Portrait de Charles-Alexandre Dubé

C’est maintenant lui le descendeur no 1 au Québec, le favori des courses. Pierre Gendron s’est proposé pour nous faire un portrait de Charles-Alexandre, qu’il connaît bien. Merci Pierre.


  
Photos : www.canadiancyclist.com
Transcend Magazine

Charles Alexandre Dubé

Vous connaissez Hans Lambert? C’est le meilleur descendeur cadet au Québec en 2005. Et il a comme parrain (dans le programme de parrainage sportif mis sur pied par la FQSC – «Roulez gagnant») Charles-Alexandre Dubé.

Charles-Alexandre a représenté le Canada lors des derniers championnats mondiaux à Livigno en Italie. D’ailleurs voici son palmarès:

2005
1er Coupe Canada, Fernie
3e Coupe Canada, Sun Peaks
4e Coupe Canada Bromont
30e Coupe du Monde, Mt St-Anne(meilleur canadien)
49e Championnat du monde Italie (meilleur canadien)
2e Classement cumulatif de la Coupe Canada
2004
5e Championnat canadien, Mt St-Anne
10e Coupe Canada, Calgary
12e Coupe Canada, Bromont

Bon mettons de côté tous ces chiffres et parlons de l’homme et son environnement.

Ce qui frappe quand on le rencontre pour la première fois c’est son timbre de voix. Il parle comme un baryton ; et ce n’est pas récent. Je connais Charles-Alexandre depuis qu’il n’avait même pas l’âge légal de faire des courses de vélo de montagne et il avait cette grosse voix. Je me disais à l’époque qu’il faisait son petit «tuff». Mais il faut croire que c’est «dans lui». Sa voix fait partie de son identité.

Pour ce qui est du monde du vélo, il est, tout comme Obélix, tombé dedans très jeune. La famille Dubé vit pour et par le vélo. Présentement Charles-Alexandre travaille à la boutique familiale..tout comme sa sœur Marie-Michelle et son père.


Oui monsieur c’est couvert par votre garantie!

Ghislain, son père, fort bon joueur de hockey me dit-on, a quitté sa Gaspésie natale pour s’installer dans la région de Québec. Il a travaillé comme mécano chez Poliquin et ensuite il a fondé sa propre entreprise : SOS Vélo (ce nom vient du fait que le projet initial de son commerce était d’aller faire les réparations chez le client). Ghislain a fait du XC et était assez téméraire. Son ardeur le portait souvent à se retrouver dans la nature. Trait caractéristique, Ghislain pendant une course de XC avait ses ravitailleurs qui lui donnaient du breuvage et une «puff» sur une cigarette déjà allumée en prévision de son passage dans la zone de ravito!

Ghislain maintenant se contente de faire du DH et est devenu non-fumeur.


(Ghislain et son jouet favori)

Charles-Alexandre a aussi son petit frère (Marc-Étienne) qui suit les mêmes traces que lui. Mais au contraire de son grand-frère et un peu comme son père, Marc Étienne arrive d’une descente, le cheveu hirsute, le système nerveux en mode surtension et il te raconte les deux chutes «quasi-mortelles» faites pendant la descente. Ghislain et Marc-Étienne sont de talentueux descendeurs et aussi un peu les Fred Pellerin du sport.

Tandis que Charles-Alexandre, lui, après une «run» désastreuse pour lui (on s’en contenterait tous de pareilles) avait la fâcheuse habitude (il s’en est guéri depuis) de terminer sa descente par le lancer du vélo. Une porte de condo à Tremblant a failli en porter des cicatrices éternelles. Il faut dire que Charles-Alexandre ne l’a pas eu facile. Il bataillait au sein d’un groupe de descendeurs comme Kwana Sioui-Moar et Hugo Donais. Si l’un a quitté la scène sportive l’autre s’est orienté vers le BMX. Il se mesurait amicalement aussi aux piliers des «Durand Boys» (Mathieu Morin Moisan; Éric Bélanger- Jérôme Sansfaçon- Simon Robichaud). Fred Poulin a été son mentor pendant un certain temps. Un bel environnement qui pousse au dépassement!

Mais revenons un peu plus loin.

Charles-Alexandre fait du vélo de montagne (XC) depuis son 8ème anniversaire. Dès qu’il a atteint l’âge légal de courir il a gagné 4 fois le Championnat du Québec dans ses catégories. Puis à 15 ans il a revêtu l’armure du descendeurs pour ne plus la quitter.

