Le Beu et la chaudière

Vous vous souvenez de cette discussion sur le dopage sur ce site il y a quelques semaines?

Contador qui teste positif au tour de France pour du clenbuterol et des traces de plastique pouvant provenir de sacs à transfusion. Contador blanchi parce qu’il dit que le clenbuterol vient de la viande de bœuf qu’il a mangé au tour de France. Les morceaux de plastique dans ses urines n’ont pas trouvé d’explication. En groupe, nous avons trouvé l’explication : c’était du plastique de gant à toucher rectal pour vétérinaires endurcis. Au passage, on a remarqué une autre opération vétérinaire fascinante. Suite à quoi Lt Blueberry m’a mis au défi d’écrire un article incisif la dessus. Le défi a été relevé et vous pourrez le lire dans le Vélo Mag de mai. Comme ça parle de bœuf, j’ai improvisé dans le style «Fables de La Fontaine» avec plein d’humour au premier, au deuxième et jusqu’au dixième degré à peu près.

En attendant, voici un rejet de cette folie créatrice, pour vous ouvrir l’appétit.

Il était une fois un beu
Qui de substances illicites abusa un peu
Il pigea si bien dans la chaudière
Qu’il en subit des effets secondaires

Du côté gauche son testicule
Enfla jusqu’à prendre des proportions ridicules
On appela le vétérinaire
Qui lui pratiqua l’anesthésie testiculaire

Rien n’y fit et l’organe garda sa dimension spectaculaire.
Le vétérinaire au désespoir
Dû sortir son bistouri
Pour à la gosse faire hara-kiri

De ce poids excédentaire soulagé
Notre beu au passé chargé
Se sentit si léger
Que sept fois il gagna le Tour du Pré.

Excusez-là.

Si vous voulez rire pour vrai, voici un répertoire d’excuses savoureuses piqué sur le site cyclisme-dopage.com :

Le bidon pas propre

« Un bidon mal nettoyé pourrait être à l’origine des traces de carphédon dans son organisme. »
Express.ch – 18/07/2005

Excuses avancées par Danilo Hondo pour expliquer la présence de carphédon (stimulant) dans ses urines. C’est bien connu, les cyclistes, soucieux d’économie, réutilisent des bidons récupérés auprès de leur soigneur ou de leur voisin. Hélas, ces cochons ne les lavent pas toujours correctement…

Le bidon piégé

« Lors de l’échappée qui me permit de l’emporter à Limoges, je n’avais plus rien à boire. L’Espagnol Linarès me donna son bidon, peut-être que celui-ci contenait un dopant. »
L’Equipe 26/07/1967

Andreas Trocke était un petit rusé car Linarès fut effectivement contrôlé positif à cette occasion…

Suite à son contrôle positif à l’issue du Tour des Flandres 1971, Roger Pingeon déclare : « J’ai porté (…) plainte contre X…, visant cette personne qui m’a passé le bidon incriminé. L’affaire suit son cours devant la justice belge. »
L’Equipe 29/12/1971

Roger Pingeon fait plus fort que Andreas Trocke. On ne sait pas ce qu’il advient de la plainte, mais on doute que le spectateur fut retrouvé!

« Après l’accident dans la descente d’Allos, qui m’a privé du soutien de mon directeur sportif, j’ai du saisir au passage, à quelque inconnu, une boisson avec un produit prohibé. De bonne foi, je l’ai bue. »
L’Equipe 28/07/1975

Felice Gimondi expliquait ainsi en 1975 son contrôle positif dans le Tour de France. Il n’était pas le premier…

« Si l’on traduit bien la pensée de Guimard et de Mégret, il aurait fallu que Fignon mette les lèves à un bidon « chargé » dans tous les tous derniers kilomètres du Grand Prix de Wallonie ou après l’arrivée, bidon qui lui aurait été présenté par une tierce personne… Ce n’est pas moins tiré par les cheveux (…). »
Juin 1987, rappelé dans Jean-Marie Leblanc – Gardien Tour de France, page 131

Et des cheveux, Fignon, qui venait de se faire pincé positif aux amphétamine, n’en avait déjà plus beaucoup!

« Si je suis effectivement reconnu positif (…) je me demanderai si ce n’est pas un de ces bidons tendus par les spectateurs dans un des cols qui contenait quelque chose. »
Libération 20/07/1988, cité dans le Dictionnaire du dopage, Jean-Pierre de Mondenard, page 953.

