Un peu d’histoire:
Beaucoup d’eau a coulé dans les deux bras de la rivière Sainte-Anne depuis l’été 2004, où quelques passionnés du Club Vélo Extrême de Saint-Raymond ont organisé la première édition du Raid Extrême Bras du Nord. À l’époque, faire du vélo à Saint-Raymond, c’était partir à la découverte des innombrables chemins forestiers et sentiers de quads qui entourent la ville. Le Raid nous a fait connaître la Vallée Bras du Nord, où bientôt des sentiers de vélo sont apparus, ajoutant encore plus de cachet. L’événement a sans cesse gagné en popularité, pour s’établir parmi les favoris dans la communauté des raideurs québécois. Un jour, les membres du Club Vélo Extreme ont eu le goût de le faire eux aussi, ce raid. Comme tout le monde à Saint-Raymond voulait que l’aventure se poursuive, on a fait appel aux spécialistes d’Horizon 5, qui ont su prolonger la tradition et même amener l’événement au plus haut niveau national, celui de championnat de XC Marathon, en 2012 et 2013.
Après 10 ans, le moment était propice pour un changement de formule, afin de s’adapter aux nouvelles tendances, à l’évolution du monde du singletrack. Singletrack… Évolution… Voilà justement les deux nouveaux mots fétiches utilisés par Horizon 5 pour qualifier leur vision. Jean Fortier, directeur de course pour le raid Bras du Nord, nous a accordé cette entrevue.
Jean Fortier en action au départ du raid, y allant d’un petit pas de danse sur l’air de Staying Alive,
pour tenter d’évacuer le stress évident des coureurs. Ou était-ce les premières mesures de
Thunderstruck, en hommage aux exploits de Luc Proulx?
Gilles: Cette année on dit « Raid Bras du Nord » tout court. Où est passé le mot « Extrême »?
Jean Fortier: En fait, le mot « extrême » référait à la distance originale du raid, 97 km. Distance que l’on a gardée durant les 10 années du Raid, mais qui attirait de moins en moins de participants. Lorsque que nous regardons les chiffres, cela représentait moins de 15% des participants des cinq dernières années. Nous proposons cette année une nouvelle formule, où le mot «extrême» ne cadre plus.
Gilles: Et vous avez rajouté «SINGLETRACK EVOLUTION™». Cette nouvelle formule signifie la fin du 97km? Pu de côte à Ti-Oui? Faut-il paniquer et pousser les hauts cris?
Jean: Je crois qu’on pourra pousser des cris de joie. Nous allons donner des raisons aux participants de s’amuser plus que jamais dans le cadre d’une compétition de vélo de montagne. L’idée derrière cet ajout est d’avoir une déclinaison qui se dit aussi bien en français qu’en anglais.
Gilles: Décris-nous la nouvelle formule.
Jean: L’année dernière, le challenge de nuit nous a vraiment donné envie de faire progresser l’idée. Le vendredi soir, nous proposerons une boucle de quatre à cinq kilomètres qu’il faudra faire à relais (donc en équipe) sur une période de trois heures. Le parcours sera dans les sentiers du Mont Laura et spécialement balisé pour la nuit, du jamais vu !
Le samedi, nous proposons le Challenge de la Neilson, une épreuve de type enduro sur le fameux sentier de la rivière Neilson qui se trouve dans le secteur Shannahan de la VBN. (NDLR: Fameux dans le sens que ça fait deux ans qu’on promet la phase II et qu’on travaille dessus, et cette section est maintenant assez avancée pour qu’on envisage l’ouverture de la phase II et peut-être même la III (sur 5) à l’été 2014). Pour cet enduro, nous n’avons pas encore déterminé les critères de sélection, mais ce sera sur invitation et par tirage au sort.
Le dimanche se tiendra l’événement populaire, grand rassemblement dans le centre ville de Saint-Raymond. Une seule distance (entre 35 et 50 km) que nous chronométrerons en trois sections. Deux sections courtes de singletracks (descentes ou montées) dans les sentiers du secteur Saint Raymond. La troisième section chronométrée sera plus longue et plus fluide. Entre ces trois sections, le parcours sera balisé mais non-chronométré. Cela permettra aux cyclistes de prendre leur temps et/ou d’attendre leurs amis avant la prochaine étape. Les gagnants seront déterminés par le temps cumulatif des trois sections et non par le temps total de la distance.
Gilles: Quel est le but de l’épreuve de samedi, sur invitation, en faire un championnat réservé à l’élite? Et quels seront les critères de sélection, je suis sûr que beaucoup de gens voudraient faire une telle course?
Jean: Le but est d’en faire une épreuve spectaculaire. Nous produirons des images qui nous permettront de mettre en valeur le secteur Shannahan et de montrer au reste du monde que la VBN est une destination qui a des attraits extraordinaires. Cela ne sera ni un championnat, ni réservé exclusivement à l’élite. Les critères de sélections pour les invitations seront dévoilés au mois d’avril. Nous attribuerons le reste des places probablement par un système de pige.
Gilles: Ce format ressemble à celui de certaines courses de type Enduro, où les descentes sont chronométrées. Le Bras du nord aura aussi des montées chronométrées, donc pas une bonne idée de se munir d’un vélo d’enduro?
