Bonjour et bienvenue à cette première sur nos ondes, une série-réalité, (une vraie, cette fois-ci, pas arrangée avec le gars des vues) qui nous permettra de suivre la vie d’un cycliste dans sa préparation en vue du GROS événement, le plus important de sa saison. Comme le titre ne dit pas « En route vers Pékin », ce ne sera pas l’histoire de Marie-Hélène ou de Raphaël en route vers les olympiques. Ce ne sera pas non plus l’histoire de Michel LeBlanc ou de Benoît Simard en route vers le podium aux Championnats canadiens du Mont-Sainte-Anne. Non! ce sera l’histoire d’Alain Leclerc en route vers le Marathon Vélomag du Vélirium!
Vous ne connaissez pas Alain? C’est normal, il n’a jamais fait de course de vélo. Il n’a même jamais songé à faire une course de vélo de montagne avant la semaine passée. En fait, il ne va pas au marathon du Vélirium pour faire une course de vélo de montagne, il y va pour relever un défi personnel.
Dans l’entrevue publiée ici récemment, Chantal Lachance, de Gestev, expliquait qu’elle souhaitait du sang neuf, que Monsieur-tout-le-monde qui n’a jamais fait de compétition choisisse le Raid/Marathon Vélomag pour s’initier, pour s’imposer un défi, en se donnant pour unique but de terminer l’épreuve. Après des recherches intensives, après avoir remué ciel et terre, nous avons finalement trouvé ce Monsieur-tout-le-monde… juste à côté. C’est mon voisin Alain.
Gilles: D’abord merci Alain de bien vouloir collaborer à cet audacieux projet de Web-Réalité, qui a pour but de réveiller les athlètes qui s’ignorent de ce monde et de leur botter le derrière un peu. Pour mieux te connaître, traçons un rapide portrait:
Alain: D’abord Gilles, je te mentionne tout de suite que si je suis un athlète, je l’ignore totalement.
Gilles: Alain, je te mentionne à mon tour qu’il est impoli de m’interrompre et que bien sûr, tout athlète qui s’ignore ignore totalement qu’il est un athlète et c’est pas parce qu’il l’ignore qu’il ne l’est pas. C’est normal. C’est une vérité de la palice. C’est évident. Assez perdu de temps. Continuons.
Ton âge ?
J’ai 46 ans et j’aurai 47 en novembre prochain.
Hi, comme moi… on a 3 mois d’écart! Des enfants ?
J’ai deux beaux gars, mes deux trésors dont je suis très fier, Rudy, 13 ans et Hugo, 7 ans.
Occupation ?
Je suis consultant en développement organisationnel. J’aide les équipes de travail à être plus efficaces et plus performantes. J’ai une passion particulière pour l’aide aux équipes qui ont des problèmes de climat de travail, de conflits, de harcèlement psychologique, etc.
On peut donc dire que t’es un gars qui cherche les problèmes…HA HA HA!
Combien d’heures travailles-tu par semaine ?
Ça varie entre 30 et 60 heures, dépendant du nombre et de la nature des mandats dans lesquels j’interviens.
Combien d’heures roules-tu à vélo par semaine ?
J’ai installé un vélo stationnaire dans mon salon. J’ai tenté de maintenir l’habitude de rouler 12 km en 30 minutes à tous les 2 jours en écoutant les nouvelles à la télé le matin. J’ai été assez régulier mais j’ai eu quelques relâchements. Mais ça a paru lorsque j’ai sorti mon vélo, il y a deux semaines. Je me trouve pas pire. J’ai fait un 30 kilo dont la moitié contre un bon vent et ce, en environ deux heures. Faut dire que j’ai cassé ma chaîne à mi-parcours et heureusement c’était juste à côté d’une boutique de location et de réparation de vélo
Donc, tu ne sais pas réparer une chaîne… Hum…va falloir t’enseigner avant ton raid. Où roules-tu?
Comme je n’aime pas respirer le carbone en circulant au milieu des voitures, je me suis fais une habitude de prendre le couloir des cheminots depuis le village Huron vers le nord. Je me rends jusqu’à la rivière Jacques Cartier que je traverse et je reviens sur cette même piste en faisant le détour par Shannon. Cette année, je varie un peu : Pie XI, Montolieu, boulevard Valcartier. Je n’ai pas compté la distance, que j’estime à environ 30 km. Je crois que je vais devoir m’installer un odomètre !!!
Ton vélo ?
Je peux te dire que j’ai un vélo de montagne « Marin Pine Mountain » auquel j’ai mis quelques accessoires pour le rendre plus performant sur la route. Je peux ajouter qu’il a deux roues, deux pédales et un guidon sur lequel sont installées les manettes de freinage et de changement de vitesses. Ah oui, il a 24 vitesses. Est-ce que c’est assez pour un raid ? Sais pas !!! Autrement dit, c’est certain que tu en sais plus que moi sur mon propre vélo maintenant que je t’ai dit la marque et le modèle.
On peut résumer en disant que c’est un vélo de montagne en acier trop court pour toi, acheté pas cher, passablement usagé et qui accuse son âge (une dizaine d’années) mais qui est en assez bon état pour « faire la job » comme on dit. C’est pas le vélo qui compte, c’est le gars dessus.
Ton background sportif ?
