Le Raid Bras du Nord a eu lieu en fin de semaine dernière, dans des conditions idéales, rassemblant quelques centaines de coureurs qui avaient le gros smile étampé dans la face. L’organisation dit «mission accomplie» pour le déroulement et la réponse des amateurs présents pour cette compétition nouveau format. Format que Jean Fortier vous avait décrit dans une entrevue l’automne dernier amenant un vent de nouveauté destiné à faire passer la pilule aux très nombreux amateurs de la formule «raid traditionnel» dont on signait l’arrêt de mort. Suite au raid, le groupe de discussion montre les états d’âme des gens qui ont essayé la formule, l’ont aimée, l’ont moins aimée, y vont de leurs suggestions. On a aussi droit au point de vue des gens nostalgiques du raid traditionnel, qui ne comprennent pas pourquoi on a laissé tomber une formule gagnante. Une réaction légitime et compréhensible, mais provoquée par un gros malentendu ou plutôt une erreur de communication de notre part, d’où le besoin de remettre les pendules à l’heure.
Au sein du conseil d’administration de la Vallée Bras du Nord, dont je fais partie, on a beaucoup discuté l’automne dernier du sort du Raid Extreme Bras du Nord, (épreuve que j’ai à coeur autant que ses plus farouches défenseurs, en passant). Voici le constat qu’on avait devant nous: L’équipe d’Horizon 5, à qui la Vallée délègue l’organisation, a livré chaque année un produit de haute qualité, comme en témoignent les chiffres d’assistance croissants et les commentaires toujours positifs. Toutefois, ce résultat se fait au prix de nombreux efforts dont le client/coureur n’a pas la moindre idée. Année après année, les contraintes se sont multipliées pour les organisateurs, liées au manque de bénévoles, d’intérêt des gens de la ville, de temps, de bras, d’argent, de refus de droit de passage, mille raisons qui épuisent les ressources plutôt que de les motiver. Le point de rupture a été atteint après 10 ans. Horizon 5 ont fait le constat que le format des 3 distances, avec tout ce que ça amène en droits de passage, de logistique de ravitos, de traverses de chemins publics, n’était plus réalisable sans baisser la qualité, augmenter de façon drastique les coûts d’inscription, ou mettre en danger les participants (à moins de négocier avec la FQSC pour que le format 2.0 englobe le slalom entre les pick-ups sur le rang Saguenay).
Toutes les possibilités ont été envisagées: Offrir à d’autres organisations la chance de prendre l’événement, offrir juste une ou deux distances plus courtes, etc. mais ça n’a pas fonctionné. La situation restait la même: on n’avait plus les ressources pour conserver le format «raid traditionnel». Raid traditionnel voulant dire aller loin dans le bois, se dépayser, découvrir toutes sortes de sentiers en majorité bien roulants. Un format qui est en perte de vitesse partout au Québec, sauf à Saint-Raymond, où le format moyen, le 50km, avait encore la cote. Par contre, la progression du Raid Jean Davignon montre un intérêt pour la course de longue distance mais le plus possible en singletrack.
Le but du raid est de faire connaître la destination vélo de montagne, créer de l’animation en ville. Laisser tomber complètement le raid était la solution la plus facile, mais c’eut été vraiment dommage avec autant de beaux sentiers de ne rien organiser pour rassembler les amateurs et leur faire connaître Saint-Raymond et les sentiers offerts par la Vallée. Une formule différente, exigeant moins de ressources a donc été envisagée, formule qui s’éloigne du raid traditionnel, prend une tournure plus participative. Tout le monde était bien conscient que la participation serait à la baisse, mais entre ce nouveau format et RIEN PANTOUTE, on a fait le choix du nouveau format. Il faut que ce soit bien clair pour les nostalgiques, le format du raid traditionnel ne reviendra pas, à moins que 1. Vous ne montiez une organisation nouvelle pour le prendre en charge, ou 2. Vous ramassiez une pétition de 600 personnes prêtes à payer 150$ pour leur raid, ce qui permettrait d’engager du personnel pour remplacer les bénévoles.
Cette mise au point devrait répondre aux incompréhensions et faire évoluer la formule au goût du plus grand nombre, même si vous conviendrez comme moi qu’on ne peut plaire à tout le monde. Grâce aux commentaires de ceux qui n’y étaient pas et de ceux qui y étaient, la formule pourra évoluer et la clientèle aussi évoluera. J’ai participé à la «course» du dimanche et je me suis bien amusé. Je dis «course», mais dans ma tête c’était plutôt une «randonnée», la portion «course» étant tellement courte, avec un effort moindre que pour une course régionale! J’ai vécu ce à quoi je m’attendais, une randonnée entre chums dans des super beaux sentiers. J’ai même été surpris d’avoir trouvé l’effort total, la partie chronométrée, plus exigeante que ce que j’avais prévu. Reste que je suis arrivé tôt à la ligne d’arrivée pas fatigué comme après une vraie course. Comme plusieurs, je suis retourné à la montagne du Suisse rejoindre les amis moins pressés. Ami. Amical. C’est le mot clef pour ce nouveau format.
Pour finir, un petit mot sur la stratégie. Il y avait des «coureurs» sur place, qui devront amender leur stratégie de course à l’avenir, s’ils tiennent à s’amuser et avoir de bons résultats. C’était une première et plusieurs ne savaient pas à quoi s’attendre, mais c’est pas mal évident que si tu rentres dans une section de plusieurs km de singletrack le dernier d’un pack de 30 coureurs et que tu es un super-pilote super en forme, tu vas être ralenti. Le beat dans les premiers kilomètres non-chrono étant très civilisé, il est facile de jouer avec son positionnement par en avant ou par en arrière du peloton pour bien se placer en arrivant dans le premier tronçon chronométré. Dans notre petit peloton d’une douzaine de coureurs, y’a une couple d’habile pilotes qui sont restés à l’arrière, puis, en entrant dans la partie chrono au Mont-Laura, se plaignaient que la file devant allait pas assez vite. La prochaine fois, au lieu de capoter et faire des dépassements dangereux, ils resteront dans la roue des Pierre Harvey et cie pour le départ, mais donneront un petit coup juste avant d’arriver dans la section chrono pour la débuter en avant. On va les laisser aller avec plaisir. Oubedon on débutera plus tôt la portion chrono et les bons pilotes n’auront qu’eux à blâmer de ne pas être assez en forme pour bien se positionner. Oubedon on trouvera un parcours qui passe plus progressivement au singletrack.
De mon côté, la «compétition» était contre mes chums Pierre et Michel, alors la stratégie était de les laisser entrer dans la zone chrono quelques secondes avant, pour arriver à les rattraper et ensuite ne pas les laisser s’échapper. Comme ça, si on finit la section chrono ensemble, je suis gagnant de quelques secondes. J’ai poussé l’audace jusqu’à laisser une grosse minute d’avance à Pierre dans la dernière section… ça n’a pas marché, je n’ai jamais réussi à le rattraper. Je vais m’ajuster l’an prochain.