Il y a bien quelques cyclistes qui font la conversation, mais le tout est de courte durée, car ça monte souvent et longtemps. La discussion fait place lentement aux halètements.
Glanures:
- Les cyclistes équipés de roues libres 11-22 trouvent les côtes désagréables.
- Comme le Parc nous est exclusivement réservé, une partie des spectateurs sur le parcours sont des employés fédéraux en bel uniforme. Ils ne se gênent pas pour nous encourager.
- Les ravis sont bien pourvus et les bénévoles qui y oeuvrent sont gentils , serviables et malheureusement pour eux…assaillis par des myriades de petites mouches noires…mais elles ne piquent pas me dit-on
- J’ai vu un gars sur un gros vélo de montagne de 29″ avec des pneus full crampons. Quel courage.
- Une van et un autobus (le combo voiture balai) suivaient une tite madame sur son hybride qui avait le faciès d’une personne qui n’allait pas utiliser leurs services. Yessss!
- Le parcours était un aller-retour. Et les cyclistes qui faisaient le retour seulement (les 53 km) se joignaient à nous. J’ai vu un duo de «week-end warriors full carbone» (des 53 km) refuser carrément de se faire dépasser et relançant tous les gens qui les doublaient. Un moment donné ils n’étaient plus dans le décor, probablement que leur Blackberry venait de vibrer.
- Lors de ma première côte j’ai eu le réflexe de me mettre en danseuse pour pouvoir rester dans le peloton. J’avais oublié que mes pédales et souliers vivaient une séparation irréconciliable. Comme dans ces cas de séparation c’est évidemment une partie de mon anatomie qui en a fait les frais et j’ai dû me trouver une autre gang d’amis LOL
- Pour meubler le temps et ainsi ne pas le ressentir, je m’appliquais à rouler sur ou entre les deux lignes jaunes de la route. Tout d’abord ça donne une illusion de vitesse plus grande quand on regarde la route au dessous de soi, puis ça roule plus doux sur la peinture et ça concentre sur la technique.
- Le lunch après course était …substantiel. Une soupe comme ma grand-mère la faisait («il faut que la cuillère à soupe tienne debout toute seule»), de la dinde et des «pétates» rissolées. Il fallait attendre un certain temps que l’estomac décide de faire place à ce volume alimentaire. Mais cette période d’attente passée (c’est la Sleeman qui faisait la job d’ouverture de l’estomac), ça faisait la job.
- Une petite note noire dans cette image d’Épinal: Rock Détente devait être présent (son emplacement était dessiné à la craie sur l’asphalte du stationnement) Et c’est probablement à cause de cette absence que l’annonceur-maison devait se servir du système de haut parleur d’une voiture patrouille de la Sûreté du Québec. Quand ils ont nommé mon nom (je venais de gagner un prix de présence) j’ai eu pour un instant un petit sentiment de culpabilité et je suis venu à deux doigts de me «mettre les deux mains su l’char et d’écarter les jambes».
- Comme les règles de la fédé ne s’appliquaient pas, j’ai vu beaucoup de beaux maillots aux couleurs des équipes du Tour; on s’y serait cru dans certains pelotons.
- Si VéloMag publie les temps dans une édition à venir, comme il y avait beaucoup de monde, j’espère qu’ils n’utiliseront pas de très petits caractères pour sauver de l’espace. À Shawinigan, nous étions quelques uns à avoir déjà vu jouer Maurice Richard à la télé ou entendu Maurice Duplessis à la radio. On n’aime pas ça les petits caractères.
- J’ai vu deux cyclistes marcher avec leur chaîne brisée dans les mains. Comment peut-on briser une chaîne sur un vélo de route?
En guise de conclusion.
Je suis un montagnier dans l’âme, mais je recommande à tout ceux qui aiment pédaler de faire cette cyclosportive l’an prochain si elle a lieu à la même place. On y retrouve des montées et descentes (dans l’tape), de la nature, d’autres cyclistes sympathiques, comme en vélo de montagne. Par contre l’asphalte est tellement correcte, qu’on s’ennuie un peu des racines, roches et divers autres obstacles.
Pis, l’emplacement est tellement grand qu’il y a de la place pour tous les cyclistes, jambes rasées ou pas.
Les plus beaux dossards au photo-finish:
Médaille d’or:
Médaille d’argent:
Médaille de bronze:
Mention honorable: