En attendant de faire la course en compagnie de son frère en 2008 (peut-être), Jean-David Laberge est allé voir de quoi avait l’air la Cape Epic, cette course de vélo de montagne par étapes qui se déroule en Afrique du sud en mars. L’édition 2008 promet d’être la plus difficile jamais vue, avec un total de 966 km et 18 500 mètres de dénivelé. Jean-David a assisté à l’édition 2007 comme bénévole, et nous a pondu un excellent reportage. Merci et bonne chance!
Le Cape Épic est une compétition d’endurance de 8 jours, 886 km avec 15 045 m. d’ascension total… l’édition 2007 a eu lieu du 24 au 31 mars 2007 et cette année c’est près de 1 200 coureurs qui ont pris part à cette course par étape. J’y suis allé comme bénévole car je suis encore un peu nouveau dans le monde des compétitions de type marathon et je voulais voir ce que cela prend pour réussir à finir, avec un sourire si possible, une telle compétition. De plus, lorsque l’on est bénévole on a une inscription automatique pour la course de la saison suivante. Je suis donc arrivé 4 jours avant le début de la compétition et j’en ai profité pour visiter la ville de Capetown.
Une bonne partie de la crème du vélo de montagne est aussi venu. On parle ici des Chistoph Sauser (No 2 mondial 2006), Karl Platt ( 4 fois gagnant du transalp), Fedrick Kessiakoff ( No 3 mondial 2006), Ralph Naef ( champion 2006 marathon), José Hermida (médaillé argent olympique 2004) pour ne nommer que ceux là.
La route de l’Absa Cape Épic change à toutes les années depuis 2004, année de la première édition. Le point de départ ne change pas, la ville de Knysna (dire naiznâ)… et quelle ville!!, un petit paradis sur le bord d’un lagon donnant sur l’océan indien… de quoi vous faire oublier ce qui s’en vient ! Cette année la route va vers le nord et passera dans le Karoo, un secteur de montagne et de désert… ce qui implique chaleur, montées, du vent et surtout pas d’ombre…
La journée du vendredi 23 mars 2007 était celle de l’inscription des coureurs et comme il y avait plus de 600 équipes de 2 cela a pris toute la journée… Les bénévoles se chargeaient de l’inscription. Lors de l’inscription, chaque participant reçoit un transpondeur qui sert à déterminer son temps pour faire le parcours et aussi, entre autre, un sac avec son numéro dessus. Ce sac sera le seul effet personnel à être transporté d’une ville à l’autre par l’Organisation de la course. Le soir venu, il y a eu la première présentation du parcours de l’étape par M. Leon Evans (aka Dr. Evil) celui même qui est responsable du choix et de la réalisation du parcours… qui selon les rumeurs prendrait presqu’une année entière à réaliser. Le plus difficile serait d’assurer les différentes permissions de passages car tous les terrains sont privés et les propriétés de 6000 ha ne sont pas rares, ce qui rend difficile de parler avec les proprios. La présentation de l’étape à venir se fait sur Google Earth ce qui permet de voir les monstrueuses montés qui s’en viennent… on entendait le son de la machine à café lorsqu’il y a eu la présentation de la Prince Alfred’s pass…
Un peu plus tard, pendant le souper des bénévoles on me confirme que je serai attitré aux points de ravitaillement. Il y a 4 points de ravitaillement pendant la course, 3 dans le parcours et un a la fin. Chaque point a son propre camion réfrigéré qui contient 6000 litres d’eau, provenant de l’usine de Coca Cola de Capetown, et 3000 litres de boisson sportive. De plus, un système de nutrition permet aux coureurs qui en font la demande d’avoir une bouteille identifiée au point 2. Les bénévoles des ravitaillements doivent donc se lever à 4 :15 tous les matins… information qu’ils nous transmettent en dernier de tout avant que l’on parte se coucher !!!
