Je terminais ma dernière chronique en ouvrant la porte aux lecteurs pour qu’ils me corrigent en cas d’erreur. J’ai reçu un courriel de Arnaud Gagnon à ce sujet. Un moment, j’ai cru lire Arnaud Papillon, mais non, c’est bel et bien Gagnon. Et il me corrige poliment, en ces termes :
«Je pense que votre article contient quelques choses qui se rapprochent d’une erreur et/ou d’un manque de justice.
En début d’article, vous évoquez deux options qui s’ouvrent au coureur « fautif » et vous mentionnez votre rêve de voir un coureur en suivre une 3e. Cette fameuse 3e voie, certains l’ont plus ou moins suivie. J’aimerais vous parler de Bernard Kohl et de Tyler Hamilton, que vous avez omis ou oublié de citer, ou plus simplement, dont vous ignoriez les actes. Le premier est un ex-grand espoir du cyclisme autrichien. En 2008, il s’était en fin révélé au plus haut niveau en finissant 3e du tour derrière Sastre et Evans, empochant au passage le maillot de meilleur grimpeur. Quelques mois plus tard, l’annonce d’un contrôle positif sur le tour tombait, suivie de près par celle de sa suspension pour deux ans. Après des aveux « deuxième option », Kolh a dès lors choisi de collaborer avec la police, donnant le nom du laboratoire où il se faisait faire des transfusions, le fameux « humanplasma » et même le nom de code qu’il utilisait pour ne pas être repéré. En mai 2009, il annonce à la presse sa retraite sportive, justifiant sa décision en disant « ne plus vouloir vivre dans le mensonge » et considérant que dans le milieu du vélo « Quelqu’un qui dit la vérité ne peut plus revenir dans le système » et « [qu’] Aucune équipe ne va m’engager dans la situation où je me trouve aujourd’hui. » l’Autrichien à profité de l’occasion pour révélé à la presse que c’est vers 19 ans qu’il avait commencé à se doper. Il a également dénoncé le manque d’efficacité des contrôles antidopages, en déclarant avoir fait des centaines de contrôle en étant dopé, pour au final un seul résultat positif… Il consacre à l’heure actuelle sa vie à une petite boutique de vélo à Vienne et à des conférences contre le dopage qu’il donne à des jeunes dans les écoles de cyclisme et les centres de formation. Depuis, sa suspension a pris fin, mais il n’est pas revenu…. À ma connaissance, il aurait encore offert sa collaboration dans l’affaire Humanplasma il y a quelques mois.
http://www.eurosport.fr/cyclisme/kohl-dit-tout_sto1893629/story.shtml
Hamilton lui, à attendu plusieurs années avant d’avouer, mais il l’a fait. En mai dernier, il est passé aux aveux concernant son titre olympique en 2004, renonçant à sa médaille qu’il a remise à son agence nationale de lutte anti-dopage.
Voilà, pour votre culture personnelle, cette « 3e option » dont vous regrettiez la non-existence dans votre article. Elle n’est pas aussi répandue et complète que vous l’espériez, mais elle a le mérite d’exister et de prouver que des aveux peuvent êtres sincères.
J’ajoute que dans le cas malheureux de M.Papillon, il est fort probable qu’il ait en effet choisi que tout récemment de se doper, en effet, au contraire de Jeanson, son nom n’apparaît pas au palmarès des course internationales junior, de plus, il a été victime de deux accidents de la route. Je crois tout à fait crédible cette explication selon la quelle il a choisi de ne pas se relever par un simple effort, mais aussi avec des moyens moins éthiques, après, ce n’est que mon opinion personnelle et elle se discute sans aucun problème, de même que la vôtre ;)»
Me voilà donc corrigé. Merci Arnaud, et vivement d’autres adeptes de la troisième option, pourquoi pas ici au Québec…
J’ai discuté ensuite avec Arnaud de la pertinence d’ajouter Floyd Landis à la liste, mais Arnaud ne le considère pas comme un «modèle à suivre». Moi j’estime que Hamilton et Landis: même combat, même démarche de négation, un plus intelligent que l’autre.
Tous ces faits soulèvent plein de considérations éthiques, particulièrement sur la notion de pardon. Assez pour faire l’objet d’une nouvelle chronique (à suivre). En terminant, j’ai demandé à Arnaud qui il était, étant frappé par la qualité de son écriture, l’étendue de sa culture cycliste et son style à la fois posé et profondément humain. Il ne s’agit pas d’un homme d’âge mûr mais plutôt d’un étudiant au Cégep en Science-Nature à Montréal, qui vient de terminer sa deuxième année de compétition en vélo de route, comme junior première année avec Espoirs Laval. Pas pire, hein? Il ira loin, ce kid.