Les raids c’est out, le XC c’est out, ce qui est vraiment in en 2014, c’est le Gravel Road Racing. Jean Prévost est un adepte et le compte-rendu de sa dernière course témoigne de son enthousiasme. Il faisait partie des 292 coureurs à participer à la première édition de cette course. Laissons-le raconter.
Crédits photo: Les photos du village sont de sa conjointe Lucie, celles en action sont de Ryan Dunn
Dimanche 2014-08-24
Woodstock, Vermont, USA.
Vermont Overland Grand Prix : http://www.vermontoverland.com/vogp/
Photos : http://www.rwdunn.com/Adventure/VTOverlandGrandPrix2014/n-R2V4c/
Ouais ben c’en était toute une celle-là! Toute une course, tout un événement. Toute une organisation. Incroyable! Un Raid de vélo dans le même format que ceux que nous connaissons au Québec mais en vélo «Cyclocross» cette fois. Oui m’sieur dame, en cyclocross svp !!!
51 miles ce qui donne quelque chose comme 83 km sur l’ordi de mon vélo. En passant, y’a rien à faire. Les Américains ne viennent pas à bout de se convertir au système métrique. Le prix du gaz est toujours au gallon et la météo toujours en degrés Farenheit. Ca vous dit quelque chose vous, un minimum dans les «higher sixties» et un maximum dans les «lower eighties»?…
Mais bon, on les aime bien de même nos voisins!
La particularité de cette course, c’est qu’il y a 7 passages techniques numérotés qui sont d’anciennes routes du Vermont et qui ne sont plus entretenues. Certaines sections portent même des noms très européens comme la «Forêt Arenberg» et le «KoppenbergZ… L’organisation de l’événement utilise le terme «Pavé» afin de faire similitude avec la fameuse classique printanière «Paris-Roubaix» dont une vingtaine de sections sont numérotées et «roulées» sur des vrais «pavés». D’ailleurs, au Tour de France de cet été, une des étapes empruntait justement un bout du parcours de la Paris-Roubaix. De mémoire, les coureurs franchissaient 5 sections de pavés et ca brasse pas mal.
Sauf qu’au Vermont, des pavés, y’en a pas! Ce sont carrément des trails de Pick-up et c’est pas mal plus roffe qu’un chemin de chalet. Jamais bien longues, au maximum je dirais 1 km, mais des passages techniques, des montées abruptes, des descentes difficiles ou un vélo de montagne est nettement dans son élément mais pas réellement un cyclocross. Par contre, les sections «Pavés», sont reliées par de longues sections de plusieurs kilomètres de routes de gravier (gravel road / dirt road) et c’est la que le vélo cyclocross y gagne! Ca se regroupe rapidement en petit peloton et tout le monde fait son «shift» devant et tire… Je dis tout le monde mais vous avez comment c’est, ce sont toujours les mêmes 3-4!!! Mais c’est pas grave. On s’en sacre, on roule à bloc, on tire, on s’amuse et on pratique notre anglais à 40 à l’heure!!!!
En passant, le terme «Gravel Road Race» apparaît de plus en plus dans la littérature, car la discipline gagne en popularité et c’est intéressant de voir que certains manufacturiers de vélo dont FELT, ont déjà dans leur catalogue 2015 des modèles adaptés à la discipline. Un mélange de vélo de route et de cyclocross. Intéressant. Ca bouge.
8h45 dimanche matin, c’est le grand rassemblement dominical sur la rue principale de la ville de Woodstock, Vermont. Une magnifique petite ville typique de la Nouvelle-Angleterre avec son architecture, ses arbres matures partout et ses ponts couverts. A voir absolument. Magique. Un mécano du magasin local de vélo, le Woodstock Sports (original !!) me confie qu’il ne se souvient pas avoir vu l’administration de la ville fermer la «Main Street» pour un événement. Ca donne une idée… 300 bozos tous en vélos cyclocross à 99%. Les autres sont en vélo de montagne et mon team mate me pointe du doigt un «kamikaze» en vélo de route. Bonne chance mon homme…
Beau ciel bleu, pas un seul nuage et la journée est déjà mémorable alors que je n’ai pas encore franchi un seul mètre. Environ 65 deg. Farenheit ou dois-je dire «mid sixties»??
