Le sujet revient souvent quand on discute matériel. Ou quand on discute de nos habitudes d’achat. Ou du futur de nos boutiques préférées.
Le marché a changé. Les cyclistes cyber-débrouillards peuvent maintenant acheter certaines pièces de vélo à bas prix sans passer par leur boutique de vélo préférée, ce qui fait dire à certains que les boutiques et les distributeurs fixent leurs prix trop hauts, et ce qui fait dire à d’autres que quand on a besoin de service, on est content d’avoir une boutique pour nous aider. Le débat devient encore plus émotif quand une boutique bien établie est forcée de fermer ses portes, comme cela a été annoncé la semaine dernière. Certains ont mis la responsabilité de la fermeture sur les acheteurs en ligne, brandissant le spectre de la fermeture de toutes les boutiques. L’apocalypse du marché de détail se pointerait-elle vraiment à l’horizon?
Angoissé par la perspective de perdre un jour l’accès aux services de Stank, mon mécano favori, j’ai pensé à remonter aux sources et demander aux distributeurs si ces nouvelles pratiques des consommateurs les inquiétaient. Évidemment, ils répondent qu’ils ne peuvent ignorer ces nouvelles lois du marché, et cette concurrence les force à gérer leurs activités de façon très serrée, à revoir leurs méthodes au besoin.
Pour comprendre les écarts de prix entre les boutiques en ligne ou le revendeur sur Ebay qui liquide du stock à partir de son sous-sol, il faut tenir compte du système actuel des distributeurs fournissant les boutiques de vélo partout au pays. Une structure gigantesque, qui permet aux boutiques de donner un service qui nous est très souvent essentiel. Sylvain Caya, directeur général de Cycles Lambert, plus important distributeur canadien de pièces de vélo, a gentiment accepté de nous dresser la liste des raisons d’être des distributeurs, qui aide à comprendre les écarts de prix entre la boutique au coin de la rue et la boutique au bout de la souris.
- Espace
- Importations de produits en grandes quantités pour ensuite les distribuer en petits lots à nos 1500 clients a travers le Canada;
- Notre entrepôt équivaut à plus de 2 terrains de football;
- Même fonctionnement dans l’automobile avec Napa ou Car Quest, dans la moto (ex.: Motovan). Même les grandes surfaces comme Canadian Tire fonctionnent de la même façon avec de gros entrepôts.
- Rapidité de livraison
- Pour offrir le meilleur service au détaillant et au consommateur, les livraisons s’effectuent très rapidement car chaque commande reçue avant 15h est livrée le lendemain partout au Canada;
- Transport
- En achetant en grandes quantités (containers), il est possible de réduire les coûts de transport;
- Le même principe s’applique au transport du distributeur vers le détaillant car il est possible de commander plusieurs marques en même temps et ainsi réduire les coûts. Lambert offre même le transport gratuit pour toute commande supérieure à $400.
- Financement
- Pour importer, il faut payer la marchandise lors du départ du bateau en Asie ou en Europe. De plus, le distributeur offre aux détaillants des termes de paiement pouvant aller jusqu’à 6 mois. Donc, le distributeur joue en partie le rôle d’une banque auprès des détaillants en finançant des montants très importants d’inventaires et de recevables.
- Représentants
- Assure la formation sur les nouveaux produits et offre le support au service en magasin.
- Garanties
- Traitement des réparations et garanties.
- Marketing
- Assurer la visibilité de la marque au Canada, que ce soit via la publicité, le merchandising, la présence aux courses et événements, les commandites, les revues de produits dans les magazines, etc.
Voilà. On pourrait ajouter à cela les pertes encourues en cas de faillite d’un détaillant. Avec cette liste d’arguments, le débat peut reprendre de plus belle…;-) Si vous avez des questions plus pointues à adresser à ce distributeur, n’hésitez pas à nous les transmettre, on fera un suivi.