Pierre nous a beaucoup manqué cet été, car il a été parti longtemps. Il s’est payé un long voyage en moto à travers les USA. Musique: « BORN TO WIIIIII-I-I-I-IIIILD », scusez. Toujours est-il que Pierre n’a pu s’empêcher d’aller tester la mythique Slickrock, en passant par Moab, et on le comprend. Il nous raconte…
Une fois, après avoir changé de direction en moto, je me suis retrouvé 2 heures plus tard à Moab.
Nous étions 2 couples à faire les 4 coins des USA en moto et notre objectif de ce jour là, était de rouler vers le Grand Canyon (entre autres lieux). Le Parc des Arches et Moab n’étaient pas au menu original, des amis nous ayant suggéré une route plus au sud qui devait nous faire saliver les yeux tant c’était beau.
Mais ce que nous n’avions pas pris en considération c’était que ces amis/conseillers en voyage et paysages étaient arrivés dans cette région en avion et n’avaient donc pas fait ni vu tout ce que nous voyions (remarquez ici l’usage approprié de l’imparfait) depuis un mois. En clair la route suggérée nous semblait ordinaire.
On se blase de la Route 66 et des canyons !!!
Ainsi, lors d’une pause, nous avons regardé la carte et avons réalisé que Moab, La Mecque du vélo de montagne, la destination rêvée des jambes poilues et/ou pas poilues, le sujet de vantardise/fierté de tout montagnier quand il retourne auprès des siens, le trend setting capital of the MTB world, la ville où on vend le rosé et le blanc «tablette» au State Liquor Store, la ville où le mot «awesome» semble être le seul qualificatif utilisable dans une phrase, la ville où nous avons rencontré des locateurs de vélo très gentils (ils inauguraient leur nouveau commerce dans une ancienne station d’essence—une victoire du vélo sur les autos—quel symbole!!!) qui sont même venus nous livrer-nous et les deux vélos– au stationnement du départ de Slickrock. Au début quand ils nous l’ont offert, par orgueil on a refusé puis on a accepté (décision qui plus tard s’est avérée sage!).
Retour à notre trame historique
Arrivés à Moab, nous avons pris un camping KOA où les tumble weeds roulaient (il ventait pas mal fort) comme dans un western de série B et où sautillaient librement de gentils petits lapins (dont un à 3 pattes) qui entretenaient le Walt Disney en nous. En «background» les montagnes La Sal se doraient les falaises au soleil couchant en se gardant juste un petit peu de blanc sur la tête.
Le lendemain, recherche de locateurs de vélos pour nous 4; pour les filles des vélos de route et les gars des montures de montagne. C’est normal, les filles avaient les jambes rasées.
Une fois les vélos loués (j’avais un Diamondback Mission noir chaussé de pneus 2.3 et un beau casque Bell assorti), mon compagnon Georges et moi sommes montés dans le 15 passagers pour le petit voyage vers Slickrock. Je n’osais pas le dire, mais ça sentait la poche de hockey oubliée dans la van; probablement que des douzaines et douzaines de cyclistes exultant de plaisir après tant de joies sur les pistes avaient laissé les sièges retirer lentement des maillots ce que ces mêmes maillots avaient absorbé tout au long des «railles». C’était sûrement ça et c’était aussi le vieux chien assis derrière, sur la dernière banquette; ce chien devait avoir plus que mon âge (en âge de chien) et un pedigree qui illustrait très bien la politique des accommodements raisonnables en génétique. Quand il a vu que je l’avais vu, il n’a levé que la paupière gauche et n’a même pas agité sa queue…preuve qu’il était très vieux.
Arrivés au stationnement près de la trailhead de Slickrock, notre locateur nous a donné les conseils d’usage, nous a recommandé de boire et de ne pas prendre de risques. Il nous a recommandé de faire d’abord la «practice loop» et de vérifier après si nous étions capables de faire la grande boucle. Il semblait craintif pour nous, à la limite il avait une attitude géronto* à mon égard-mon compagnon ayant l’air beaucoup plus jeune. Il faut dire que nous ne donnions pas l’image de gens compétents en vélo de montagne. Comme notre grand voyage se faisait en moto, l’espace pour ranger des vêtements appropriés au vélo n’existait pas. Ainsi nos espadrilles, casque loué, t-shirt, gants de moto, shorts de jogging et bouteille achetée (celle qui fait du bruit quand on l’écrase) de Gatorade dans un porte bidon trop grand faisaient craindre le pire à notre locateur bien intentionné.
Inutile de dire que notre tenue clashait avec la faune déjà sur place. Je me sentais comme un nouveau à une course du circuit régional.
Notre expérience en vrac:
- les toilettes sur le parking ne sentent vraiment pas bon;
- tout autour du stationnement il y a des petites agglomérations de roulottes/campeurs (ils ont même leur génératrice ) où quelques enfants courent ça et là;
- Slickrock accepte aussi les motos et les 4 X 4. (j’ai vu un gros Hummer décapotable plein d’humains ayant des formes ressemblant à des barils de Budweiser, circuler lentement entre les roches au son rassurant d’un puissant moteur et d’un chorus de «awesome-holy shit-dude»). Ah le sport exxxxxxtreme !!!
Nous avons attaqué la piste …sans faire la «practice loop».
Faut dire que notre voyage à moto (nous en étions à notre 4ième semaine) nous avait sevré pas mal et la perspective de reprendre une piste à vélo c’était déjà titillant, mais faire ça sur la Slickrock, c’était hautement trippatif.
2 :30 heures de pure joie. Je répète probablement ce que vous savez déjà :
- rouler sur cette piste c’est comme rouler sur du papier sablé, les pneus ne glissent jamais, peu importe l’angle des pentes; ça change de nos terrains de jeu mouillés d’ici;
- les paysages sont toujours en vue, car il n’y a jamais d’arbres pour nous les cacher, et le coup d’œil lunaire vaut la peine de s’arrêter pour le regarder;
- la gamme des odeurs que nos pistes d’ici nous font vivre n’existe pas là;
- les pistes sont balisées par des taches de peinture blanche; mais même si on se trompe, ce n’est pas grave, il y a toujours des cyclistes qu’on peut voir et rejoindre…à moins qu’ils ne soient perdus eux aussi;
- le degré de difficulté, donc le plaisir, vient moins du pilotage sur un terrain glissant plein de surprises au détour d’une courbe dans le sentier comme ici, ce plaisir vient des petites difficultés dans les descentes et dans les angles des montées; il vient aussi de pouvoir rouler en devers sur une pente sans jamais décrocher, de monter en danseuse quasiment assis sur la potence sans jamais une hésitation du pneu arrière; je m’amusais dans des descentes fort pentues à arrêter le vélo, le garder en équilibre et puis lâcher les freins; dans les courbes, l’adhérence des pneus nous fait oublier le besoin de «berms»;
- quand on revient (et c’est en descendant tout le temps jusqu’à la ville), pas de boue, on n’a qu’à épousseter le vélo.
En guise de conclusion:
- Pour plus de photos: http://www.utahmountainbiking.com/trails/slickrck.htm
- je ne comprends pas pourquoi cette abrasive piste se nomme Slickrock, (slick signifiant glissant);
- ce nom lui vient peut-être du type de pneu recommandé pour la fréquenter; est-ce la même chose pour Porcupine Rim? Des Onza Porcupine pour y aller?
- Slickrock ou Kingdom Trails? C’est comme se faire demander si on préfère notre garçon ou notre fille