Jonathan Boucher, un petit gars de Beauport, représentait le Canada aux Championnats du monde de vélo de montagne, catégorie Junior, fin juin dernier. Il fut mis au défi d’écrire un résumé de 2000 mots, résumé que nous avons allègrement entrecoupé de questions ultra- pertinentes et de photos accompagnées de critiques artistiques fort pertinentes, en espérant que vous ne perdiez pas le fil dans tout cela. Un gros merci à Jo et bonne lecture.
Les aventures de Joblow en Italie
Le 13 Juin était le jour de mon départ en direction de mes premiers championnats du monde à vie à Val Di Sole, en Italie. J’étais jumelé à un certain Raphaël Gagné pour voyager … Je ne sais pas si ce nom vous dit quelque chose? On partait donc de Quebec City pour se rendre à Detroit, puis à Amsterdam (pays des muffins au pot) pour ensuite se rendre finalement à Milan, pour faire 4h de char jusqu’à Commezzadura, magnifique vallée du soleil (Val di sole).
L’Italie vue à travers la vitre de l’autobus. Léger flou artistique, surexposition dramatique et reflet dans la fenêtre
symbolisant la réflexion de l’athlète, nerveux et angoissé à l’approche de son premier Championnat du monde.
On arrive donc à notre magnifique hôtel, qui n’avait jamais reçu de clients avant nous, un samedi soir vers 10h. On se cante donc pour notre première vraie nuit de sommeil en environ 48 heures. On s’adapte tranquillement pas vite au décalage horaire et au mode de vie de l’Europe (et de ses prises électriques non-standard) au fil du temps. On monte nos bikes, on va rouler le parcours!
Gilles: | Première fois en Europe, Jo? Autres adaptations difficiles, hormis les trous de prises électriques? |
Jo: | L’ouest canadien ça compte tu pour l’Europe ? Les adaptations les plus difficiles ça serait le décalage horaire de 6h, sinon le fait que y’a pas de toaster nulle part, faque on peut pas se faire des toasts pour déjeuner ! |
Le parcours des championnats du monde … c’est … toff … 3 grosses bosses, une de 4-5 minutes à 10%, une autre de 4-5 minutes à 14%, et une de 6-7 minutes à un peu moins de 10%. Je m’attendais à un parcours très roulant d’après les commentaires que ce certain Raphaël Gagné me faisait sur ses championnats du monde antécédents. Apparemment qu’il est bon lui … Finalement, on avait des assez bonnes descentes assez techniques et très plaisantes.
Du haut de notre chambre on pouvait voir la première difficulté du parcours et, avec mes co-chambreurs Evan et Tyson (les 2 juniors), on s’amusait à voir le grand Absalon dévorer la montagne avec son putain de bécik de champion (j’pense que y’a un bionX dedans). Une fois même, il passait dans la rue juste en face de nous, et les 2 petits juniors gloussaient à la moindre vue d’un Absalon ou de «Tubular wheels» (les tubulaires là là) . De mon côté, je mangeais des sandwiches au prosciutto sacrément délicieux et m’esclaffais devant la naïveté des juniors sans expérience.
Gilles: | Je t’ai corrigé ton «prochiuto» et ton «esclaffait», ça va? |
Jo: | Zut y’é tant quel CEGEP orcommence! |
Le jour de la course à relais arriva. L’équipe était composée de Raphaël Gagné (le bon la?), Evan Guthrie (le junior qui glousse), Catherine Pendrel (qui a failli battre le junior qui glousse dans ce même relais), et de Derek Zandstra (remarquez bien les 4 consonnes de suite … c’est rare que ça arrive). C’était le 3ième jour de 3 jours consécutifs de pluie, ce qui rendit les descentes escarpées enracinées encore plus ardues. Notre équipe s’en tira avec une 6e place!
C’est après cette course que l’enfer envahit la vallée du soleil. Y’a fait au dessus de 25° pour le reste du voyage. 2 jours après le relais, c’était la race des juniors femmes et des U-23 femmes. Comme vous le savez probablement, on a eu deux 6e places dans cette même journée, soit l’étonnante Bianca Adolph, qui avait complété un tour de plus à Bromont, et la très jolie (encore plusse en vrai qu’en photo) Emily Batty.