Pedro Delgado, contrôlé positif au Probénécide, oublie qu’il a été contrôlé à l’issue d’une étape contre-la-montre de moins de 40 kilomètres (Tour de France 1988) et que le Probénécide n’est détectable dans les urines que quelques heures après son absorption. Pas sûr qu’il ait pris le temps de d’attraper un bidon tendu par un spectateur.

« Je n’écarte pas la possibilité d’avoir pris un bidon à un spectateur lors d’une quelconque course (…). »
Le procès du Tour, Fabrice Lhomme, 2000, p. 284.

Excuse de d’Emmanuel Magnien lors de l’instruction de l’affaire Festina, à propos de l’EPO et des amphétamines retrouvées dans son sang.

Le soigneur distrait

« C’est [mon soigneur] qui m’a injecté ce produit, moi je lui avais juste demandé de la vitamine B-12. »
Express.ch – 18/07/2005

Roger Bastide, dans son livre Doping, les surhommes du vélo, rapporte comment Michel Jacquemin utilisa cette excuse pour se disculper d’un contrôle positif aux amphétamines lors du Tour de France 1967.

Le coureur distrait

Adri Van Der Poel bondissant
(Tour de France 1989 – Dinard-Rennes)
© www.cyclisme-dopage.com

« C’est pour une dose massive d’éphédrine qu’on m’a pris. Or, je ne suis pas fou : je n’ai pas pris d’éphédrine, on me l’a fait absorber à mon insu, c’est sûr. »
Adrie Van Der Poel – L’Equipe – 02/07/1984, cité dans le Dictionnaire du dopage, Jean-Pierre de Mondenard, page 1038

Adrie Van Der Poel, trop en avance sur son temps, n’a pas pu avoir sa marionnette dans les Guignols de l’Info.

« J’ai été dopé à l’insu de mon plein gré. »
Richard Virenque – Affaire Festina

Une expression si formidable qu’elle est passée dans le langage populaire…

« Maintenant, il y a aussi une possibilité, et c’est un argument qui a été utilisé par d’autres. A l’heure actuelle, je ne sais pas si pour une raison ou une autre, de quelque manière, j’ai ingéré quelque chose qui est à l’origine de ces résultats. »
Floyd Landis – nouvelobs.com – 09/08/2006

Richard Virenque aura donc fait des émules jusqu’aux Etas-Unis…

Le fumeur passif

En 2004, Jonathan Moore, un athlète de triple-saut, expliqua avoir ainsi inhalé du cannabis. Il s’en tira avec un avertissement…
La Guardian – 16/05/2005

La théorie du complot

« Il y a comme un projet caché là-dessous. Je ne sais pas ce que c’est. »
Yahoo / AP – 07/08/2006

Hypothèse avancée par Floyd Landis pour expliquer son contrôle positif à la testostérone lors du Tour de France 2006. Enfin… Une des hypothèses car il y en eut d’autres, comme celle de la soirée trop arrosée!

« Je ne réussis pas moi-même à expliquer ces deux contrôles positifs au Giro. Je n’écarte pas l’hypothèse d’un complot, mais avant de l’affirmer, je dois d’abord avoir des certitudes. »
lequipe.fr – 26/08/2009

La théorie du complot remise au goût du jour par Danilo Di Luca, contrôlé positif (à deux reprises) au Tour d’Italie 2009.

Même pas besoin

Pourquoi un coureur se doperait-il alors que ça ne lui est d’aucune utilité ? Voilà qui semble en effet frappé au coin du bon sens.

En 2004, Dave Bruylandts, contrôlé positif à l’EPO se défend en expliquant qu’il n’a pas besoin d’EPO puisqu’il à un caisson hyperbare à la maison ! Ben voyons…
L’Equipe – 11/08/2004

Soirée trop arrosée

Dans le Tour de France 2006, Floyd Landis évoque une soirée trop arrosée la veille de son contrôle positif : « La veille de la 17e étape du Tour de France, M. Landis a déclaré avoir passé la soirée avec des amis et des membres de son équipe, à préparer l’étape ardue en montagne en buvant deux bières et au moins quatre verres de whisky. (…) Selon plusieurs études, la consommation d’alcool peut accroître le ratio de testostérone et d’épitestostérone ».
Yahoo / AFP – 28/07/2006

Il est bien connu que les coureurs du Tour de France font la fiesta tous les soirs!

