Full-suce ou hardtail? Le test qui répond à vos questions!

Full-suce ou hardtail? La grande question!

Chez les descendeurs et les amateurs de free ride, cette question ne se pose même pas. Aucun d’eux ne saurait se satisfaire de moins de deux amortisseurs sur son vélo. Si c’était possible d’en avoir trois, ils le feraient!

Chez les amateurs de cross-country, par contre, les avis sont partagés. De plus en plus, nous voyons nos idoles, les coureurs professionnels, utiliser des cadres à suspension. Est-ce une demande de leurs sponsors, qui veulent cibler ce marché? Est-ce vraiment un atout? Est-ce seulement une mode? Plusieurs se posent la question, et on se range d’un coté ou de l’autre. Anti-suce ou pro-suce.

J’ai toujours été du côté des hardtail, préférant une bécane très légère, très rigide, qui grimpe efficacement, qui utilise toute l’énergie que je lui transmets, qui ne « pompe » pas inutilement. Je n’avais jamais apprécié le feeling mou d’un double-suspension. Par contre, je n’avais jamais testé un tel cadre plusse que quelques minutes.

J’ai eu la chance d’essayer tout l’automne un beau Kona MokoMoko, qui m’a fait changer d’idée malgré moi. En effet, malgré mon scepticisme et mes préjugés, et malgré le fait que le MoKomoko qu’on m’avait prêté pesait une tonne, je n’ai pu qu’apprécier la douceur de roulement et les prouesses de ce vélo en terrain accidenté. Après quelques jours d’essai, mon Explosif a commencé à ramasser de la poussière parce que, peu importe ma destination, je choisissais toujours le MokomoKo.

Mais de là à en faire mon vélo de compétition pour la saison 2002, il y avait une marge. J’aimais bien le feeling du double-suspension, mais j’étais persuadé que j’allais moins vite. Persuadé qu’un hardtail comme le Explosif était plus rapide en conditions de compétition.

Pourquoi ne pas les comparer objectivement, me suggéra mon entraîneur. Ben oui! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt? Un test me permettra d’en avoir le coeur net! Un test qui confirmera une fois pour toutes que je suis plus rapide avec mon hardtail. Voici donc les résultats de cette expérience, présenté de manière pseudo-scientifique, à la manière d’un rapport d’expérience à l’école.

-But
Comparer objectivement les performances respectives d’un bon hardtail vs un bon double suspension, afin de déterminer quelle option est préférable pour mieux performer la saison prochaine.

-Hypothèse
Le double-suspension est plus approprié aux longues courses telles que les Raids. Il permet de pédaler en terrain accidenté et surtout ménage le corps du coureur, qui est alors en mesure de pédaler plus fort, plus longtemps.

Le hardtail est plus approprié pour les parcours plus courts, soit les cross-country de 2h30 ou moins. Moins confortable, il est plus léger et rigide, donc plus performant. Encore plus quand ça grimpe beaucoup.

Le test comparatif, effectué sur une courte distance, devrait donc favoriser le hardtail de façon assez significative. Il faudra cependant extrapoler les résultats pour tenir compte du grand écart de poids entre les deux vélos utilisés. Écart de poids qui serait réduit à 1 lb pour la bête de course éventuelle: le King Kipapu, monté « special race DGILZ ».

-Matériel
– Kona Explosif scandium 2001 monté full hot full léger, « special race DGILZ »: 21 lbs

– Kona MoKoMoKo 2002 monté LX, XT, Deore, Avid, You Name it, « special catalogue »: 25 lbs

– Moniteur cardiaque

-Montage
L’expérience s’est déroulée au Centre de ski Le Relais, sur le parcours des courses régionales, tard en automne. Parcours un peu plus difficile que par temps sec, dû à l’enneigement artificiel dans une piste de ski, quelques trous de bouette, et beaucoup de feuilles mortes.

-Protocole
Après un tour de réchauffement et de reconnaissance, on effectuera un tour chronométré avec le mOkOmOkO, en respectant une fréquence cardiaque pré-établie, soit 180 battements-minutes. La fréquence cardiaque choisie se situe autour du seuil anaérobique, afin de reproduire le plus fidèlement possible les conditions de courses, au niveau de la vitesse dans les sentiers et de la fatigue pouvant affecter le pilotage.

Une courte pause (5 minutes) suivra, où on effectuera un changement de roues, afin d’utiliser le même montage roue-pneus et de limiter cette variable.

On effectuera ensuite le même parcours avec l’Explosif, en respectant la même limite de fréquence cardiaque.

-Résultats
Premier tour chronométré avec le Mokomoko: Dans les montées, je mouline afin de ne pas compresser inutilement l’amortisseur arrière. Dans les sections de racines, je suis à l’aise et je garde les bonnes lignes. Malgré son poids important, ce vélo est maniable et répond bien. Temps total pour 1 tour :
20 min. 50 sec.

Deuxième tour chronométré avec le Explosif: J’ai l’impression de monter beaucoup plus vite. En fait, je pousse une gear de plus dans les deux principales montées. Je suis un petit peu plus sketchy dans les racines, mais n’ai pas l’impression de perdre beaucoup de temps. Je prévois un chrono beaucoup plus rapide. À ma grande surprise, l’horloge s’arrête à 21 min 40 sec. 50 secondes de plus que le MoKOmoKo!

-Marge d’erreur
Le test aurait dû être fait sur un parcours plus court. En effet, une certaine fatigue a pu s’accumuler après 40 minutes d’effort dans une période où le cobaye cycliste est au plus bas de sa forme. Le » power output » fourni pour la fréquence cardiaque donnée a pu diminuer pour le 2e tour, faussant les résultats.

-Analyse
La marge d’erreur est contrebalancée par la différence de poids des deux vélos, qui sera beaucoup moins grande avec un King Kipapu. De même, le King Kipapu possède deux » lockouts » sur les amortisseurs, le transformant en un cadre rigide sur demande pour les longues montées. Ceci dit, le test met en évidence de façon concluante l’efficacité du double-suspension. Ajoutez à cela le confort et le look du vélo, la décision d’achat est facilitée.

-Conclusion
Croyez-non ou le, pour la première fois de ma vie, je vais courir sur un double suspension en 2002.

L’explosif utilisé pour le test. Il n’était pas équipé de ce pédalier à spring, mais du Race-Face standard.

Le MoKoMoKo 2002 qui fut utilisé pour le test. Oui, c’est vraiment celui-là-même qui fut photographié pour le catalogue.