Gilles: | Hmmm. Toi et Emily, vous en êtes où dans votre relation? |
Jo: | C’est platonique notre affaire … en fait je ne pense pas qu’elle sache qu’elle m’aime et mon coeur est déjà pris héhé (désolé Emily) |
Le lendemain c’était l’heure des juniors canadiens inexpérimentés de se lancer dans ce troupeau d’étalons sauvages et enragés d’Européens de 102 coureurs. Je partais dans les derniers, c’est-à-dire, dans la 3ième dernière ligne (faites le compte, c’est 8 par lignes…). On a la marque de 3 minutes avec la tite fille en bikini qui passe devant nous, puis la marque de 2 minutes avec la même tite fille puis la marque de une minute. Au micro on entend 30 secondes, puis 15 secondes. Environ 4 secondes plus tard, c’est le pistolet qui retentit… j’vous dit que l’UCI a pas vraiment le timing … j’espère qu’ils calculent pas le 80% de cette façon la parce que je porterais plainte! héhé
Gilles: | Ton coach t’as pas dit qu’au Championnat du monde, le signal peut être donné n’importe quand à l’intérieur du 15 secondes une fois le signal du 15 secondes donné? Au fait, c’était qui ton coach là-bas, maintenant que y’a pu de Ti-Mike pour faire de vous des adultes? |
Jo: | NNonnn on m’avait pas dit ça ! Je retire donc mes complaintes. Notre coach c’était Hushang jmesouvienspudunomdefamilleasiatique (désolé si je l’ai mal orthographié) (by the way, je t’ai corrigé ton la-bas, tout est cool ?) |
Gilles: | Ouais, ça va être correct, mais je te conseille de te garder une petit gêne et faire preuve de respect pour tes aînés, mon jeune pas éduqué toé. Le nom, c’est AMIRI, et officiellement, c’est le coach national du centre d’entraînement de l’ouest, mais officieusement, c’est le coach national du MTB. Shaun O’Donnel, de l’ACC, nous le confirmait candidement le 28 juin dernier: » Houshang still fills the role of the national coach at the Victoria Cycling Center and he is also the coach responsible for mountain bike at this moment ». Pourquoi on l’a gardé, lui, et on a foutu dehors Michel Leblanc? Amiri serait-il plus compétent que Ti-Mike? j’en doute. C’est de quoi qui reste à tirer au clair. Entoucas, Ti-Mike se serait arrangé pour te suivre dans ta course et t’aurait peut-être aidé à te pacer pour terminer au moins 66e. 🙂 |
Jo: | Penses-tu que Ti-Mike m’aurait massé pendant la course pour me libérer de mes crampes? |
Gilles: | Je sais pas. Il le fait pour moi, mais avec un mineur, ça peut coûter cher… |
Donc, ça part en frustré, comme si la course durait 5-10 minutes et qu’il n’y avait pas de lendemain. 100 mètres après le départ, y’a un ti-gars qui se plante juste à ma gauche, je vois le bécik qui revole dans les airs. Dans ma tête je me dis : «Yessssss, 3 coureurs de moins sur 102!!!!!»… Voyant donc que je suis beaucoup trop overpace, je ralentis la cadence pour la première bosse. En arrivant en haut, je constate avec désarroi que les sapristi d’Européens marchaient dans la descente … c’était vraiment pas trop difficile là comme descente en plus, je dirais que ça ressemblait à la descente des écureuils au MSA, ou encore à la 1837 … Mais non je blague! Donc, je finis mon premier tour environ 91e, comme me le confie canadian cyclist. Dans les tours suivants, j’ouvre la machine, comme le peloton s’étire, j’ai plus de marge de manœuvre dans les descentes et peux dépasser quelques cyclistes. Au début du 3e tour, je me lève debout pour finir une bosse en force, c’est alors que mes jambes me crient au secours à coup de crampes stratégiquement bien placées pour faire arrêter le plus décidé des taureaux qui court vers son drapeau rouge favori. Je continue quand même. Voyant que je progresse dans le peloton, je garde la cadence. Ma meilleure position sera une 65e position à la fin du 3e tour, comme me le confie encore canadian cyclist. Durant mon 4e tour d’une série (prévue) de 5, je recule littéralement. Plus aucune énergie. J’ai même le filet de bave assez consistant qui pend de ma bouche et de mon nez et de mes oreilles (?) étant donné que je suis plus ou moins bien hydraté. C’était vraiment la souffrance la plus totale que j’aie expérimentée. En arrivant au lap pour mon 5e et dernier tour, on me sort de la course, la règle du 80% se fait appliquer. Honnêtement, je n’avais pas vraiment le cœur pour un autre tour. Je l’aurais fait, mais ça aurait été vraiment pénible et long. Je pense que les commissaires de l’UCI auraient été obligés d’envoyer le 4-roues pour voir si je suis encore dans le parcours et ils m’auraient retrouvé en train de m’abreuver paisiblement, telle une brebis écartée, dans la rivière qui coulait non loin de la dernière descente. Je termine finalement 67e, quand même satisfait de ma course, mais pas vraiment satisfait du numéro qui va avec la performance.
Jonathan Boucher en pleine action dans sa course, tel que photographié par Raphaël Gagné. Remarquez le
facies déformé et les muscles tendus, au bord des crampes. C’est criant de réalisme. Oui, Jo porte bien le
no 78, là, derrière, avec la feuille d’érable sur son cuissard. C’était pour vous démontrer que on ne peut avoir
tous les talents, c’est-à-dire aller vite en bicycle et prendre des bonnes photos. Je suggère à Raphaël de se
payer un stage avec des pros de la photo, le mieux serait au prestigieux MBIPA
(Manon Bourque International Photography Academy).
