Mon petit Zac n’aime pas qu’on y touche. Mes chiens Victor, Émile et Maurice n’aimaient pas non plus qu’on s’en approche. C’est viscéral chez le mâle, il n’aime pas se faire manipuler les parties intimes. Enfin, pas par n’importe qui…Arrive quand même un jour où le mâle doit se résigner à laisser des mains poilues et gantées lui jouer dans le zoui-zoui avec pinces, ses ciseaux et ses couteaux à blaster, afin de le rendre infertile. L’opération s’appelle vasectomie(champagne) et c’est la hantise des mâles pour les raisons splanchniques que je viens de vous décrire.
Pourtant, c’est pas ben ben compliqué. On rase ses gosses la veille (pauvres Zac et Léa, j’avais mal compris le sens de « gosses »), on se présente à la clinique, et quand vient notre tour, ça dure 8 minutes. Le doc pratique une petite incision, va chercher le canal différent, le coupe, brûle les deux bouts, remet ça dans le sac et te renvoie chez toi appliquer un peu de glace. (Le canal différent est appelé comme ça car il différentie l’homme de la femme. On l’appelle aussi Canal Famille)
Comme chez le dentiste, le doc nous gèle avec une grosse seringue et on ne sent tout à fait presque rien. Comme chez le dentiste, une jolie hôtesse nous fait la conversation pour nous changer les idées et nous distraire de ce qui se passe plus bas. Chez le dentiste, on répond à toutes les questions par « HMMBLMMH ARRRHHHGHMMMBLB RHHHR » Chez le vasectomieur, on peut véritablement converser, c’est vraiment cool. « Oh! Comme vous avez une jolie montre Oakley! » « C’est pour mieux compter les huit minutes, mon enfant! » « Ah! Comme vous avez de jolis souliers Oakley itou! » « C’est pour mieux sacrer mon camp d’ici à course, mon enfant! » «Eh! mais vous z’avez z’aussi des bobettes Oakley! C’est joli ce motif avec des petits crânes.» «C’est pour pas que ça paraisse si je fais dans mes culottes en salle d’attente »
Comme chez le dentiste, ça fait mal juste quand ça dégèle, comme si le dentiste t’avait cohissé un bon coup de pied drette dedans.
Pour ma vasectomie(champagne), j’ai choisi rien de moins qu’une sommité mondiale en la matière, le Dr Michel Labrecque, Monsieur Vasectomie-sans-bistouri. J’ai découvert qu’il était aussi un cycliste de montagne averti, amateur de Raids, papa de Marie-Hélène Côté, beau-papa de Mathieu Boucher. J’étais donc en totale confiance en présentant au CHUL lundi dernier. Juste déçu de manquer la Coupe Canada de Bromont pour cause de convalescence forcée.
Par le plus grand des hasards, je n’étais pas le seul cycliste en présence. Je laisse à mon nouvel ami Alain Néron le soin de vous décrire la scène, dans le texte qui suit.
Le jour le plus long (aucun copyright et rien à voir avec le film!)
Figurez-vous que j’ai eu l’honneur de me faire « vermifuger » en même temps que Gilles Morneau. N’allez pas croire que j’avais prémédité mon coup (enfin oui c’était prémédité pour l’opération, mais j’avais pas demandé à me faire opérer en même temps que l’élite).
Devant l’inévitable, je devais agir, compte tenu de ma très satisfaisante double paternité et considérant que ma vie est fort bien occupée avec nos deux rejetons, entre leurs activités et les nôtres. En plus, je me dis que si un jour je décidais d’agrandir la famille, la technique de clônage Raëlien en serait probablement arrivée à engendrer à partir d’un cheveu (et Dieu sait que j’en ai) ou d’un ongle d’orteil. Alors pas d’inquiétude à ce niveau!
Alors donc, à la veille des festivités, je suis passé à la Pharmacie acheter mon kit anti-pubien et j’ai opté pour la marque NAIR (vous vous souvenez probablement de la chanson « j’aime NAIR parfumé », je peux vous dire que leur jingle a fonctionné pour le nouveau client). Il existe même un kit « maillot de bain » qui semble-t-il fait une job plus douce. Moi en brute des montagnes, j’ai opté pour le kit standard en gelée afin d’être certain de nettoyer toute la région boisée! Laissez-moi vous dire que ça sent vraiment mauvais ce traitement (même si vous achetez la version parfumée). J’ai donc étendu la gelée et attendu 5 minutes, tel que prescrit. Ils écrivent de pré-tester dans une régions moins « marécageuse » et surtout moins sensible 24 heures à l’avance mais il était déjà trop tard pour moi. Après les 5 minutes réglementaires, aucun poil ne tombait comme prévu (en fait ils semblaient fondre à en « smeller » l’odeur désagrable). 10 minutes et rien encore…. Comme sur la boîte il est indiqué de ne pas dépasser 15 minutes, j’ai passé la douchette et constaté que le rasoir avait également une raison existencielle pour les femmes. J’ai donc déboisé en pratiquant la fameuse « coupe à blanc » complète! Quelques petits échauffement s’en sont suivis mais ils furent néanmoins très négligeables.
Pour terminer la soirée en beauté, j’ai usé de stratégie auprès de ma douce en lui expliquant qu’il s’agissait là de ma dernière soirée d’homme « fertile » et j’ai pu profitter du plus bel avantage social relié au syndicat du mariage. Et +1 pour la moyenne hebdo!