C’était pour ma belle-mère

A propos des produits retrouvés dans le véhicule d’Edita Rumsas, Raimondas Rumsas déclare : « Elle les portait de Lituanie à ma belle-mère, Yakstenia. »
L’Equipe – 12/09/2002

L’histoire ne dit pas si la pauvre belle-maman, privée de ses médicaments, a retrouvé la santé.

C’était pour mon chien

En 2002, Franck Vandenbroucke expliqua ainsi la découverte de Clenbutérol dans ses affaires.
velo101.com – 01/03/2002

Des chiens qui font de l’asthme, évidemment, ça court les rues!

L’amour

En 1999, Christian Henn explique un contrôle positif à la testostérone par la prise d’un produit destiné à accroître sa fécondité dans le but de faire un enfant.
Libération – 14/08/1999

Il sera finalement suspendu six mois et, en 2007, il avoue avoir eu recours au dopage pendant sa carrière. L’histoire ne dit pas s’il a désormais droit aux allocations familiales.

En 2007, le footballeur Marco Borriello expliqua un contrôle positif aux corticoïdes par un rapport sexuel avec sa compagne ! Celle-ci aurait été victime d’une infection vaginale, et aurait utilisé une crème à usage intime pour se soigner. Celle-ci aurait contenu de la cortisone et Marco Borriello aurait assimilé une partie de ce médicament lors d’un rapport sexuel!
football.fr – 12/01/2007

Plus que jamais, sortez couverts!

La chute malencontreuse

En 1976, Rachel Dard déclare après Etoile des Espoirs à Bordeaux, déclare : « Quand un coureur était (…) désigné par le tirage au sort (…), le directeur sportif montait au peloton pour nous en informer. Je me demande encore pourquoi M. De Muer ne m’a rien dit, à l’inverse de ses habitudes ? Sachant ce qui m’attendait, j’aurais pu simuler une chute après l’arrivée. On m’aurait transporté à l’hôpital et j’aurais coupé au contrôle. Il y a pas mal de coureurs qui sont tombés après la ligne cette année… «
L’Equipe, 22/11/1976

La lecture des archives de l’Equipe de 1976 montre que l’excuse fut utilisée à plusieurs reprises…

Le gateau au pavot

En 1992, Alexi Grewal est contrôlé positif lors de la West Virginian Moutain Classic. Il explique s’être gavé la veille de gâteaux à la graine de pavot, des « poppy seeds muffins ».
Dictionnaire du dopage, Jean-Pierre de Mondenard, page 835

L’excuse ne fera pas rire la fédération américaine qui lui infligera une suspension de 3 mois fermes et une amende 500 dollars.

L’hôtelier malicieux

En 1993, Marion Clignet est contrôlée positive à la caféine. Mais ce n’est pas de sa faute : « J’ai tout d’abord pensé à une mauvaise plaisanterie (…). En Espagne, un matin, nous avons été cinq ou six personnes de l’équipe [de France] à boire du café dans un thermos qui avait été préparé par les gens de l’hôtel. Le café était très fort et nous avons tous été malades. J’ai une santé fragile, je suis sujette à des crises d’épilepsie, aussi je ne me permettrais jamais d’absorber de la caféine. »
L’Equipe – 10/08/1993

L’histoire ne dit pas si les « gens de l’hôtel » se sont livrés à d’autres facéties : draps en portefeuille, seau d’eau sur les portes, inversion des numéros de chambres, etc.

Le feu d’artifices d’excuses

Si une excuse ne semble pas assez convaincante, rien n’empêche d’en essayer plusieurs. En 2006, Floyd Landis, accusé de s’être dopé lors du Tour de France qu’il remporte, lance un véritable feu d’artifice à destination de ses supporters inconditionnels :

  • La déshydratation (son propre entraîneur, Allen Lim, comptabilisera pourtant que Landis prit 70 bidons de 480 ml au cours de l’étape à l’issue de laquelle il fut contrôlé positif)
  • La prise de cortisone pour soigner une douleur à la hanche
  • Le traitement pour la thyroïde
  • Le taux de testostérone naturellement élevé
  • Le dopage à l’insu de son plein gré