La nouvelle est finalement sortie le 8 février : Suspension de deux ans à Benjamin Martel pour dopage à la testostérone. Les commentaires ont suivi. Eric Lyman, directeur de l’équipe de Benjamin, a commenté (traduction libre) «Je ne savais pas que Martel se dopait, et c’est la dernière personne que j’aurais suspecté de dopage» Comme dirait un bon ami, la première partie de la phrase pourrait être vraie mais la deuxième partie n’a aucune crédibilité.
Benjamin a ensuite témoigné de «l’expérience inattendue» qu’il vivait, une «situation qui peut arriver à n’importe quelle personne». Ben oui. Dopé «à l’insu de son plein gré» lui itou. Devant le Centre de Règlement des Différents Sportifs du Canada, il a défendu une thèse selon laquelle la testostérone contenue dans son pipi venait d’un onguent mystérieux qui lui avait été donné par un camionneur et dont il ne restait malheureusement aucune trace. L’arbitre Ross C. Dumoulin a été très poli dans son jugement face à cette défense, mais a toutefois maintenu la culpabilité et la sanction.
Je m’étais dit qu’il était inutile de rajouter au ridicule de la situation, mais un moment donné, on en a plein le dos qu’on nous prenne pour des valises. Ou qu’on nous prenne pour des » deux de pique « . Dans mon cas, c’est cette expression qui a fait déborder le vase. Ça s’est passé sur le blogue du collègue Jean-Sébastien Zahra, qui donnait son avis sur la nouvelle. À la suite de l’article, dans la section «commentaires», à travers quelques témoignages pas très tendres sur Benjamin, une voix anonyme s’est élevée, qui disait : «Hey mon 2 de pique, je crois que tu n’as pas bien fait tes devoirs, Martel n’a pas été reconnu comme un dopé, mais uniquement qu’il y avait présence de testostérone! C’est bien facile de parler, mais il pourrait y avoir une substance interdite dans ton bidon, et tu ne le saurait (sic) même pas!!! Attention.»
Les commentateurs suivants ont reconnu l’expression utilisée par la conjointe de Benjamin sur les sites de courses quand on s’en prenait à son chum. La dame de cœur de Benjamin qui pourfend les deux de piques du monde cycliste. Savoureux. J’imagine la scène à la maison quand Benjamin a annoncé la nouvelle à Julie :
(DISCLAIMER : le texte qui suit est intégralement fictif et ne s’appuie sur aucune écoute électronique, c’est une pure dramatisation totalement inventée et qui n’a rien à voir avec la réalité)
Benjamin (qui arrive de la boite à malle avec une enveloppe déchirée entre les mains) : Chériiiiie… tsé, l’autre jour, quand j’ai fait pipi au championnat québécois… ben… j’ai testé positif…
Julie : QUOI?
Benjamin : J’ai testé positif…
Julie : Ah ben mon deux de pique, toué! T’as réussi à te faire pogner! C’est quoi? EPO? Hormones de croissance? Corticostéroïdes?
Benjamin : Non… testostérone.
Julie : Ah fuck! T’as l’air fin, là… Kessé tu vas faire?
Benjamin : Je vais me trouver une bonne excuse pis m’essayer en arbitrage. J’ai pensé faire comme Lance… me faire faire une prescription de crème à fesses qui contient de la testo, datée d’AVANT le championnat québécois. Hop! Génial, hein? J’vas appeler tout de suite dans une pharmacie… (prend le téléphone et signale) Ouiii, bonjour madaaame… je cherche un onguent pour les fesses qui contient de la testostérone, vous avez ça?
La pharmacienne: Non monsieur, désolé, la testostérone, c’est pas du tout pour guérir les fesses, j’ai aucun onguent qui en contienne.
Benjamin : (met sa main sur le combiné) Shit, Julie, y’en ont pas…
Julie : Demande si ils en ont, mais qui sert à autre chose…
Benjamin : Ah, c’est bon, ça…(ôte sa main du combiné)… dites-moi madame, vous devez ben avoir de l’onguent à la testostérone qui sert à autre chose?
La pharmacienne: Écoutez monsieur, j’ai le CPS devant moi, vous avez le gros catalogue des médicaments? J’ai beau chercher, y’a aucun onguent qui en contienne. J’aurais des patchs de testostérone, par contre.
Benjamin : non, ça va, ça, j’en ai déjà. Merci madame, bonjour….. Shit, Julie… ça va mal, y’ont pas d’onguent…
Julie : T’es donc ben deux de pique, voyons… Armstrong, c’était de la cortisone, pas de la testostérone!
Benjamin : Ah shit, t’as ben raison! Dans ce cas, on pourrait dire que c’est un onguent, mais sans dire lequel! J’ai juste à dire que je l’ai tout utilisé, que je sais pas c’était quoi et que je sais pas c’est qui qui me l’a donné.
Julie : T’es-tu malade? Ça tient pas deboutte ton affaire…
Benjamin : Non, non, check moi ben aller, je vais leur monter une histoire.