À notre première journée je suis attitré au point de ravitaillement 2. Notre équipe est formée de 5 personnes, un polonais, un canadien et 3 sud-africaines qui sont là surtout pour encourager des membres de leurs familles qui font la compétition.
La première journée de l’Épic a 101 km de long mais avec 2 660m de montée !!!… les premiers 20 km de la course donnent une monter de 660m… et après le point de ravitaillement 2 il y a le Prince Alfred’s Pass qui monte de plus de 700m sur 14 km !!…
Ce qui m’a marqué le plus c’est la différence entre les pros et les autres. Au jour 2, qui comporte 132 km avec 2 245m de montée, je suis encore attitré au point de ravitaillement 2 qui, cette fois, est situé après une montée de 6,6% de moyenne sur 12km pour un gain total de 800m. Pourquoi les pros sont différents des autres ? Parce qu’ils restent calme lorsque cela va mal… on dirait qu’ils mettent la switch à off et deviennent absolument » cool « … ils ne perdent aucune énergie à stresser. Par exemple, Jakob Fugelsang de l’équipe Cannondale Vredestein 1 est arrivé 10 minutes avant son partenaire qui a eu quelques difficultés avec son équipement… hé ben devinez quoi… il en a profité pour faire des farces avec les autres coureurs et il s’est aussi amusé à donner de l’eau aux autres concurrents en attendant !! et quand son coéquipier, Roel Paulissen, est arrivé il lui a dit de prendre son temps avant de repartir avec le sourire… j’en suis resté bouche bée…
Le point de ravitaillement 2 de la journée 2 a été le plus occupé de la compétition… on y a passé plus de 10 000 litres d’eau, 600 litres de Coke, beaucoup et beaucoup de bananes… je crois que pour la grande majorité des participant la grande montée précédent le point 2 de la journée 2 reste le point marquant de l’Épic 2007 !!
La course de cette année a été suivie par beaucoup de pays avec des reportages de 30 minutes tous les jours, il y avait un hélicoptère qui suivait en permanence les meneurs. La course du Cape Epic est de plus en plus comparée au tour de France du vélo de montagne. La compétition entre les pros et les différents meneurs est très relevé. Je me souviens qu’au point de ravitaillement 3 de l’avant dernière journée de la compétition les trois équipes de tête étaient séparés par seulement 20 secondes au total de la compétition…
L’équipe gagnante est l’équipe Bulls, Karl Platt et Stephan Sahm, qui ont remporté par un peu plus de 3 minutes seulement… sur 8 jours et 886 km…
Parlons un peu maintenant de cette organisation. Voici ce que cela implique, 1200 coureurs, 800 crew et bénévoles qui doivent se déplacer pendant 8 jours et dormir 7 nuits. Il y a donc deux ‘kit’ de village qui va de ville en ville, quand on reste dans une ville avec les coureurs, dans la prochaine ville se construit pour le lendemain l’autre structure et ainsi de suite. Dans tous les villages il y a les tentes pour dormir, des toilettes, des douches (oui des douches) montés dans deux remorques de 48 pieds, il y a 9 douches par côté pour un total de 36. L’organisation de l’évènement est phénoménale, aucun accrochage majeur et les coureurs n’y voient que du feu… à l’arrivée, tout est en place, ils n’ont qu’à choisir une tente prendre leur sac de bagage et tout est déjà en place…Il y a même un service de nettoyage de vélo avec des jets à pression et un parc de vélo où faire coucher les vélos sous surveillance de gardiens. Après avoir discuté avec plusieurs techniciens de Shimano il n’est pas recommandé de faire nettoyer son vélo avec une machine à pression… ils me disaient d’ailleurs que pour eux cela représenterait un bon chiffre d’affaire après la course de faire les réparations des pièces qui seraient usées prématurément par manque d’huile !!