Depuis le secondaire, j’ai joué régulièrement au badminton et ce, jusqu’à il y a une dizaine d’années. Puis, je me suis blessé à un genou, ai subi deux opérations qui m’ont amenées vers le tennis. J’y ai joué pendant 2 à 3 ans de façon insuffisamment régulière pour tenir la forme. Il me fallait quelque chose de plus régulier et que je pouvais pratiquer quand même lorsque je n’avais pas de partenaire.
Conte-nous pas les détails sordides de ta vie intime, svp.
Non, je parlais du vélo. Mon copain André a toujours fait du vélo, et je me suis lié d’amitié depuis 3 ou 4 ans avec un vrai maniaque du vélo, un vrai athlète qui se tape plus de 5000 km de route par année. Il m’a beaucoup encouragé à m’acheter un bon vélo et à m’y mettre sérieusement, ce que j’ai commencé à faire l’an passé.
Donc, on peut pas dire que tu fais du vélo sérieusement depuis longtemps?
Ben, là il faut définir sérieusement. Je dirais plutôt régulièrement. J’ai terminé ma saison 2004 en partant de chez moi à Loretteville et en me rendant jusqu’à Neuville et ce, en quoi, 6h30 – 7h ??? J’étais avec mon copain André, qui fait pas mal de vélo et qui est un des meilleurs joueurs de tennis du club Avantage. Eh bien, il a eu du mal à me suivre par bout. Ça m’a fait réaliser que j’étais pas mal en forme. J’ai décidé de conserver ça pendant l’hiver et j’ai investi dans l’achat d’un vélo stationnaire.
Je te l’avais dit que t’étais un athlète. Comment t’es venue cette idée de participer au Raid Vélomag? Une gageure après une soirée trop bien arrosée?
Quand je regarde d’où je suis parti il y a moins de 2 ans, cette décision pourrait très bien être le résultat de telles circonstances. Mais en fait, c’était à l’occasion d’un dîner d’affaires avec Guy mon copain maniaque de vélo de route, et René mon autre copain maniaque de vélo de montagne. Le vélo a donc pris autant de place que les affaires, et ils ont fini par me mettre au défi de réaliser une telle épreuve. Sur le coup, je ne voulais pas m’embarquer dans une telle aventure. Mais l’idée qu’ils ont semée a fait son chemin et je me suis mis à parler de cette possibilité à des proches. Et j’ai fini par me convaincre que je pouvais relever ce défi. J’ai même fini par t’en glisser un mot. À partir de là, j’avais pratiquement plus le choix !!!
Comme c’est ta première expérience, je t’aurais vu plutôt dans le Raid Apéro de 32 km, qui part de Château-Richer. Pourquoi te lancer dans le 71 km?
Personnellement, je ne me voyais même pas dans le mini-raid de 32 km, tout simplement parce que je ne suis pas un compétiteur dans l’âme. Je le fais d’abord pour me lancer un défi personnel et me faire un objectif, un but à atteindre. Je sais que je peux rouler sur route pendant 3 à 4 heures. Les 32 km présenteraient-ils vraiment un défi ? Je ne le sais pas, je ne sais même pas vraiment ce qu’est un raid. Je crois que je peux relever le défi du 71 km. En tout cas, je sais que je peux déployer tous les moyens dont je dispose pour y arriver. Et si je n’y arrive pas, j’aurai fait de mon mieux et je serai quand même fier de moi. Hey, la marche est quand même assez haute… Je sais que j’en ai pas du tout l’air, mais j’ai quand même 46 ans 😉
Maintenant que tu t’es commis, tu peux plus reculer? Le regrettes-tu déjà?
Ouais, surtout depuis que je t’en ai parlé et que j’ai accepté de participer à ton idée de vélo-réalité, je me demande dans quoi je me suis embarqué. C’est un peu fou comment ça a tourné en quoi ? Une semaine ? Je ne sais pas si c’est de l’inconscience. Je ne suis pas du genre à attirer l’attention. Je suis d’une nature plutôt discrète.
Me voilà donc embarqué jusqu’au cou. J’ai comme qui dirait « des comptes à rendre » maintenant que ma petite histoire va être diffusée. Veux, veux pas, ça me donne le goût de prendre les moyens qu’il faut pour ne pas trop avoir l’air trop fou… Vois-tu un meilleur incitatif à faire ce qu’il faut pour relever ce défi ?
Mais dans le fond, je te remercie de m’offrir cette chance de me commettre davantage. Je sais que j’en sortirai gagnant de toute façon. Je sais que peu importe la tournure des événements, je vais sortir de cette histoire plus en forme que jamais. Et j’ai déjà partiellement pu mesurer l’impact positif que peut avoir la bonne forme physique sur tous les aspects de ma vie. On entend tellement souvent la phrase « un esprit sain dans un corps sain » qu’elle est devenue banale. Et bien j’ai l’impression que je commence à peine à en mesurer et à en goûter toute la signification.
J’aime ça! Tu résumes bien toute l’essence du pourquoi viscéral profond du sport dans nos vies. Alain, c’est parti pour une grande aventure. Tout peut arriver à partir d’aujourd’hui, tu peux tomber malade, te blesser, carrément tchoker, ou bien réussir ton défi. Tu peux réussir ton défi en aimant ça ou en te jurant que tu ne le referas pus. On va te suivre à la petite semaine, advienne que pourra. La semaine prochaine, on parlera de ton programme d’entraînement.
Quoi? Moi, un programme d’entraînement?