Antoine et Nicolas nous livrent la suite de leur périple au pays de Shan-Yu, incluant un passage mémorable sur comment partir un 10-roues sur la compression.
Tseterleg, Aymag d’Arkhangai, 4 septembre, 20h00
Bonjour a tous!
Ca fait plaisir de vous écrire enfin! Nous sommes rendu à Tseterleg, avec plus de 1150 km de pistes poussièreuses derrière la cravate. On est à environ 500 km d’Ulaanbaatar. Tsetserleg est une des plus belles capitales d’Aymag (province). Il y a ici une merveilleuse patisserie/café/gîte où nous nous reposerons et nous gaverons pendant 2 jours au moins. Ca va faire du bien!
Que d’aventures depuis Olgiy, la dernière ville où nous avons pu avoir accès à Internet. On est malheureusement passé à Ulaangom (Aymag de Uvs) la fin de semaine du 19 et 20 août. La seule connexion Internet de la ville n’était ouverte que du lundi au vendredi.
Nous avons donc quitté Olgiy le 13 août. Longue montée de 42 km et presque 930 m de dénivelé. Route de terre plutôt bonne et vent de dos. 6 heures de montée, un col hors catégorie dans mon livre à moi. Caractéristique particulière, le chemin emprunté n’est pas le plus passant. La majorité des autos/camions prennent un racourci qu’on s’est fait déconseiller parce que sablonneux. On roulera donc 2 jours sans croiser aucune voiture. Le 14 août, en longeant une superbe vallée digne des Andes, nous réalisons que les nomades installés sur le bord de la rivière (gol) ne voient pas souvent de gens passer par ici. On devient comme des vedettes. Chaque fois qu’on croise une « ger » (yourte), les enfants crient et nous courent après comme des groupies. Expérience plutôt comique qui se répète sur 30 km de route rocailleuse dure pour le corps.
On couche à la sortie de la vallée sans se douter que le lendemain sera pénible. La vallée de la Bohmoron Gol, prenant sa source en Russie est pas facile a traverser. Environ 30 km de large, il est très facile de se perdre dans les multiples pistes qui s’entrecroisent. Ce que nous ferons. On est à une quarantaine de km de la Russie, il n’y a pas de voitures ni d’humains, le sol n’est couvert que de milliards de roches. À force d’avancer, trop vers le nord (Russie), je convainc Nic que nous devrions couper à travers le champ de roches pour trouver la bonne piste. On vise le Nord-Est. On est en train de fourrer le chien dans le champ de roche lorsqu’on aperçoit un camion russe au loin. On réussit à l’arrêter. Les 2 zigotos sortent du camion en éteignant le moteur. Ils nous font signe qu’ils nous amenèront sur la bonne piste. On charge cyclistes, vélos et sacoches dans la boite du camion (genre 10 roues). Le chauffeur se rend alors compte qu’il n’a pas la manivelle pour repartir le moteur. Plusieurs voitures n’ont pas de démarreur par ici. Quel bordel! On est dans la vallée des roches, plate comme une planche à repasser, et on est 4 beaux nonos à pousser un 10 roues pour le partir sur la compression. On se sent vraiment « nowhere ». Après une heure de poussage, on atteint une côte et tout finit bien. La journée ne fait que commencer.
On atteint enfin la Bohmoron Gol. C’est une bonne rivière. Pas de pont. La piste débouche sur une section où il y a de l’eau à mi-cuisse et un fort courant. Je suis craintif. On cherche pendant une bonne heure un passage plus facile. Sans succès. Deuxième bagnole, remplie de Russes (il nous disent des « da » et des « niet » au lieu de ‘tim » et « uguui »). Ils nous font signe que le 1er passage est le bon. On fait 3 voyages sans rien perdre ni perdre pieds. C’est limite. Deuxièmes sections de rivieres plus faciles. De l’autre côté, on est brûlés, physiquement et mentalement. Le vent persiste et nous agresse sans cesse. Au moins, on l’a dans le dos.
Là on est encore fourrés. Plusieurs choix de pistes et la carte nous dicte le sud. J’insiste pour aller vers le sud. Nic m’accorde 3 km. Entretemps, il inscrit les coordonnées de notre prochain col sur son GPS. Ce sera salutaire. Après 2 km vers le sud, on vire de bord et tombe sur une piste qui se dirige vers le point. Ce sera la bonne piste.
Encore une quinzaine de km de merde dans la roche. Les vélos rebondissent d’une roche à l’autre. Les supports à sacoches se lamentent. Je me rends compte que mon support avant a glissé sur son crochet à force de vibrations. Je change la facon de le fixer à mon cadre (excellente reparation de fortune qui tient toujours!).
On traverse une deuxième rivière, la Altan Gadas gol, cette fois-ci avec les vélos chargés, l’eau jusqu’aux essieux. Ce sera la fin du 14 août, excellent exemple de journée dificile. Comble de malheur, les mouches nous envahissent pour souper.
La suite plus tard…
Antoine et Nicolas