À tous les soirs il y a un spectacle des talents locaux dans la tente principale qui peut contenir les 1200 coureurs en même temps. Le lever se fait tous les matins à 5 :00 heures pour les coureurs et le départ se fait à 7 :00 heures. L’heure du départ permet de bénéficier de quelques heures de temps relativement frais. Il y a eu des matins ou il devait faire en bas de 10 C… mais à partir de 10 :00 heure on dépasse largement les 25 C… un des points majeurs de cette partie de l’Afrique est l’absence presque total d’arbre… donc pas d’ombre et beaucoup de vent… il arrivait parfois de voir les coureurs mouliner dans des descentes… on y voyait pas grand sourire rendu en bas… !
Malgré tout cela il y a eu un taux de réussite de 85%. Autrement dit 1026 coureurs ont terminé la course… du jamais vu ! Un des facteurs notables était la préparation des différentes équipes qui participaient. Un autre point aussi est la présence sur tout le long du parcours d’équipe médicale en VTT avec des bases dans chaque point de ravitaillement où il était possible de recevoir des traitements allant de pose de soluté à l’évaluation physique par un médecin qui pouvait vous dire que votre course était terminé… par exemple, s’il y avait danger de déshydratation majeure…
Un autre ajout de cette année a été le centre de support «neutre» de Shimano. Ce centre permettait de faire faire des réparations sur le vélo à l’aide de technicien certifié et même changer des pièces sur les vélos et surtout il permet aussi de faire la lubrification des chaînes… alors, si un coureur avait un bris majeur il n’avait qu’à se rendre au prochain point de ravitaillement afin de pouvoir faire faire les réparations nécessaires. Remarquez qu’il y avait en moyenne 40 km entre chaque points de ravitaillement alors… ce n’est pas si facile après tout !
La course du Cape-Epic est souvent mentionné comme étant une course de route en vélo de montagne… c’est vrai que parfois la route passe par l’asphalte et des chemins de gravelle, mais tous les coureurs à qui j’ai parlé ont dit la même chose… dans les grandes montées… y’a des passages techniques en malade avec beaucoup de roches lousses (normal ya pas de pluie pour souder le tout) dans les montées et descentes qui étirent les différents pelotons. Un autre point très important est la présence d’épines presque partout et on parle ici de petites épines «tu-seule» qui se trouve par terre et qui sont de format Africain… autrement dit tu peux passer sur assez pour avoir un flat dans le temps de le dire… l’équipe de Cannodale vredestain 1 a eu 6 flat dans une journée… Le truc… ne pas sortir des chemins… et ne pas rouler au centre entre les deux traces de roues… apporter plusieurs tubes et prier !!
Pour moi être bénévole était une façon de voyager et de voir des endroits que je n’aurai jamais eu la chance de voir, de visualiser ce que demande physiquement une course du genre et de faire l’évaluation de ce que j’aurai à faire afin d’y participer l’an prochain et espérer finir avec un semblant de sourire… je dois dire mission accomplie et aussi que je ne regrette pas de m’être levé à 4 :15 pendant 8 jours… j’ai aussi appris beaucoup sur la nutrition et les différentes techniques des pros aux différents points de ravitaillements, ce qu’ils préfèrent et pourquoi… mais ça… j’le gardes pour moi… !! fallait être là !! j’peux toujours ben pas tout vous dire quand même !
Alors l’an prochain, si tout va bien, je pourrai alors vous parler de la course en tant que coureur…
Jdl
Voici d’autres photos …
Tous les sacs des coureurs
Départ d’une étape à 07:00 heures
Coureur à l’arrivé dans la ville de Ladysmith
Arrivé de coureur de l’équipe Avis, à droite face au cameraman, qui porte son co-équipier sur sa selle
car les concurents doivent terminer avec leurs bicylcles…
Chris Wurster, single speed sans suspension… que dire de plus…
Un point de ravitaillement typique…
Ville de Montagu… pas beaucoup d’arbres !!
Le dernier kilomètre à faire…
Paysage typique de la région du Karoo