En fait il ne la porte pas toujours.

La descente est un sport d’endurance musculaire, de force physique, d’habileté et de courage. Si son bassin génétique s’occupe des deux dernières qualités, son entraînement doit développer les deux premières. Charles-Alexandre surveille son alimentation et, en début de saison, il fait beaucoup de… vélo de route (il utilise aussi ses autres vélos XC et BMX – mais c’est plus rapide d’insérer une session de vélo dans son horaire chargé quand on n’a qu’à le sortir de chez soi et prendre la première route disponible. En fait Charles-Alexandre est toujours sur un vélo. Le vélo doit devenir, comme il le dit, une partie de lui. En descente l’intimité avec la machine est essentielle; une infidélité coûte du temps et, rendu où il est, Charles-Alexandre doit être très économe. Des gros enjeux se jouent sur des miettes de temps). Il fait de plus des séances de musculation à l’aide de poids libres. Son entraîneur, le très sympathique et affable Ian Hughes, suit régulièrement son athlète.

Un fait historique peu connu…
Charles-Alexandre , à 13 ans, a fait le Raid Pierre Harvey en tandem avec son père. C’était une première. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’était le Raid Pierre Harvey, il suffit de dire qu’il durait 3 jours et qu’il consistait à faire les 300 km de sentiers de montagne entre Chicoutimi et Québec. Je me souviens de les voir arriver après leur première journée, le père évidemment fatigué et le petit Charles-Alexandre, blanc comme un suaire et ayant de la peine à se rendre jusqu’à la grosse tente de l’armée canadienne où il s’est écrasé sur son lit de camp. J’aurais parié mon vélo que c’était la fin de leur course.
Deux jours (et 200 km) plus tard au Lac Beauport, j’ai assisté à leur passage sous le fil d’arrivée, j’avais le «moton dans la gorge» de voir tant de courage exprimé par son père et lui. Ce fut un grand moment de vélo mais surtout d’humanisme, d’amour entre un père et un fils.

En 2005, en vertu de ses performances (meilleur canadien au Mont Ste Anne) il a pu aller au Championnat du Monde à Livigno en Italie où il a été encore là le meilleur canadien. Comme il me l’a dit lui-même ce parcours était un des plus «malades» qu’il ait jamais vu: 23 «jumps» de toutes hauteurs, et une vitesse moyenne de 49 km/h Le départ ressemblait à une chute libre, des vitesses de près de 80km/h s’atteignaient en quelques secondes!

Les conseils de Charles-Alexandre pour en arriver à rouler le plus vite et le plus «smooth» possible:

  1. Être sur un vélo le plus souvent possible, peu importe le vélo
  2. À l’arrivée sur un site de course, d’abord faire le parcours à pied (de haut en bas) et visualiser la morphologie du terrain. Cela permet en premier lieu de choisir les bons pneus et de ne pas être surpris lors de la première descente par un obstacle qui peut créer un blocage psychologique ou même une chute.
  3. En cas de chute lors des descentes d’entraînement, il faut l’analyser, en trouver les causes et ensuite retourner le plus vite possible et refaire le parcours. Il est recommandé, s’il y a lieu, de ne pas faire cette opération si on porte un plâtre frais fait.
  4. Avant la course et sur la rampe de départ, il faut visualiser tout le parcours, faire le vide autour de soi.
  5. Pendant la course, Charles-Alexandre se dédouble. Il se parle constamment, se corrige , se félicite; en fait, il se «coache» tout au long du parcours.
  6. Pour Charles-Alexandre, le vélo idéal (c’est sûrement son Giant!) est assez court et doit «se pédaler» facilement. Charles-Alexandre utilise des «flats» sur des parcours où il y a beaucoup de tournants ou de boue et des «pédales à clip» si la vitesse est grande.

Charles-Alexandre fait partie de l’équipe pro Giant.. Il sera des courses du Mont Ste Anne (24 juin à 10:30), fera quelques NORBA; il ira faire la samba au Brésil et le Championnat du monde en Nouvelle-Zélande. D’ailleurs Michel Leblanc, l’entraîneur de l’équipe de vélo de montagne du Canada lui a déjà fait parvenir la vidéo de ce parcours qu’il a visité ce printemps.

Charles-Alexandre, une ville est derrière toi, il est vrai, mais il y a une famille qui te porte.