Drôle d’adon quand même que la nouvelle du Dr Chose (supposé fournisseur d’EPO auprès de cyclistes) sorte au moment où nous faisons un dossier sur le dopage… à la viande de porc. Je ne pouvais manquer cette occasion pour un titre sensationnaliste. Michel LeBlanc, entraîneur de l’équipe du Québec passe donc aux aveux… et avoue qu’il n’avait jamais entendu parler des propriétés soi-disant dopantes de la viande de porc.
Il est à la fois sceptique et curieux. Il me suggère quand même d’aller de l’avant et d’en faire un dossier plus sérieux afin de faire de l’éducation et de la prévention auprès de nos membres. En effet, depuis les années de scandale du tour de France, le mot d’ordre chez les entraîneurs canadiens est l’ouverture. Il faut en parler! Voici son opinion :
« Je dirais même plus il faut « éduquer» les sportifs, les parents, les dirigeants de club et les entraîneurs. Je crois que plus on renseigne tous ces gens et surtout les jeunes athlètes aux problèmes liés au dopage sportif, plus ils seront en mesure de prendre des décisions éclairées à ce sujet. À ce titre, 2 références incontournables sur le net :
1) Le centre canadien de l’éthique dans le sport (www.cces.ca). Cet organisme a pour mission de promouvoir une conduite éthique dans tous les aspects du sport au Canada. Le CCES remplit sa mission par le biais de recherches, d’activités de promotion et d’éducation pertinentes à l’éthique dans le sport, dont l’esprit sportif et le sport sans drogue. De plus, le CCES administre le programme canadien de sport sans drogue, tout en exerçant une autorité internationale en matière de maintien d’un environnement sportif sans drogue, équitable et éthique partout dans le monde.
2) Le centre des substances reliées au sport et à la santé (www.substanceuse.com) Cet organisme a mis sur pied un programme d’éducation relié aux substances que l’on retrouve dans le monde du sport.
Mais il faut aller plus loin. Le système de reconnaissance, d’appréciation et de mise en valeur mis en place par les parents, les dirigeants de club et les entraîneurs auprès des jeunes athlètes en développement doit évoluer.
Il devrait être basé sur des notions de «performance» (exemple : améliorer mes départs lors d’un cross-country) et non de «résultat» (exemple : terminer dans les 3 premiers). Trop souvent, l’athlète est évalué en fonction des autres athlètes et non en fonction de lui-même. S’il est en mesure d’évaluer sa progression, et qu’elle résulte de travail, de discipline et de sacrifice à l’entraînement, il sera moins tenté de prendre des raccourcis en utilisant différentes substances afin de mieux performer. Mais pour l’aider, il a besoin de se faire dire qu’il ou elle est bon (ne) et ça, on ne le dit pas assez.
Les jeunes que Michel entraîne au sein de l’équipe du Québec sont-ils plus « à risque » de se doper vue la carrière professionnelle qui peut miroiter pour eux?
Ils sont plus à risque effectivement car les enjeux deviennent plus importants. Cependant comme le Canada fait figure de proue dans la lutte anti-dopage, ils savent que les chances de se faire prendre sont omniprésentes et les conséquences sont sans lendemain. C’est à bien y penser.
De plus, dans ces années-ci, le vélo de montagne sur la scène internationale est un peu sur la pente descendante si on regarde les sommes d’argents investies par les commanditaires et les équipes sportives. Donc moins d’argent pour payer «grassement» les athlètes qui doivent performer à tout prix, donc moins d’athlètes désireux de faire une carrière en vélo de montagne. Ceci a pour effet de purifier en quelque sorte le vélo de montagne. Par contre, j’ai bien peur que ce ne soit cyclique.
Quel message doit-on donner aux athlètes à ce sujet?
Patience. Le vélo de montagne est un sport de développement à long terme ne l’oublions pas. La moyenne d’âge des 50 meilleurs au monde est de 28 ans chez les hommes et de 30 ans chez les femmes. De plus, entourez-vous de gens qui croient en vos moyens et pour qui les résultats s’obtiennent à force de travail. Ils vous aideront à cheminer tout au long de ce processus de développement. En terminant, complétez à tout le moins vos études collégiales afin de passer sur le marché du travail ou de compléter vos études universitaires si jamais vous délaissiez votre carrière de vélo.
Ce message passe-t-il auprès des intéressés?
Je crois que d’essayer de dissuader les athlètes en véhiculant les effets secondaires reliés à la prise de produits dopants n’aura du succès qu’avec une partie des athlètes. Pour d’autres athlètes, ceci ne les empêchera pas d’y penser sérieusement. Ça ne semble pas les effrayer. Ils se disent que les effets secondaires, c’est pour les autres. Il faut les aider à mieux se renseigner sur le sujet afin de prendre des décisions éclairées. À ce titre, voici quelques questions simples pour lesquelles tenter d’y répondre objectivement pourrait vous aider à prendre les bonnes décisions :
1. Est-ce que le produit que je veux prendre est sur la liste des substances interdites ou restreintes du CIO ?
2. Peut-on légalement acheter ou posséder ce produit au Canada ?
3. Est-ce que j’ai des preuves que ce produit peut réellement améliorer mes performances (études scientifiques) ?
4. La consommation de ce produit améliorera-t-elle ma santé ?
5. Quels sont les effets secondaires reliés à la prise de ce produit ?
6. Est-ce que la prise de ce produit peut influencer la santé et le comportement des gens qui m’entourent ?
7. Combien coûte la prise régulière de ce produit ? L’argent ne pourrait-il pas être mieux dépensé ?
N’oublions pas qu’en matière de dopage sportif : l’athlète est responsable en tout temps des produits consommés.
Merci Michel. Pour continuer l’enquête, nous allons consulter les sites dont tu parles et pourquoi pas, en parler avec Christiane Ayotte, grande gouroute de la lutte anti-dopage mondiale. C’est à suivre.