Finalement on revenait à QUEBEC CITY, NOT SO INTERNATIONAL, INTERNATIONAL AIRPORT pi on a été pogné, moi et ce Raphël Gagné, 7e aux mondiaux dans la catégorie U-23, à Detroit… c’était le soir de la Saint-Jean, et ils annulent un vol pour Québec. Moi je gage que c’est parce qu’une gang d’adolescents un peu saoul (ou sur l’ecstasy) a mis le feu à l’aéroport…
Gilles: | Dis-moi… À part Canadian Cyclist après coup, avais-tu quelqu’un pour te donner des splits durant ta course? |
Jo: | Durant la course, j’avais pas vraiment de splits. Pis ca me dérange pas vraiment … tsé se faire dire que t’es à 18 minutes de la tête … c’est pas super motivant ! L’équipe de l’ACC s’est occupé des splits et je devrais avoir ça dans pas trop longtemps par e-mail. En gros je me fais prendre du temps dans les montées et dans les descentes et dans les sections plates … Le gars qui s’occupait des splits s’appelait Ben Sporer, physiologiste. |
Gilles: | J’imagine que les juniors canadiens inexpérimentés sont restés pour voir courir leurs aînés. Comment c’était? Autant de monde en Italie qu’ici au Mont-Sainte-Anne? |
Jo: | Les juniors canadiens inexpérimentés sont en effet restés pour voir les aînés courir, y’avait Evan qui pissait partout comme un ptit chien excité à cause qu’il pouvait PRESQUE toucher Absalon, et qu’il voyait des Tubular wheels à peu près à chaque coureur Européen. Quant à Tyson, il était beaucoup plus raisonnable, il pissait un peu moins. |
Gilles: | Tubulaires : Absalon n’utilisait pas ses roues Fulcrum Red Metal Zero? (je roule la-dessus ces temps-ci et ça va ben) Il était en boyaux Tufo et jantes de carbon, style? Quelle marque? Ou devrais-je demander ce genre de détails aux juniors qui pissent partout? |
Jo: | Je sais pas ce qu’il utilisait … honnêtement, je ne suis pas un tit junior qui pisse partout devant ces tubulaires pi devant les roues que les pros utilisent !! J’aime bien les pièces FRM par exemple ! |
Gilles: | Tiens, un coup parti, jasons mécanique. Quel vélo utilisais-tu et comment s’est-il comporté dans ces conditions difficiles. (Si t’as pété ton cadre, on passe à la prochaine question) |
Jo: | Mon vélo Opus (http://www.opusbike.com) Fhast 1 allait comme sur des roulettes! Les vélos Opus sont des super bons vélos, bien que leurs vélos de montagne soient très jeunes ! La géométrie est agressive et confortable, le bike se manie très bien et réagit très bien dans les descentes et sections techniques! Mon Opus Fhast 1, je l’aime! |
Finalement, I would like to thank my amazing sponsors and partners, OGC – Opus, who are helping me a lot in my progression, Claude Lefebvre, de la compagnie LG services financiers, ma famille, ma blonde, mon coach Ian Hughes, mes grands-parents, mon tit chien qui arrive lundi, mon laptop qui arrive aujourd’hui, mon CEGEP, mes profs (ou chargés de cours?), le ptit chinois qui s’est planté au départ et qui a fait que j’ai fini 67e au lieux de 70e. J’aimerais aussi remercier spécialement la compagnie aérienne NWA (niggaz with attitude … ou serait-ce Northwest Airlines ?) qui fait payer la modique somme de 170 $$$ pour transporter un bécik siboulot.
Gilles: | 170$!!!! 85$ aller et 85$ retour? |
Jo: | Non 170$ pour l’aller seulement… en revenant j’étais un joueur de golf… |
Tabarouette il manque juste quelques mots, un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix onze douze treize quatorze quinze seize dix-sept dix-huit dix-neuf vingt vingt-et-un vingt-deux vingt-trois vingt-quatre vingt-cinq vingt-six vingt-sept vingt-huit vingt-neuf trente trente-et-un … je suis tanné, j’arrête. J’aime bien le vert, les livres et les étoiles. J’aime bien profiter de la vie et vivre d’amour et d’eau fraîche. Pour moi, l’été est la saison de l’éclosion de plein de belles choses, la nature à son apogée et le pollen plein le nez.
Gilles: | Bon, voilà, on a atteint le 2000 mots, tel que demandé par P.-O., l’ami de Jonathan. Il voulait aussi une page couverture, le P.O., comme dit Jo. Pas l’E.P.O. Anyway, la voilà. (Cheap un peu, mais on la met pareil.) |
Autoportrait intitulé « insomnie dans mon petit polo rose ». Notez l’influence bourquienne dans la composition,
qui va droit au but, et dans l’instantanéité de la spontanéité du demi-regard. Contrairement à Raph,
Jo est allé à la bonne école.