Jean: À moins d’arriver avec un vélo de descente, n’importe qui y trouvera son compte.
Gilles: Réponse de politicien. On veut savoir quel bike prendre, quelle sorte de pneus chausser, comment s’habiller!! Sans blagues, ça va donner quoi, tu penses, comme temps de course: On va passer 3-4 heures sur notre vélo et notre temps final cumulatif jouera autour de 15 minutes?
Jean: Oui 3-4 heures de pédalage. Pour le temps cumulatif des trois étapes nous avons en tête un cumulatif autour de 40-45 minutes.
Gilles: Ce nouveau format répondra-t-il mieux à la vocation de promotion recherchée par la Vallée Bras du Nord?
Jean: Nous croyons que oui. Depuis que la VBN développe des sentiers, nous n’avons pas pu les proposer aux participants qui ne voulaient pas s’engager sur une longue distance telle que le 97 km. On s’ajuste aussi à la demande. Les gens veulent passer du bon temps entre amis et en famille. Le dépassement de soi c’est bien, mais l’idée de pousser ses limites à tout prix n’est plus la motivation principale lorsque l’on prend part à une course.
Il faut aussi comprendre que cette nouvelle formule n’est pas une finalité en soi, elle évoluera dans le temps avec les nouveaux sentiers et les développements les plus récents de la VBN. De là aussi l’idée de notre appellation sous le nom Raid Bras du Nord: «SINGLETRACK EVOLUTION™». Une marque de commerce que nous tenterons de suivre dans le futur.
Gilles: Intéressant. Cette année, quelle sera la proportion ou le nombre de km de singletrack dans le raid?
Jean: La plus grande proportion possible. Il faut tout de même garder en tête qu’il y a des limites en termes de distance et de configuration. L’idée est de proposer un parcours équilibré qui mettra en valeur ce que l’équipe de la VBN nous offre de mieux.
Gilles: Le Raid Extrême Bras du Nord était l’un des seuls raids «traditionnels» qui fonctionnait bien encore, qui jouissait d’un succès populaire. Et pourtant, vous y allez d’un virage. Cette décision découle d’une réflexion entamée il y a longtemps? Réflexion basée j’imagine sur les commentaires reçus mais aussi sur ta propre expérience en raid. Quelles épreuves as-tu faites personnellement l’an dernier ou ces dernières années, et lesquelles t’ont le plus inspiré?
Jean: Depuis les deux dernières années j’ai fait presque tous les raids au Québec et le point commun de toutes les organisations est qu’ils développent leur parcours en utilisant ce que leur territoire peut offrir de mieux. Cet automne je discutais avec un ami de chez Rocky Mountain, il me disait avoir rencontré un cycliste (son nom m’échappe) de l’Ouest Canadien en début de saison. Il lui avait mentionné qu’il était inscrit au RBN. Connaissant les sentiers de la VBN, mon ami lui avait dit qu’il trouverait sans aucun doute le parcours magnifique. Plus tard dans la saison, ils se sont recroisés et le gars lui a dit que c’était bien mais qu’il n’avait pas remarqué les supers sentiers dont mon ami lui avait tant parlés. Il disait surtout se rappeler de chemins de quads et de chemins forestiers. Sa réponse m’avait frappé. Je me suis dit: » J’ai réussi à faire venir un gars du BC jusqu’ici et son impression générale ne porte par sur ce que la VBN a mit tant d’effort à développer ». Cette anecdote met bien en perspective la ligne directrice de cette nouvelle formule. Il faut que le RBN serve à promouvoir le réseau des plus beaux sentiers à l’Ouest de Rome 😉
Gilles: La formule de cette année se concentre sur le secteur Saint-Raymond. Ce sera toujours le cas, pour garder le départ/arrivée en ville? Y’a-t-il moyen d’inclure les sentiers du secteur Shannahan, quitte à ce que ce soit en mode randonnée?
Jean: Pour ce qui est du secteur de Saint-Raymond, on peut dire que notre plan est de garder une effervescence dans le centre ville tant et aussi longtemps que la municipalité voudra s’impliquer dans l’événement.
Toutes les personnes qui participent à l’élaboration des parcours connaissent l’incroyable potentiel du secteur Shannahan et nous sommes tous empressés de pouvoir l’utiliser. En contrepartie, nous devons être patients et attendre que les phases de développements soient assez avancées pour accueillir les cyclistes de façon appropriée. Je ne parle pas du réseau de sentiers, mais plutôt de tout ce qui l’entoure: la capacité du stationnement, l’électricité, des espaces de camping, et quelques hébergements avec plus de commodités. Si je regarde toutes les améliorations qui ont été mises en place ces dernières années, cela pourrait se faire assez rapidement, quitte à le faire par étapes. C’est un peu ce que nous faisons avec le Challenge de la Neilson, c’est une première étape.
Gilles: Voilà une nouvelle approche excitante, qui saura garder la faveur des coureurs et l’intérêt pour découvrir les sentiers de Saint-Raymond. On rappelle que ça va se passer du 22 au 24 août à Saint-Raymond de Portneuf et que l’information sera mise à jour avant la veille sur le site web officiel de l’événement. Surveillez aussi le site Web de la Vallée Bras du Nord, de beaux sentiers seront ouverts à l’été 2014.
Terminons avec une petite rétrospective du Raid en images.