Une voix connue lance au micro «Last call for Final Staging» et tout le monde se regroupe sous la bannière de départ. On appelle une vingtaine de professionnels dont Tim Johnson le chum de Lyne Bessette à s’avancer sur la première ligne. C’est à la fois impressionnant et émouvant. Mon «Team Mate» Simon, a le sourire fendu jusqu’aux oreilles, et il est sur le bord des larmes. Il les connait tous toutes!!! Il est ému!! Et puis ca y est. Un moment que je ne suis pas près d’oublier, l’annonceur maison présente, une jeune femme, surement un talent local, à chanter l’hymne national américain! Et bien croyez-le ou non, tous les cyclistes ont discrètement, retiré leur casque pour le porter sur le cœur et baisser la tête… Là c’est moi qui étais émotif! J’aurais donné cher en titi pour avoir une Go-Pro en fonction sur mon guidon. Il ne manquait que les réactés qui passent au dessus de nos têtes et Barack Obama pour le coup de canon du départ et c’était le Super Bowl.
9h00 pile, ca y est, nous sommes tous en course. Quelques miles franchis à la vitesse de l’éclair et nous quittons le pavage pour le gravier. Là, c’est le festival de la crevaison et des bidons qui roulent partout!!! Nous roulons environ 20 minutes pour atteindre le Pavé # 1. Une vraie trail de Jeep qui grimpe comme la face d’un singe. Je réussi à en faire un bout sur le vélo mais c’est beaucoup trop difficile. Je suis «overgear». 36 x 28 c’est trop gros. Même en vélo de montagne, je ne serais pas ben loin de la première. Pas le choix. Je descends et je porte le vélo sur l’épaule à la cyclocross. Ca avance pas pire et je réussi même à rattraper quelques personnes devant. Puis c’est la descente. Pas facile mais possible sur le vélo.
Oh c’est là que le fun commence et que l’on voit l’expérience d’un gars de vélo de montagne en comparaison avec un gars «de route». Sans faire l’imbécile, sans prendre de risques inutiles, je réussi à doubler avec une certaine agilité une bonne dizaine de personnes dans la descente. Bingo. Voici mon arme secrète cachée !!! Les descentes… Yes…
2 ravitaillements prévus. Un premier au South Royalton Village au mile 25 et un second à East-Barnard au mile 34. Il fait chaud alors faut boire beaucoup sinon c’est la mort certaine.
Au premier ravito, nous arrivons en petit peloton d’une douzaine d’unités et il y a consensus. Pas d’attaque en sauvage. Nous ralentissons pour ravitailler..
Mais une fausse manœuvre en tentant d’attraper un bidon et me voilà au sol et je «slide» sur le pavage sur une dizaine de pied en plein devant la meute de bénévoles !! Ouch !!!
Je récupère mes esprits, le vélo qui ne semble pas trop amoché et le maudit bidon à marde. Je remonte mais j’ai tout un steak en sang sur la hanche / cuisse droite plein de sable et ca chauffe en maudit. Comme du feu. Mon cuissard est capoute et mon peloton est déjà loin devant. Merde je vais devoir chasser et solide à part ca. On serre les dents et on fonce. Je mets un peu plus de 45 minutes à fond pour remonter mais je suis toasté des 2 bords… J’ai trop forcé. Je bois, je mange 2 gels d’une shot, je bois encore et je tente de récupérer mais je vais sauter c’est sur. J’ai brulé plusieurs cartouches dans cet exercice. Je dois absolument slaquer un peu en me disant que je vais les reprendre plus loin au deuxième ravito. Facile à dire !!
Finalement, au mile 45, une crevaison mal réparée à l’arrière aura le dernier mot. Au moins une bonne douzaine de minutes pour réparer et tout ceux que j’ai doublé un peu partout sur le parcours et dans les descentes ont passé en m’offrant poliment de l’aide. J’ai reçu au moins une vingtaine de propositions : Need any help ? Are you OK ? Are you allright ? Et finalement un bon samaritain me sauve la vie en m’offrant sa dernière cartouche de CO2.
3h45 minutes plus tard, je rentre dans Woodstock. Faux plat descendant, j’arrive à bloc. Il y a du monde partout qui encourage les athlètes, des policiers qui contrôlent la circulation, des touristes sur les trottoirs et de la musique à fond !! La ville est en fête !!! C’est carrément grisant et soudainement, je n’ai plus mal nulle part. Magique.
Un dernier » Pavé « , le numéro 7 qu’on attend depuis longtemps, il est là devant. Une montée de seulement 250 mètres mais à 20% de pente!!! Carrément un «MUR» en pleine ville à seulement quelques mètres de l’arrivée et c’est ben plein de monde pour encourager. C’est «Le Spot».
Je le grimpe d’une shotte en slignant, je bascule au sommet et je redescends vers la ligne d’arrivée que je traverse les bras vers le ciel en vainqueur !!! Ben content. Toute une expérience.
Une autre de fait et me voilà un adepte irréductible du «Gravel Road Racing». Ca y’est. Un autre patente…
Jean Prévost
Team FELT.