Le lendemain, en arrivant à la clinique de planif des naissances du CHUL en ce lundi matin maussade de mai, je n’avais aucune idée que cette journée allait devenir un événement mémorable en terme de cyclisme. Aucune mais alors là absolument aucune nervosité ne m’avait envahie. J’étais résigné à mon sort en me disant que le doc qui devait procéder à l’intervention n’en était pas à ses premiers balbituements avec le « scalpel » (NON je ne parle pas du Cannondale de Corinne…). En effet, tout le monde parle de cette opération positivement (principalement les filles) et personne à ma connaissance n’a eu de complication après cette délicate (le mot est faible) intervention chirurgicale.
Je m’asseois donc sobrement en face des 6 ou 7 autres types et quelques dames, telle une bête à l’abattoir. Après m’être tapé le LUNDI du mois de juin 2001 et le magazine FEMME du mois d’avril 2002 (toujours pareils dans les salles d’attente à l’hosto), j’aperçois un copain de vélo à moi nommé Éric « X » (je tairai ici son nom de famille dans le but de ne pas nuire à sa carrière ou pour me prémunir contre toute attaque en justice de sa part). Je le salue fièrement pour l’occasion (non mais ch’suis un vrai guerrier qui vient se faire désarmer après tout) et quand il me demande à voix haute qu’est-ce que je faisais ici, tout le monde nous « check » avec un sourire en coin: Comme si j’allais là pour me faire donner un traitement de physio…! « Couic couic » lui fis-je signe. « Ah ben moi aussi » et il vient s’asseoir avec moi discuter la prochaine saison de vélo. On en vient à discuter de bécane proprement dit et des EggBeaters, qu’il adore. Je lui fais part de mon intérêt pour ce type de pédale en lui disant que mes Times font quand même une super job et que je comprends pas pourquoi les gens de montagne continuent de rouler avec d’autres marques. À ce moment, le mec en avant de nous qui était affairé à écrire sur son Powerbook Apple, ne dit pas mot mais je comprends qu’il doit probablement y connaître quelque chose en matière de vélo de montagne. Son faciès me dit quelques chose, je l’ai probablement déjà rencontré dans un sentier. Ça serait-t-y pas qu’on est tous des fanas du vélos aujourd’hui? Peut-être qu’ils font des journées vasectomie vélos et d’autres karaté, hockey, etc. pour mettre à l’aise les gens?
Sur les entrefaites, l’infirmière arrive et demande un monsieur Morneau et sur ce, le type du Powerbook se lève et là je me souviens où je l’avais vu. « Tu devais bien avoir du plaisir à nous écouter déblatérer? » lui dis-je. Sur ce, il répond: J’ai justement écrit un article sur le sujet des EggBeaters Et je lui mentionne que je ne manquerai pas d’aller le consulter. Puis…il disparaît…vers le bloc opératoire!! J’étais le next one.
En fait le bloc opératoire n’est autre qu’une petite salle de consultation où prennent place l’infirmière, le médecin et son assistant ou stagiaire ou collègue ou whatever quel nom on peut lui donner. Dans mon cas, c’était un médecin américain qui était venu pour apprendre ce joyeux hobby qu’est la vasectomie. Comme le doc est une éminence reconnue en la matière, il fait profiter la communauté internationale de son savoir-faire.
C’est ainsi que j’ai pu bénéficier de la collaboration des États-Unis pour me rendre « hors d’état de nuire ». Le BRAS CANADIEN fut quant à lui encore fort utile avec ses doigts de fée et pour une fois, c’est le Canada qui était en avant-plan dans toute cette opération. En passant, la vasectomie n’est pas très populaire aux ÉU et encore moins en Europe. Et dans le dictionnaire Larousse édition 2001, on mentionne même que la vasectomie est illégale dans certains pays. J’espère seulement ne pas m’être fait couper des portes d’entrée étant donné ma nouvelle citoyenneté (marié infertile)…
Moi qui ai toujours rêvé de rouler sur les mêmes bécanes que l’élite, je n’aurais jamais songé enfourcher le même lit d’hopital (!) que l’un d’eux. Comme il se doit, il a naturellement fini sa course avant moi! Mais j’étais pas loin derrière. Enfin bof.. faut bien voir les côté positif de ce Mini Raid de 24 heures…
Maintenant, tout baigne pour moi, opération réussie! En tout cas jusqu’au prochain contrôle « anti doping » dans 3 mois (car inévitablement ma blonde refusera probablement la prescription que je vais lui servir ce soir à son retour du bureau). 30 doses (préférablement dans le plus court laps de temps) ou 3 mois de laps d’attente.. Vivement la première option!
Bon, je vous laisse car la marmaille est de retour de l’école…. et déjà ma plus jeune me demande qu’est-ce que je fous avec un sac de pois entre les 2 jambes et pourquoi je marche comme un cow-boy?
Al les burnes chauves
Merci à Alain pour ce récit touchant. S’il vous reste du temps, je vous invite à visionner ce vidéoclip sur la vasectomie (champagne). Il a été réalisé par Chris Mullington, de TV Factory à Ottawa, un gars ben sympathique et un bon cycliste lui itou (roadie).
Je termine en vous disant que j’ai un collègue chez nurun qui s’appelle Tommy Champagne et à chaque fois que je vois le mot vasectomie, c’est plus fort que moi, je pense à lui. J’imagine le doc qui vient de l’opérer et qui lui dit : « Vas sec, Tommy… »