Julie : Voyons pitou, jamais l’arbitre va te croire.
Benjamin : Eyye, y’ont ben cru Contador quand y’a dit qu’y avait mangé de la vache contaminée, y’a-tu prouvé de quoi, lui? (NDLR : La scène se passait avant que Contador ne fusse suspendu)
Julie : Ouais, tant qu’à ça, t’as peut-être raison…
Benjamin : J’ai rien à perdre, au pire, ils vont réduire ma suspension, vu que j’ai pas fait exprès. Pour être convaincant, faudrait que tu viennes dire comment j’étais prêt à essayer n’importe quel médicament pour mes foufounes parce que le bike c’est toute ma vie, tu vois le genre?
Julie : Ouais, je peux ben y aller avec toi, mais si ça marche pas, on va avoir l’air fou en titi.
Quelques semaines plus tard, Benjamin et Julie se présentent devant Ross C. Dumoulin…
Ross C. Dumoulin : Monsieur Martel, vous êtes accusé d’avoir testé positif à la testostérone, qu’avez-vous à dire pour votre défense?
Benjamin : C’est pas ma faute. Ché pas où j’ai pris ça. Ça devait être dans mon bidon.
Ross C. Dumoulin : Soyons sérieux, svp.
Benjamin : Non, sérieux, là, cet été, j’avais des problèmes de dergière en feu pis j’ai pris full médicaments.
Ross C. Dumoulin : Des problèmes de quoi?
Benjamin : Le dargière en feu, c’est une maladie de cycliste : à force de rouler, les fesses nous frottent sur la selle, pis on vient tout échauffé… des kystes enflammés, des boutons infectés, des ampoules purulentes…
Julie : Votre honneur, il avait de la difficulté à s’asseoir, ses plaies étaient à vif! Il a fallu que je crève ses blessures…
Ross C. Dumoulin : C’est beau, ça va, je pense que j’ai compris.
Julie : Le vélo, c’est toute sa vie, il s’entraîne six jours par semaine, lui enlever son vélo c’est comme lui couper les deux jambes…
Ross C. Dumoulin : Ça va, c’est beau. Quel est dans ce cas le produit contenant de la testostérone que vous avez absorbé?
Benjamin : C’est un onguent à fesses.
Ross C. Dumoulin : Quel est le nom de cet onguent?
Benjamin : Ché po le nom.
Ross C. Dumoulin : Comment ça, je sais pas le nom?
Benjamin : Tait d’un ti bocal po de nom.
Ross C. Dumoulin : Bon. Gardons notre calme. Vous nous en avez emmené un échantillon?
Benjamin : En a pu.
Ross C. Dumoulin : Comment ça, y’en a plus?
Benjamin : Li toute pris. Avais les founes magannées en titi.
Julie : Votre honneur, il avait de la difficulté à s’asseoir, ses plaies étaient à vif! Il a fallu que je crève ses blessures!!!
Ross C. Dumoulin : Décidément. Où vous êtes-vous procuré cet onguent, en ce cas?
Benjamin : Ben euh… c’est un euh… camionneur qui me l’a donné!
Ross C. Dumoulin : Un Camionneur! Bon. Qui est ce camionneur? L’avez-vous contacté pour obtenir le nom ou un échantillon de son onguent?
Benjamin : Ben s’parce que… l’ai rencontré par hasard dans les toilettes à la halte routière, le connais pas vraiment boucoup, l’ai pu revu, sais pas son nom, yé disparu…. Souplait, spa ma faute, pas fait esprès…
Excédé, le juge Dumoulin a mis fin à la séance d’arbitrage. Quelques semaines plus tard, le couple a appris le verdict en ouvrant son courrier. Après avoir lu la lettre, Benjamin a dit d’un air déçu: «Il a maintenu la suspension de deux ans.» Julie a répondu : «Tu parles d’un deux de pique».
(un gros merci à Canadian Cyclist, à qui nous avons piqué la photo)
Voilà pour la simulation fictive. C’est ça qui est ça.
Que l’histoire retiendra-elle de Benjamin Martel? Probablement ce message adressé à tous les deux de pique de ce monde : «il n’a pas été reconnu comme un dopé, mais uniquement qu’il y avait présence de testostérone».
Un message qui laisse croire qu’on peut tester positif en utilisant des produits courants, ce qui sème la panique chez certains coureurs du peloton des maitres amateurs, qui se feront tester en 2012. Pourtant, y’a aucun stress à y avoir si vous utilisez des produits de marques connues (gels, boissons énergétiques ou de récupération). Si vous avez besoin de plus que ça, oui, craignez, et désolé, mais vous devenez suspects vous itou.
En passant, on a essayé de contacter Benjamin bien poliment pour qu’il défende son point sur le nébuleux zonguent. Il n’a pas répondu. On reste ouverts si il veut le faire.
Bonne saison à tous et ridez clean!