Vous savez probablement que je suis impliqué dans le développement des sentiers à la Vallée Bras du nord. C’est moi qui ai la plus belle job, qui consiste à se promener dans le bois à pied et en vélo, explorant les meilleurs coins pour tracer de nouveaux sentiers de vélo. Voici quelques pensées inspirées par une dure journée au bureau.
C’était mercredi. La neige fraîchement tombée laissait supposer que ce serait probablement ma dernière journée de travail à la Vallée Bras du Nord cette année. Je suis parti encore une fois dans ma quête automnale, ma recherche de ce secteur mythique où on pourrait aménager la trail « épique » par excellence, un long sentier qui nous mènerait au Nirvana, après avoir été titillé par le réseau de courts sentiers existants.
Je me suis dirigé vers le nord, vers l’extrémité du Boulevard à Gérald, qui porte bien son nom ces temps-ci, car Gérald Jacques, (propriétaire de toutes les terres au nord de la chute à Gilles) sort du bois cet automne et c’est un véritable chantier. C’est un coup à donner cette année. Ça fait mal au coeur de voir ces magnifiques merisiers tomber au combat, mais la coupe est faite avec sagesse et le tout sera bientôt remis en état, dans une forêt plus dégagée, et on pourra y rouler en paix pour les 30 prochaines années.
Une fois passé le tumulte des machineries, je me suis retrouvé fin seul sur le chemin étroit, m’enfonçant kilomètre après kilomètre dans ce pays où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Dans la neige vierge, les traces de mes pneus cotoyaient celles de frère orignal, frère chevreuil, frère écureuil ou frère castor, passés peu avant moi et me cédant poliment le passage, bien que j’eus apprécié les saluer face à face.
Toujours en quête du Graal des sentiers, j’ai escaladé les montagnes, j’ai traversé les ruisseaux, me butant à des pentes trop abruptes, à des coulées glissantes. Déçu mais pas vaincu, je me suis tourné vers la rivière Sainte-Anne. Apaisé, j’ai marché à ses côtés, j’ai chatouillé le poil de ce bras du nord, avec qui je me sens de plus en plus intime.
Le soleil perçait les nuages de temps à autre, illuminant les montagnes. Autrement, il se faisait timide, laissant aux yeux un paysage en demi-teintes, à la limite de la monochromie. Neige, cailloux, branches mortes. Formes noires immobiles, déposées délicatement sur un velours blanc. Paysage de carte postale. Non, de carte de noël…